A quelques jours de la COP26, l’indice Net Zero Economy Index 2021 du cabinet de conseil et d’audit PwC révèle qu’un taux de décarbonisation annuel de 12,9% est nécessaire pour réduire de moitié les émissions mondiales d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050…
Un taux de décarbonisation de 12,9%
L’indice Net Zero Economy Index 2021 du cabinet de conseil et d’audit PwC révèle qu’un taux de décarbonisation annuel de 12,9% – un taux plus de cinq fois supérieur à celui atteint l’année dernière (2,5%) et représentant un rythme de réduction de l’intensité carbone huit fois plus rapide que la moyenne mondiale au XXIe siècle – est nécessaire pour réduire de moitié les émissions mondiales d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. C’est la trajectoire à suivre pour remplir l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris et éviter un changement climatique aux conséquences désastreuses.
La demande mondiale d’énergie a diminué de 4,3% en 2020 notamment après la pandémie, ce qui a entraîné une réduction des émissions de CO2 liées à l’énergie de 5,6% (par rapport à 2019) ainsi qu’une baisse du total des émissions mondiales. La réduction de l’intensité carbone a ainsi atteint 2,5%, un chiffre qui ne représente qu’un léger progrès par rapport aux 2,4% enregistrés en 2019. Néanmoins, la diminution des émissions provenant de cette baisse exceptionnelle de la demande d’énergie demeure largement insuffisante pour limiter la hausse des températures à moins de 1,5 °C.
Sylvain Lambert, Associé au sein du département développement durable chez PwC France et Maghreb déclare : « Cette année, les entreprises comme les États ont significativement revu à la hausse leur ambition de lutter contre le changement climatique. Malgré cette volonté, l’écart entre les niveaux d’émissions nécessaires pour respecter l’accord de Paris et les émissions réelles ne cesse de se creuser. Pour faire simple, les mesures prises à ce jour ne permettent pas de faire face à l’ampleur et à l’urgence de la crise climatique qui menace le monde. Tous les secteurs devront se transformer pour atteindre la neutralité carbone. Environ 20% des émissions de gaz à effet de serre mondiales sont désormais couvertes par un prix du carbone (quota, taxe), qui est un des moyens reconnus comme efficaces par les économistes pour réduire les émissions. La conférence COP26 sera cruciale pour rehausser les ambitions ».
Malgré le ralentissement de l’économie mondiale en 2020, aucun des pays du G20 n’est parvenu à atteindre le taux de décarbonisation de 12,9% nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Seuls quelques pays ont déjà réussi à porter ce taux au-delà des 10%. La France a quant à elle réduit son intensité carbone de 6,1% en 2020 et reste le pays du G20 avec la plus faible intensité carbone. Si la majorité des pays du G20 se sont fixé des objectifs climatiques ambitieux, ils ne se sont toujours pas traduits par des mesures stratégiques claires permettant d’opérer les transformations nécessaires.
« Le secteur privé a un rôle essentiel à jouer dans la mise en œuvre de mesures concrètes pour lutter contre le changement climatique. Les différents secteurs et industries devront collaborer et s’engager sur des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en cohérence avec les préconisations scientifiques – Science Based Targets (SBTi)- c’est le sens de l’engagement Net Zero de PwC au niveau mondial qui comprend un engagement de réduction de 50% de nos émissions d’ici 2030 et un accompagnement de nos principaux fournisseurs dans leur démarche Net Zero. » conclut Adélaïde de Tourtier, Directrice de l’engagement sociétal et environnemental chez PwC France et Maghreb.
Indice d’économie nette zéro 2021
Code rouge pour passer au vert
La décarbonisation mondiale n’était que de 2,5% en 2020. Atteindre l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5°C et d’atteindre un zéro net nécessite plus de cinq fois plus de taux de décarbonation mondiale chaque année, et doit commencer dès maintenant.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son récent rapport a publié un code rouge selon lequel il y a plus de 50 % de chances que nous atteignions un réchauffement de 1,5 °C au cours des deux prochaines décennies si les émissions se poursuivent à leur rythme actuel.
Alors que de nombreux pays ont renforcé leurs engagements, il est clair que l’ambition est loin d’être suffisante pour maintenir le réchauffement climatique à 2°C et encore moins à 1,5°C. C’est dans ce contexte que l’indice Net Zero Economy de cette année examine le taux de décarbonisation nécessaire pour atteindre un monde net zéro aligné à 1,5°C d’ici 2050 et examine comment les États membres du G20 s’en sortent par rapport à ce qui est requis.
