A compter du jeudi 28 juillet, notre planète vit à crédit. L’humanité a en effet utilisé l’ensemble des ressources naturelles que la Terre est capable de produire et compenser en un an.
Le jour du dépassement de la Terre
Cet indicateur est particulièrement pertinent. Concrètement, il signifie qu’à partir d’aujourd’hui, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut générer en un an (aliments, fibres textiles, bois, etc.) et qu’elle va vivre à crédit jusqu’à la fin de l’année, creusant toujours plus la dette écologique. Pour le dire autrement, c’est comme si nous consommions l’équivalent d’1,75 planète. Or, il n’y a évidemment pas de seconde planète et, à ce rythme-là, les ressources que nous sur-consommons vont finir par ne plus du tout avoir le temps de se régénérer.
Plus de la moitié de la biocapacité de la planète est utilisée pour nourrir l’humanité
“Depuis le début des années 70, le monde épuise de plus en plus tôt les capacités renouvelables de la Terre. Cela aggrave le capital naturel et la capacité des écosystèmes à se régénérer. Nous devrions nous fixer l’objectif de faire reculer le Jour du dépassement de 10 jours par an pour arriver au 31 décembre en 2050”, explique Laetitia Mailhes, du Global Footprint Network, qui calcule chaque année la date fatidique. Par exemple, diviser notre consommation de viande par deux permettrait de gagner 17 jours par an.
Nos systèmes agricoles et alimentaires jouent en effet un rôle particulièrement clé puisque plus de la moitié de la biocapacité de la planète (55 %), c’est-à-dire l’ensemble des ressources que la Terre peut reconstituer en une année, est aujourd’hui utilisée pour nourrir l’humanité. “Et pourtant, il y a des millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim mais aussi des milliers d’autres qui souffrent d’obésité et de malbouffe. Notre système alimentaire a perdu la tête”, lance Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes au WWF France, qui relaie les travaux du Global Footprint Network. Il appelle à modifier nos régimes alimentaires en réduisant la part de protéines animales, à lutter contre la déforestation et à transformer les modes de production pour aller vers plus de pratiques agroécologiques.
Surconsommation des ressources
Cette empreinte écologique se calcule à partir de six catégories différentes, «les cultures, les pâturages, les espaces forestiers nécessaires pour les produits forestiers, les zones de pêche, les espaces bâtis et les espaces forestiers nécessaires pour absorber le carbone émis par la combustion d’énergies fossiles». Elle est intimement liée aux modes de consommation, en particulier dans les pays riches.
À titre d’exemple, si tous les humains vivaient comme les Suisses, le jour du dépassement serait intervenu encore plus tôt, le 13 mai 2022.
Moins de viande et de gaspillage
«Au total, plus de la moitié de la biocapacité de la planète (55%) est utilisée pour nourrir l’humanité», relèvent les deux ONG.
Elles plaident pour une baisse de la consommation de viande dans les pays riches. «Si nous pouvions réduire la consommation de viande de moitié, nous pourrions reculer la date du jour du dépassement de 17 jours», fait valoir Laetitia Mailhes.