Russell Reynolds Associates publie sa 13ème étude

TENDANCES 2022-2023 DE LA GOUVERNANCE DES SOCIÉTÉS DU SBF 120 ET DU CAC 40

Féminisation, RSE, accélération des tendances « post Covid » et apparition de nouveaux profils de Directeurs Généraux, plus jeunes et plus internationaux : en 2022-2023, la gouvernance des sociétés du SBF 120 et du CAC 40 évolue à l’image de la société.

ACCÉLÉRATION DE LA FÉMINISATION DANS LES INSTANCES DIRIGEANTES

La majorité des entreprises se saisissent de la loi Rixain et formalisent un objectif de féminisation

Désormais obligées par la loi  (91% du SBF 120 est soumis aux exigences de la loi Rixain), plus de 80% des entreprises du SBF 120 ont formalisé un objectif de féminisation de leurs cadres dirigeants dans leur Document d’enregistrement universel (DEU), et 63% indiquent vouloir atteindre leur objectif avant 2026.

Toutefois, malgré une volonté générale constatée, deux tiers des entreprises persistent à ne pas donner de définition précise de ce que représente leurs « instances dirigeantes ».

Des leviers complémentaires pour féminiser les Comités exécutifs

En 10 ans, la part des femmes dans les Comex du CAC 40 est passée de 8% à 28% en moyenne (de 10% à 27% au SBF 120 hors CAC 40).

Sur 198 nominations au sein des Comex du SBF 120, 42% sont des femmes. On constate ainsi que les nominations demeurent encore majoritairement masculines.

La féminisation des Comex se développe à travers différentes approches : l’augmentation de la taille du Comex, comme chez AXA (38% de femmes), la promotion interne, ou encore le recrutement externe, à l’image de Wordline (33% de femmes contre 18% en 2022).

Au total, les femmes représentent 38% des 99 recrutements externes dans les Comex du SBF 120 cette année.

Pour Florence Ferraton, Managing Director et Directrice générale France du cabinet Russell Reynolds Associates : « si la mixité semble acquise pour les postes fonctionnels, avec 43% de femmes, des progrès significatifs restent à mettre en œuvre pour les postes opérationnels, qui sont encore à 85% occupés par des hommes. Une tendance illustrée par les nominations aux postes opérationnels, qui restent l’apanage des hommes (seulement 21% de femmes) ».

La France confirme sa place de championne d’Europe en matière de féminisation des Conseils d’Administration

Alors que 9 sociétés du SBF 120 avaient des Conseils majoritairement féminins en 2022, elles sont désormais 14.

En moyenne, dans les Comités des Conseils du CAC 40, la parité s’est imposée : 50% des Présidents de comité (contre 42% en 2019) et 50% des Membres (contre 44% en 2019) sont des femmes.

Cette année, au CAC 40, on atteint 46% de présence féminine au sein des Conseils d’administration. La France, constante, confirme sa place de championne d’Europe devant le Royaume-Uni (42%), l’Allemagne (38%) ou encore la Suisse (35%) en matière de féminisation des Conseils d’administration.

Cette tendance est notamment poussée depuis 2022 par la Directive européenne Women on Boards, qui oblige les sociétés cotées en Bourse des 27 pays membres de l’UE à avoir au moins 40 % des postes d’Administrateurs non exécutifs ou 33 % de tous les postes d’Administrateurs, exécutifs et non exécutifs, occupés par des femmes, d’ici juin 2026.

LA RSE, ENJEU MAJEUR DANS LES CONSEILS D’ADMINISTRATION DU SBF 120 ET DU CAC 40

Poursuite de la croissance des Comités dédiés à la RSE

Cette année encore, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) continue de s’imposer comme un sujet de préoccupation majeur au sein des Conseils d’administration du SBF 120.

En 2022, 70% des entreprises du SBF 120 hors CAC possèdent un comité traitant de la RSE (64% en 2021 ; 58% en 2020 ; 45% en 2019).

Au CAC 40, la volonté est encore plus nette : 90% des entreprises ont opté pour la mise en place d’un Comité traitant des problématiques RSE contre 75% en 2019.

« Les sujets de RSE impactent l’ensemble des décisions prises par les conseils d’administration : stratégie, rémunérations et nominations des dirigeants, gestion des risques… », indique Marc Sanglé-Ferrière, Managing Director du cabinet Russell Reynolds Associates. Leur caractère technique requiert bien souvent un travail préalable fait en comité. Si 33% des entreprises du SBF120 ont un comité spécifiquement dédié à la RSE, la majorité d’entre elles (43%) traitent le sujet dans des comités non exclusivement dédiés, majoritairement au sein des comités de Gouvernance/Nomination/Rémunération et des comités de Stratégie »    

À noter, la France devance largement ses homologues européens en matière de Comités RSE dans les entreprises : seules 45% des entreprises du SMI (Suisse) et 37% des entreprises de l’IBEX 35 et de l’IGBM 85 (Espagne) en ont un.

Une surreprésentation des femmes au sein et à la tête des Comités dédiés à la RSE du CAC 40

Les comités dédiés à la RSE sont composés à 75% de femmes, un chiffre en hausse de 5% par rapport à l’année dernière.

La présence des femmes culmine à 93% lorsqu’il s’agit de la Présidence d’un Comité traitant de la RSE. Au total, sur les 15 Comités du CAC 40 dédiés uniquement à la RSE, 14 sont présidés par des femmes.

