La première organisation syndicale du Socle Social Commun de TotalEnergies, la CFE-CGC TotalEnergies, exprime sa position concernant le conflit social en cours au sein de la Compagnie. La CFE-CGC regrette profondément la pénurie auxquelles sont confrontés les Français mais la sortie de cette crise ne pourra se faire que par le dialogue et la négociation en impliquant tous les acteurs légitimes de l’entreprise.
Pénurie et conflit social ?
La CFE-CGC regrette profondément les pénuries auxquelles sont confrontés les Français, pénuries qui avaient commencées dès le mois de septembre dans les stations TotalEnergies à la suite de la mise en place combinée de la remise gouvernementale et de la remise volontaire de TotalEnergies.
La CFE-CGC a toujours été favorable à la négociation au préalable à toute action de grève ou de blocage. De nombreux salariés de l’encadrement nous font cependant part de leur fort mécontentement quant au manque de reconnaissance de l’entreprise et comprennent le mouvement en cours.
Nous alertons depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, la Direction de TotalEnergies de la dégradation du climat social général au sein de l’entreprise :
- Réorganisations à répétition
- Modération salariale
- Dialogue social dégradé…
Nous n’avons eu de cesse de demander à remettre l’humain au cœur de l’entreprise. Aujourd’hui, la coupe semble pleine et la Direction récolte, quelque part, ce qu’elle a elle même semé.
En 2021, TotalEnergies a réalisé un bénéfice historique de 18 milliards de dollars. Les résultats 2022 seront sûrement les meilleurs que la Compagnie n’ait jamais connus. Elle a déjà annoncé à ses actionnaires que ceux-ci seraient les premiers bénéficiaires de cette prospérité avec une rétribution de 18 milliards de dollars (11 Mds de dividendes + 7 Mds de rachat d’actions). Ces montants vertigineux font naître une immense attente des salariés qui sont des acteurs incontournables de la création des richesses, pour recevoir leur juste retour, et pas seulement la faible part que la Direction a bien voulu leur octroyer ces dernières années. Nous rappelons également que de nombreux salariés de la Compagnie, notamment dans les stations-service et certaines filiales en France, sont rémunérés au niveau du smic. Pour rappel, les salaires au niveau de la Compagnie représentent quelques 9 Mds pour plus de 100 000 salariés dans le monde.
La CGT appelle à élargir la grève à l’ensemble des secteurs du commerce
La fédération CGT du commerce et des services a appelé jeudi « l’ensemble des salariés de ses secteurs à se mettre en grève dès aujourd’hui et jusqu’au 18 octobre » pour demander « de vraies revalorisations salariales ».
La fédération syndicale accuse le gouvernement de « tenter de circonscrire » les grèves de salariés de TotalEnergies et d’ExxonMobil avec des « intox » et des « provocations ». « On voudrait nous faire croire que la colère des salariés des raffineries ne constitue qu’une lutte corporatiste pour des salariés nantis », ajoute la CGT, mettant en avant la « stratégie ultralibérale » du gouvernement, citant les réformes de « l’assurance-chômage, des retraites, le projet de loi budgétaire ».
La réquisition du personnel de TotalEnergies sur le site de Dunkerque a été engagée
Le Président de la République, Emmanuel Macron a twitté le 12 octobre : « Carburant : je suis pour le dialogue social, pour le respect de tous nos droits constitutionnels, pour la négociation, jamais pour le blocage. Si le dialogue social n’aboutit pas, nous réquisitionnerons. J’en appelle à la responsabilité des dirigeants et des salariés. »
Le 13 octobre, la réquisition du personnel de TotalEnergies a été engagée sur le site de Dunkerque. Cette réquisition concerne six salariés. Depuis le début de la mobilisation, l’exécutif « appelle clairement à la responsabilité de chacun, à la reprise des négociations », rappelle le gouvernement. Ce dernier affirme prendre « pleinement ses responsabilités » et justifie la réquisition en soulignant que le dépôt de Dunkerque « représente une grande partie de l’approvisionnement dans les Hauts-de-France ». « Son blocage met les habitants en très grandes difficultés », insiste le gouvernement, qui ajoute que « la menace économique est réelle ».
La CGT quitte la table des négociations
Le 14 octobre, après environ six heures de réunions, les négociateurs de la CGT ont quitté vers 2 heures du matin dans la nuit de jeudi à vendredi les premières négociations menées entre les syndicats et la direction de TotalEnergies depuis le début de la grève des raffineries, insatisfaits des propositions d’augmentations salariales faites par le groupe pétrolier.
« Les propositions qui sont sur la table sont largement insuffisantes », a déclaré Alexis Antonioli, secrétaire général CGT de la plateforme TotalEnergies Normandie, dénonçant une « mascarade ».
Le négociateur a sous-entendu que les syndicats réformistes (CFE-CGC et CFDT) signeraient en revanche un accord : « On pense fortement qu’il y a des organisations syndicales, qui n’appelaient pas à la grève, qui vont être signataires de cet accord en espérant mettre fin au mouvement. »
Un mouvement « déterminé »
Il a évoqué un « scénario à la Exxon », l’autre groupe pétrolier concerné par une grève dans ses deux raffineries françaises, et où les deux syndicats, majoritaires, ont signé un accord avec la direction, sans la CGT.
Mais, selon eux, les grévistes des sites TotalEnergies n’accepteront pas lors de votes vendredi l’offre faite par TotalEnergies, soit 5 % d’augmentation générale avec un plancher d’augmentation à 2000 euros. La CGT dit avoir fait une contre-proposition, qu’elle n’a pas dévoilée.
« Ces syndicats-là qui viendraient signer un accord au rabais, ça ne changera rien à la mobilisation, ça ne changera rien à l’état d’esprit et à la détermination des grévistes », a prédit Alexis Antonioli, avant de quitter l’esplanade pour aller dormir.
Les deux négociateurs de la CGT, deuxième syndicat du groupe, ont ajouté que « si jamais la direction a envie de nous recontacter, elle a nos portables. » Du côté de la CFE-CGC, le coordinateur Dominique Convert a indiqué à l’AFP par texto: « Nous n’avons pas terminé, mais nous sommes bientôt au bout ».