Big Book of SI by Robeco

En 2018, Robeco a publié son premier Grand Livre de l’Investissement Durable (« Big Book of SI ») afin de fournir aux investisseurs un guide de référence complet dans ce domaine. Cependant, même les plus grands manuels ont besoin d’être actualisés régulièrement.

Si les fondamentaux n’ont pas changé, ce n’est pas le cas de la nature des risques de durabilité, des préférences des investisseurs et des réglementations publiques. La priorité accordée au réchauffement climatique, à la perte de biodiversité, aux inégalités sociales et aux ODD de l’ONU s’est intensifiée à l’échelle mondiale, générant de nouveaux risques, mais également de nouvelles sources d’innovation et de croissance.

C’est dans ce contexte que nous publions la deuxième édition de notre Grand Livre. Comme son prédécesseur, cette dernière édition vise à présenter de nouvelles voies dans le domaine de l’investissement durable en aidant les investisseurs à comprendre les dernières tendances et les solutions innovantes pour réduire les risques, améliorer les performances et aligner les portefeuilles avec des progrès positifs dans le monde réel.

Bien des choses ont changé en l’espace de quelques années, mais notre confiance dans la recherche en investissement durable pour générer des performances supérieures et de la valeur à long terme est plus forte que jamais.

LA DURABILITE ET LE ROLE DE LA FINANCE AUJOURD’HUI

Une définition communément admise de la durabilité est de répondre aux besoins de la génération actuelle sans compromettre la capacité de l’économie à s’adapter aux changements climatiques. D’un point de vue économique, les entreprises doivent s’adapter pour faire face aux nouvelles attentes des consommateurs, aux nouvelles réglementations, etc. Les stratégies d’entreprises réussies pour l’avenir exigeront qu’elles se concentrent non seulement sur la réduction des émissions de carbone, mais aussi qu’elles identifient et traitent les façons dont leurs activités nous font franchir d’autres seuils écologiques.

Pour accompagner les entreprises dans ces transformations, la finance a évidemment un rôle à jouer. Le rôle premier du secteur financier est de financer et accompagner les entreprises les plus viables financièrement, non seulement dans le présent, mais aussi dans le futur. Cette idée est au cœur du plan de financement durable de l’UE, qui reconnaît le rôle clé que jouera la finance dans la réalisation des ODD et des objectifs climatiques des Accords de Paris.

Depuis 2019, la finance évolue autour de la notion de double matérialité. La tragédie des biens communs serait résolue si la matérialité financière et l’impact (ou double matérialité) étaient totalement alignées, et que les entreprises et les pays intégraient complètement le coût des externalités négatives sur la société et l’environnement.

Malheureusement, même si des cadres conceptuels tels que « l’économie du beignet » et les « frontières planétaires » soient utiles pour cadrer ce problème, on manque encore de modèles économiques fonctionnels pour aider les investisseurs à prendre en compte de manière pratique les coûts externes dans leur recherche d’investissement.

En outre, il reste à voir si l’on y parviendra un jour ; dans la pratique, comment évaluer une vie humaine ou la disponibilité d’eau propre ? Certains affirment que nous ne devrions même pas essayer de définir ces choses en termes de valeur monétaire. En fin de compte, l’intégration de la double matérialité dans les cadres financiers et économiques constituera un défi épineux pour l’industrie financière dans les années à venir.

LES 3 MEGATENDANCES QUI DESSINENT NOTRE MONDE

Le changement climatique : Le changement climatique présente des risques importants pour les portefeuilles d’investissement, mais offre également de nombreuses opportunités. Il est du devoir des investisseurs d’identifier et de gérer ces risques de manière appropriée.

Au-delà des risques et des opportunités que présente le changement climatique, les Accords de Paris attribuent une responsabilité particulière au secteur financier : aligner les investissements sur la trajectoire des 2°C. Les investisseurs doivent assumer la responsabilité de l’impact des émissions qu’ils financent et veiller à ce que leurs investissements soutiennent la transition vers le net zéro. Cette responsabilité est de plus en plus intégrée dans les cadres de surveillance et dans les réglementations et normes telles SFDR, TCFD et l’International Sustainable Standards Board (ISSB).

Le secteur financier a encore un long chemin à parcourir. Les investissements dans le domaine du climat sont estimés à environ 600 milliards d’euros par an, ce qui est trois à six fois inférieur aux besoins. Au cours des cinq prochaines années, les investissements doivent être massivement réorientés vers les énergies, les transports et les infrastructures à faible émission de carbone.

La biodiversité : Il serait facile de se laisser submerger par la complexité de la biodiversité. La nature est elle-même complexe, et sa relation avec la finance ne fait qu’accroître cette complexité. Cependant, en tant qu’investisseurs, nous analysons depuis longtemps les risques financiers liés à la nature dans le cadre des questions environnementales. Il s’agit notamment de la déforestation, de la pollution et de la pénurie d’eau, pour n’en citer que quelques-uns. L’évaluation des impacts et des dépendances de la biodiversité fournit un cadre qui relie ces différents impacts environnementaux. Plus important encore, nous disposons désormais de suffisamment d’informations, d’outils et de mesures pour commencer à évaluer les questions liées à la biodiversité.

Nous nous attendons à ce que des politiques et accords contraignants émergent dans les prochaines années. Cela permettra d’améliorer la qualité du paysage des données pour les investisseurs. Il existe aujourd’hui des centaines de fournisseurs de données sur la nature, mais les informations recueillies sont inégales et pas toujours comparables. Certaines sources de données ont été développées pour informer les décideurs politiques ou les scientifiques et ne sont pas adaptées à des fins d’investissement. La nature suit peut-être actuellement les traces du chemin que nous avons déjà entrepris pour le climat, mais à mesure qu’elle s’accélère, il est probable qu’elle fusionne avec le climat pour former une approche intégrée.

Les solutions d’investissement vont se développer, qu’il s’agisse d’investir dans des leaders qui proposent des solutions pour enrayer le rythme de la perte de biodiversité, ou dans des opportunités de financer la transition vers un monde favorable à la nature.

Les droits humains : Les droits de l’homme sont universels et doivent être appliqués de la même manière à tous, partout et à tout moment. Les entreprises ont la responsabilité de respecter les droits de l’homme dans le cadre de leurs activités et de leurs chaînes d’approvisionnement. La réglementation devient de plus en plus contraignante sur ce sujet. Si la réglementation française est la plus stricte car elle peut entrainer des sanctions financières, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Norvège se montrent également très exigeantes envers les entreprises.

Cette responsabilité s’étend également aux investisseurs eg à leurs portefeuilles. L’évolution du droit vers davantage de contraintes et la publication d’informations plus strictes font que les droits de l’homme deviennent un élément financier important pour les investissements.

Téléchargez le Big Book ici