Les prix du baril de pétrole et surtout de l’essence flambent. Mais ou est ce que l’on est avec la pénurie de diesel qui se décline également en fioul de chauffage (mazout) et kérosène? Le diesel possède le plus grand potentiel pour faire dérailler notre économie via son hégémonie sur les transports mobilité et de marchandises ainsi que du chauffage.
Une crise mondiale débutée avant la guerre en Ukraine
Fin 2021, Pékin avait instauré des rationnements pour les camions avec une limite à 100 litres par jour. Aujourd’hui, les stocks américains n’ont jamais été aussi bas depuis 14 ans. Si le très léger pétrole des schiste convient à merveille pour réaliser du plastique, il n’est pas assez riche pour du diesel ou du kérosène. Du côté de l’Europe, avec la guerre ukrainienne, elle est orpheline du diesel Russe. Sur 1,4 million de barils par jour de diesel importé par Bruxelles en 2019, la moitié, soit 685 000 barils vient de Moscou et une grande partie du solde venait des raffineries d’Arabie Saoudite avec 285 000 barils. L’Europe importe de la Russie également des produits pétroliers transformés pour que les raffineries puissent transformer le brut en diesel. Dans les conditions actuelles, ce processus de raffinerie n’est financièrement pas rentable à cause de la hausse des prix du gaz.
Solution pour Diesel ?
L’option serait d’importer du pétrole plus léger en soufre. Mais tant l’Angola que le Nigeria n’arrivent pas à booster leurs extractions. Du côté de l’Arabie Saoudite et de façon moindre des Emirats Arabes Unis, du Venezuela et de l’Iran, une surproduction est théoriquement possible, mais leurs pétroles sont trop chargés. Il reste l’option d’importer du diesel de la Chine. La pays possède les capacités de raffineries mais devant l’ampleur de la pénurie, Pékin a réduit ses exportations et garde le précieux liquide pour son usage local. L’Arabie Saoudite et l’Inde en font de même.
Shell et l’autrichien OMV AG ont commencé à restreindre leurs approvisionnements en gros. L’Angleterre anticipe un rationnement du diesel dès le mois d’avril. Du côté des pétroliers, tout le monde est conscient de ce risque mais refuse de tirer l’alarme par crainte d’une ruée sur les stations-service et des commandes pour remplir les citernes de mazout (fioul de chauffage).
Financièrement, le contrat d’avril sur le Nymex a augmenté de 3,2 % et atteint 3,598 $ le baril de diesel et il pourrait passer sur les 4$. En Suisse, le prix du mazout dépasse les 150 francs et 47% des habitations utilisent ce carburant pour se chauffer.