Billet de réflexion de Emmanuel Auboyneau, gérant associé chez Amplegest :
La semaine dernière, deux rendez-vous de fin d’année avec des clients m’ont conduit à réfléchir sur ce concept de peur qui pénalise souvent la gestion. A ce titre, 2019 restera une année paradoxale : nous avons écrit tous les mois au travers de notre point macroéconomique que les perspectives de l’économie et des marchés étaient favorables après la douloureuse année 2018. Pourtant, ces deux clients qui avaient vendu une grande partie de leurs positions fin 2018 sont restés très prudents en 2019 par peur d’évènements géopolitiques, ou à force d’écouter les prévisions pessimistes de beaucoup d’économistes dans les médias. Aujourd’hui, le consensus valide un scénario de croissance résiliente et des accords sur le commerce international et le Brexit ont dégagé l’horizon géopolitique. La peur se dissipe, mais réapparaît aussitôt chez ces mêmes clients qui trouvent désormais les marchés chers et redoutent une correction rapide et forte. Une peur en chasse une autre pour un résultat finalement contre-productif…
Loin de nous l’idée de prétendre que les risques n’existent pas. Depuis 20 ans plusieurs épisodes boursiers ont entretenu ce sentiment de fragilité : 2000, 2008, 2011, 2018. La peur a de la mémoire et se nourrit de ces souvenirs douloureux. Mais l’investisseur qui tient la barre dans les tempêtes, qui a une vue plus longue et qui ne souffre pas trop du stress, sort largement gagnant de cette séquence au long cours. C’est cette logique qui prévaut dans le Private Equity et dans l’immobilier, selon laquelle c’est en restant structurellement investis que l’on gagne de l’argent. Pourquoi pas sur les marchés boursiers ?
En sport on parle de la peur de gagner. Elle s’apprivoise grâce à beaucoup d’entrainement et de l’expérience. Notre mission, chez Amplegest, est d’accompagner nos clients, de capter leur stress en leur permettant de prendre du recul et de fixer un cap raisonnable qui correspond à la réalité de chacun.
« Tout est bruit pour qui a peur », écrivait Sophocle. Le silence d’une réflexion sereine vaut de l’or…