Un rapport sur la loi du plus riche !

Depuis 2020, les 1 % les plus riches ont gagné 63 % de la richesse créée, soit près du double de celle du reste de la population mondiale. C’est la conclusion d’un nouveau rapport d‘Oxfam sur les inégalités mondiales, publié en marge du Forum économique mondial de Davos.

La loi du plus riche : les chiffres-clés du rapport

Des dizaines de millions de personnes supplémentaires sont confrontées à la faim. Des centaines de millions d’autres font face à des augmentations intenables du coût des produits de base ou du chauffage. Le dérèglement climatique paralyse les économies, tandis que sécheresses, cyclones et inondations contraignent de nombreuses personnes à fuir. Des millions de personnes sont encore ébranlées par l’impact persistant de la COVID-19, qui a déjà tué plus de 20 millions de personnes . Pour la première fois en 25 ans, la pauvreté gagne du terrain. Mais parallèlement, d’autres profitent de ces crises multiples. Les plus fortunées se sont considérablement enrichies, et les bénéfices des entreprises ont atteint des sommets, provoquant une explosion des inégalités.

  • Depuis 2020, deux tiers des richesses mondiales produites ont été captées par les 1% les plus riches.
  • Les milliardaires ont gagné 2,7 milliards de dollars par jour depuis 2020 grâce à l’intervention publique face au coronavirus.
  • Depuis 2020, les 10 premiers milliardaires ont gagné 189 milliards d’euros, l’équivalent de deux ans de factures de gaz, d’électricité et de carburant des Français.
  • Taxer la fortune des milliardaires français à hauteur d’à peine 2% permettrait de financer le déficit attendu des retraites.
  • Avec une fortune de 179 milliards d’euros, Bernard Arnault est désormais l’homme le plus riche de la planète. Sa fortune correspond à l’équivalent de celle de près de 20 millions de Français.

PART DE NOUVELLES RICHESSES CAPTÉES (EN POURCENTAGE DU TOTAL DE NOUVELLES RICHESSES)

Les milliardaires ont enregistré des profits record pendant la pandémie. L’afflux d’argent public injecté dans l’économie par les pays riches, qui était nécessaire pour soutenir leurs citoyennes, a également alimenté la hausse des prix des actifs et, avec elle, la fortune des milliardaires. En l’absence d’un impôt progressif, les grandes fortunes ont donc amassé des richesses sans précédent. Même si la fortune des milliardaires a légèrement diminué depuis le pic de 2021, elle reste supérieure de plusieurs milliers de milliards de dollars à celle d’avant la pandémie. Cette aubaine pour les très grandes fortunes, due à la crise, vient s’ajouter à de nombreuses années de croissance spectaculaire des richesses pour les plus riches et à une intensification des inégalités de richesses. La crise actuelle du coût de la vie, avec la montée en flèche du prix des denrées alimentaires et de l’énergie
génère également des gains spectaculaires pour celles et ceux qui se trouvent en haut de la pyramide. Les entreprises des secteurs de l’alimentation et de l’énergie enregistrent des bénéfices records et versent des sommes sans précédent à leurs riches actionnaires et propriétaires milliardaires. Les profits des entreprises sont à l’origine d’au moins 50 % de l’inflation en Australie, aux États-Unis et en Europe, dans ce qui est autant une crise du coût de l’exigence du capital qu’une crise du coût de la vie.

AUGMENTATION DE LA FORTUNE DES MILLIARDAIRES SUR LA PÉRIODE 1987-2022 EN MILLIARDS DE
DOLLARS (EN TERMES RÉELS)

Chaque milliardaire est un échec politique

Les concentrations extrêmes de richesse sapent la croissance économique, corrompent la sphère politiqueet les médias, fragilisent la démocratie et favorisent la polarisation politique. Une nouvelle étude d’Oxfam montre par ailleurs que les plus riches contribuent de manière disproportionnée au dérèglement climatique : une milliardaire émet un million de fois plus de carbone qu’une citoyenne ordinaire, et les milliardaires sont deux fois plus susceptibles qu’un investisseur ou une investisseuse moyen·ne d’investir dans des industries polluantes comme les combustibles fossiles. L’existence même de milliardaires prospères et de bénéfices records alors que la majeure partie de la population mondiale est confrontée à l’austérité, à une pauvreté croissante et à une crise du coût de la vie confirme que le système économique ne répond pas aux besoins de l’humanité. Pendant trop longtemps, les gouvernements, les institutions financières internationales et les élites ont dupé le monde avec la soi-disant théorie du ruissellement, selon laquelle une faible imposition alliée à des gains élevés pour une minorité profiteraient finalement à tou·tes.