L’image globale en 2020
COVID-19 et le changement climatique ont exposé les vulnérabilités systémiques de nos économies et sociétés. Alors que nous luttons contre les deux menaces simultanément, le moment est venu de prendre des mesures délibérées, concertées et opportunes pour construire une société mondiale plus propre, plus verte, plus juste, plus saine et plus résiliente. Nous avons moins d’une décennie pour réduire de moitié les émissions mondiales et nous mettre sur une trajectoire nette de zéro d’ici le milieu du siècle. »Ian P. Milborrow, partenaire de PwC pour le développement durable et le changement climatique
Un taux mondial annuel de décarbonation de 12,9 % est désormais requis pour limiter le réchauffement à 1,5°C. En 2020, le taux de décarbonation mondiale – la réduction de l’intensité carbone ou des émissions de CO 2 liées à l’énergie par dollar de PIB – était de 2,5%. Ce taux représente une très légère amélioration par rapport au taux de 2,4 % de l’année dernière, mais reste nettement inférieur au taux mondial annuel de décarbonation requis pour atteindre l’objectif de 1,5 °C.
Alors que l’impact du COVID-19 continue de se faire sentir dans le monde entier, de nombreux pays commencent à lever les restrictions. Avec elle, on assiste à une reprise de l’activité économique et à un rebond des émissions. La croissance des émissions au cours de 2021 a été tirée par une augmentation de la demande de charbon dans la production d’électricité. Malgré les efforts déployés par certains gouvernements pour stimuler une reprise verte, la demande mondiale d’énergie devrait augmenter de 4,6 % en 2021, tirée en grande partie par les marchés émergents et les économies en développement.
Performance du G20
L’indice de l’ économie nette zéro PwC suit le taux de décarbonisation du G20 à travers CO liées à l’ énergie 2 émissions. Au sein du G20, le Mexique et l’Indonésie ont enregistré les taux de réduction d’émissions les plus élevés par rapport à leur croissance économique. Dans ces pays, les émissions liées à l’énergie ont diminué de 12,4% et 10,6% respectivement par rapport aux niveaux de 2019, en grande partie en raison des restrictions économiques en réponse à la pandémie. Ces résultats devraient être un événement isolé plutôt que la preuve d’une tendance à plus long terme, car chaque pays a annoncé son intention d’investir dans la production de combustibles fossiles en 2021. Aucun des États membres du G20 n’a atteint le taux de décarbonation de 12,9 % désormais requis pour limiter réchauffement à 1,5°C.
La COP26 ne peut manquer de livrer
La COP26 doit encore augmenter l’ambition du gouvernement
L’objectif primordial du prochain sommet sur le climat à Glasgow – COP26 – est de mobiliser une action climatique plus forte et plus ambitieuse de la part des gouvernements pour maintenir l’objectif de l’accord de Paris de 1,5°C à portée de main. Cela nécessitera un renforcement significatif des engagements climatiques de tous les pays, et en particulier du G20, car sans une action concertée de ce groupe, les chances de limiter le réchauffement à 2°C sans parler de 1,5°C disparaîtront pratiquement.
Il est temps pour toutes les entreprises de s’engager, de planifier et d’agir
Faire la transition vers un monde plus responsable sur le plan environnemental et social est désormais un impératif commercial urgent. Il nous reste moins de deux cycles économiques pour apporter les changements nécessaires. Travailler aux côtés des gouvernements, et leur donner le mandat et l’impulsion pour aller plus loin et plus vite, est vital si nous voulons maintenir le réchauffement à 1,5°C et éviter un changement climatique catastrophique. En prenant des mesures fermes et décisives maintenant pour réduire de moitié les émissions mondiales d’ici 2030 et atteindre zéro émission nette d’ici 2050 au plus tard, nous avons une chance de réussir.
Transformer les engagements climatiques en action
Les gouvernements ont un rôle central à jouer dans la création d’un environnement propice à la transition vers le zéro net par le biais de réformes politiques et réglementaires et d’investissements. Les objectifs nationaux doivent être étayés par des politiques qui apporteront des changements au rythme et à l’échelle requis. Ces politiques varieront d’un pays à l’autre, en fonction du contexte socio-politique et économique, mais doivent définir l’environnement réglementaire dans lequel les entreprises et les particuliers opèrent et encourager le déploiement des capitaux aux bons endroits. Cela nécessite une stratégie et une ambition globales claires, des mécanismes politiques de longue date et la suppression des contre-incitations fiscales ou autres.
Le secteur privé se concentre sur le passage à zéro net de l’ambition à l’exécution
Nous avons vu un nombre sans précédent d’engagements nets zéro de la part du secteur privé au cours des 18 derniers mois. Plus de 3 000 entreprises font désormais partie de la campagne Race To Zero, rejoignant 733 villes, 31 régions, 173 des plus grands investisseurs et 622 établissements d’enseignement supérieur. Avec 120 pays, ils forment la plus grande alliance jamais engagée pour atteindre le zéro émission nette d’ici 2050 au plus tard, représentant collectivement près de 25 % des émissions mondiales de CO 2 et plus de 50 % du PIB.
Plus de la moitié des secteurs qui composent l’économie mondiale s’engagent désormais à réduire de moitié leurs émissions au cours de la prochaine décennie et à atteindre des objectifs de réduction d’émissions à court terme. Dans chacun de ces secteurs, au moins 20 % des grandes entreprises en termes de chiffre d’affaires s’alignent sur les objectifs 2030 spécifiques au secteur – en ligne avec l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050.