La pollution de l’air a des impacts durables et néfastes sur la santé des enfants. Pour que chaque enfant respire un air pur, UNICEF France formule des recommandations simples et concrètes que les pouvoirs publics ont le pouvoir de mettre en place.
Tous les jours, des millions d’enfants à travers la France sont exposés à un air toxique et pas seulement lors des pics de pollution. L’Organisation mondiale de la santé estime que dans l’Hexagone, trois enfants sur quatre respirent un air dont la concentration en particules nocives dépasse les recommandations. Or, les enfants ont un organisme plus vulnérable que les adultes et leur exposition excessive à la pollution favorise l’asthme et les allergies. Dès le stade fœtal, on observe des conséquences de la pollution sur le développement de l’enfant.
Parce que la situation a atteint un seuil critique et parce que chaque enfant doit pouvoir respirer un air sain, UNICEF France et ses partenaires invitent le gouvernement à agir en inscrivant les douze mesures ci-dessous dans la loi d’orientation des mobilités (LOM). Ce texte vise notamment à « réussir la transition écologique » des modes de transport et nous pensons que la santé des enfants doit être prise en compte dans cette perspective.
Dans un rapport paru le jeudi 4 avril, UNICEF France a émis les douze recommandations suivantes au gouvernement :
1. Généraliser les zones à faibles émissions polluantes
Les zones à faibles émissions polluantes sont des espaces urbains délimités où ne peuvent circuler que les véhicules les moins polluants. Ce dispositif existe dans de nombreuses villes européennes depuis une dizaine d’années, mais il est encore très peu utilisé en France alors que la moitié de la population pourrait être mieux protégée contre la pollution grâce à cela.
Les maires peuvent créer de telles zones, mais via la loi d’orientation des mobilités, le gouvernement peut imposer aux maires des grandes villes d’implanter ces zones aux abords des écoles, des crèches, des collèges ou des hôpitaux.
2. Réaliser d’importants investissements publics
Le gouvernement doit développer les transports en commun et des aménagements cyclables sécurisés pour accélérer le recours à des modes moins polluants.
3. Réserver des voies aux mobilités plus propres
En aménageant des voies réservées aux transports durables sur les périphériques et les autoroutes, le gouvernement renforcera l’usage du covoiturage, des véhicules à faibles émissions et des transports collectifs.
4. Enseigner le vélo à l’école primaire
Si l’Education nationale introduit l’apprentissage du vélo à l’école primaire, les nouvelles générations seront plus à même de circuler de façon sereine, apaisée et sécurisée en ville . En vélo, on est moins exposé à la pollution de l’air qu’en voiture et ce moyen de transport constitue un levier d’émancipation et une activité sportive profitable pour les enfants.
5. Rendre accessible à tou.te.s le forfait mobilité durable
Aujourd’hui, seul le remboursement des trajets domicile-travail effectués en voiture et en transports en commun est obligatoire pour l’employeur. Avec le « forfait mobilité durable », les trajets effectués à vélo et en covoiturage aussi seront partiellement remboursés.
6. Accorder des primes à la mobilité durable
La prime à la conversion automobile devrait être complétée par une prime à la mobilité durable qui permettrait aux personnes de choisir des modes de déplacement plus durables comme l’autopartage, le recours au vélo ou les transports en commun.
7. Rendre les transports plus accessibles aux personnes défavorisées
Pour assurer l’accessibilité des transports en commun aux ménages défavorisés, une « tarification solidaire » en fonction des revenus pourrait être adoptée. À Strasbourg, cela a permis d’augmenter de 20% le nombre d’abonnés au réseau de transports publics, ce qui a permis de compenser le coût financier de cette mesure.
8. Mettre un terme à la commercialisation de voitures diesel ou essence
Il est nécessaire de mettre fin à la commercialisation des voitures neuves consommant du diesel et de l’essence d’ici 2030. Cela permettra d’atteindre l’objectif de limiter la hausse des températures à 1,5°C, comme le veut l’accord de Paris.
9. Evaluer la qualité de l’air avant toute construction de grand projet routier
Les futurs grands projets routiers devront au préalable évaluer l’impact de la construction et du trafic routier sur la pollution de l’air, notamment les conséquences qui en résulteront pour les enfants vivant à proximité de ces axes.
10. Renforcer les connaissances concernant l’exposition des enfants à la pollution de l’air et les conséquences sanitaires.
Croiser les cartes recensant les lieux d’accueil d’enfants et les cartes recensant les niveaux de pollution permettrait de connaître plus finement l’exposition d’enfants. Cela permettra à terme de prendre des mesures appropriées pour limiter l’exposition des enfants à la pollution.
11. Recenser les bonnes pratiques
Un travail de recensement des bonnes pratiques mises en place par les collectivités et/ou les établissements scolaires pour réduire l’exposition des élèves à la pollution de l’air profitera à toutes et tous. Ces bonnes pratiques pourraient ainsi être déclinées, en particulier dans les établissements situés dans les zones les plus exposées.
12. Informer les parents et les enfants sur la pollution de l’air
Des actions de sensibilisation devront être menées dans les écoles pour que les enfants connaissent les enjeux de la pollution de l’air et soient au courant des mesures collectives et individuelles à mettre en œuvre pour réduire les émissions et l’exposition.