Cette théorie n’a aucun fondement réel. Cette théorie et le système économique qui en découle nous ont privées des moyens et de l’imagination même pour faire face à ce nouveau temps de crise. Nos dirigeantes restent obnubilées par ce système, pourtant largement discrédité. Ce système continue à profiter à une poignée de personnes au sommet de l’échelle, principalement des hommes blancs et riches dans les pays du nord. Pour briser le cycle de l’accumulation sans fin des richesses par les milliardaires, les gouvernements doivent s’attaquer aux nombreux biais qui faussent l’économie en leur faveur, notamment concernant le droit du travail, la privatisation des biens publics, la rémunération des PDG, etc. Si toutes ces actions sont nécessaires, Oxfam expose dans le présent rapport l’une des solutions clés qui, selon elle, recèle un immense potentiel : l’imposition des personnes riches. Selon Oxfam, le monde devrait tout d’abord chercher à réduire de moitié la concentration des richesses des milliardaires d’ici 2030, à la fois en augmentant les impôts sur les 1 % les plus riches et en adoptant d’autres politiques contre la concentration des richesses entre les mains des milliardaires. Cela permettrait de ramener le nombre de milliardaires et leur fortune à leur niveau de 2012. À plus long-terme, abolir complètement les milliardaires pourrait devenir un objectif imaginable, dans le cadre d’une répartition plus juste et plus rationnelle des richesses dans le monde.

Les milliardaires continuent de surfer sur les crises

Alors que nous traversons une période sans précédent marquée par des crises multiples, les ultra-riches se sont considérablement enrichis depuis 2020 et les bénéfices des grandes entreprises ont atteint des records sans précédent. Les milliardaires à travers le monde ont gagné plus de 2,7 milliards de dollars par jour depuis le début de la crise tandis que les entreprises des secteurs de l’alimentation et de l’énergie ont plus que doublé leurs bénéfices en 2022.

Mais les crises n’ont pas fait que des gagnants. Partout, l’explosion des prix de l’énergie et des biens de première nécessité frappe en particulier les plus précaires. Plus de 820 millions de personnes souffrent aujourd’hui de la faim. 60% d’entre elles sont des filles et des femmes.

En France aussi, les milliardaires tirent leur épingle du jeu

La France, comme le reste du monde, fait face à une succession de crises de forte intensité. Mais les milliardaires français font eux aussi partie des grands gagnants : depuis 2020, leur fortune a augmenté de plus de 200 milliards d’euros, soit une hausse de 58%. Parmi eux, un homme s’en sort particulièrement bien : Bernard Arnault, qui est désormais l’homme le plus riche au monde, avec une fortune équivalente à celle cumulée de près de 20 millions de Français et Françaises.

Dans le même temps, les plus précaires sont devenus encore plus pauvres et les inégalités ont explosé avec, en première ligne de ces inégalités, les femmes. Si le gouvernement a dépensé des dizaines de milliards d’euros pour combattre la crise de la vie chère, ce sont les riches qui ont davantage bénéficié des mesures gouvernementales. Selon l’Insee, entre janvier 2022 et juillet 2022, les Français ont perdu 760 euros malgré l’intervention du gouvernement.

La réforme des retraites à venir, visant à repousser l’âge de départ à la retraite à 64 ans, risque d’aggraver encore davantage les inégalités. Une nouvelle fois, les plus précaires porteront le poids de cette réforme. Oxfam France a calculé que seulement 2% de la fortune des milliardaires français suffirait à financer le déficit attendu des retraites.

Retrouver me rapport complet ci-dessous

Ce rapport montre en quoi il est indispensable de taxer les personnes riches pour faire face à cette succession de crises sans précédent et à la montée en flèche des inégalités. Il explique comment la taxation des personnes riches peut clairement nous mettre sur la voie d’un monde plus égalitaire, durable et exempt de pauvreté.

Le rapport détaille comment, dans l’histoire récente, l’imposition des plus riches était bien plus élevée. Il souligne le fait que les discours visant à taxer les personnes riches et à faire payer aux milliardaires leur juste part sont extrêmement populaires. Il met en évidence la manière dont l’imposition des personnes riches permet de limiter le pouvoir des élites et de réduire non seulement les inégalités économiques, mais aussi les inégalités raciales, de genre et coloniales. Il dévoile enfin le montant de l’impôt que les plus riches pourraient payer, ainsi que solutions éprouvées dont disposent les gouvernements pour lever cet impôt.