DES PROFILS DE DIRECTEURS GÉNÉRAUX PLUS JEUNES AU MOMENT DE LEUR DÉPART ET PLUS INTERNATIONAUX

La féminisation des Directions générales en recul par rapport à l’an dernier

En 2022, on dénombre 13 nouvelles nominations de Directeurs généraux au SBF 120 dont une femme seulement.

Au CAC 40, ont été nommés Peter Herweck (Schneider Electric) et Slawomir Krupa (Société Générale) et au SBF 120 hors CAC, Nourdine Bihmane (Atos), Pierre Boulud (bioMérieux), Aberrahman El Aoufir (Derichebourg), Daniel Derichebourg (Elior), Christophe Bavière/William Kadouch-Chassaing (Eurazeo), Nicolas Joly (Icade), Thierry Léger (Scor), Pierre Barnabé (Soitec), Rodolphe Belmer, (TF1), Laurent Mignon (Wendel) et, la seule femme, Hinda Gharbi (Bureau Veritas).

Ces nominations illustrent un certain recul de la féminisation au sein des Directions générales : 11,7% des Directeurs généraux du SBF 120 sont des femmes (contre 12,5% en 2022), soit une femme de moins par rapport à l’an dernier.

Des mandats de Directeur généraux plus courts  

Au SBF 120, les Directeurs généraux ne restent plus aussi longtemps en poste qu’avant : en moyenne, ils quittent leur poste au bout de 7,5 années, alors qu’ils restaient près de 10 ans en 2019.

Ils sont aussi de plus en plus jeunes au moment de leur départ, une tendance qui se confirme : moins de 60 ans en moyenne.

Des nominations venues de l’interne en net recul

En 2022, seulement 4 plans de succession sur 10 (38%) ont abouti à la désignation d’un nouveau Directeur général venant de l’interne, contre 50% en 2021 et 85% en 2018.

Cette année, un PDG sortant sur deux reste Président du Conseil, contre deux sur trois l’an dernier. Durant les trois années post-Covid, les PDG sortants ont eu tendance à garder leur siège de Président après avoir quitté leurs fonctions de DG. Cette année, la répartition est la même qu’en 2018-2019.

Enfin, au SBF 120, les entreprises sont de plus en plus enclines à se doter d’un Directeur général avec un profil international : en 2023 22% des DG sont détenteurs d’un passeport non français, soit 3% de plus qu’en 2022 et 7% de plus qu’en 2021.

Une érosion du monopole des grandes écoles françaises dans les Directions générales

Cette hausse des profils étrangers explique par ailleurs la baisse du poids des grandes écoles dans la formation des Directeurs généraux.

Au SBF 120 hors CAC, on constate une hausse de Directeurs généraux étrangers qui ne sont pas passés par les grandes écoles françaises d’une part, et l’apparition de DG diplômés de l’université d’autre part. En revanche, côté CAC 40, la surreprésentation des grandes écoles se maintient, tout en se diversifiant avec une augmentation des DG du CAC 40 issus d’une grande école d’ingénieur (hors École Polytechnique).

DES DISSOCIATIONS DES FONCTIONS DE PRÉSIDENT DU CONSEIL ET DE DIRECTEUR GÉNÉRAL EN LÉGÈRE BAISSE ET UNE STABILITÉ DANS LA PROPORTION D’ADMINISTRATEURS INDÉPENDANTS

Léger ralentissement des dissociations des rôles de Président du Conseil et de Directeur général

« Si le CAC 40 comme le SBF 120 hors CAC connaissent, en 2022, un léger ralentissement des dissociations des rôles de Président du Conseil et de Directeur général, la tendance observée sur plusieurs années se maintient » note Paul Jaeger, Managing Director du cabinet Russell Reynolds Associates.

Ce sont désormais 68% des entreprises qui ont adopté la dissociation des rôles, à l’image de Schneider Electric ou Dassault Systèmes au CAC 40 (effectif en janvier 2024) contre 72% en 2022, et 69% au SBF 120 hors CAC 40, contre 70% en 2022, comme bioMérieux, Orpea ou encore Sartorius Stedim Biotech. À l’inverse, Elior et Nexity ont choisi de réunir les deux fonctions.

Les administrateurs indépendants sont majoritairement des femmes

La proportion d’administrateurs indépendants reste stable (69%) et on compte 56% de femmes parmi eux (contre 55% en 2022 et 57% en 2021).

Au CAC 40, qu’il s’agisse d’entreprises du secteur de la Santé, des Services financiers, des Technologies-Médias-Télécommunications ou encore de l’Industrie, les Administrateurs sont majoritairement indépendants (à 71%).

C’est un peu moins le cas dans la Grande distribution et dans le luxe, en retrait à 59%, un chiffre qui s’explique par le fait que ce secteur compte davantage d’entreprises à contrôle familial.

Plus largement, en 2022, 96% des Administrateurs ont respecté la limite des 4 mandats d’Administrateurs de sociétés cotées ; 36% des Administrateurs du CAC 40 détiennent un seul mandat et seuls 4% en détiennent 5 ou plus au sein d’une entreprise cotée.

UNE NOUVELLE ÈRE DANS LA GOUVERNANCE : LE RETOUR DES PROFILS ÉTRANGERS ET LA HAUSSE DES RÉMUNÉRATIONS AU CAC 40

Des profils plus internationaux

Au sein du CAC 40, près de 6 Administrateurs nommés sur 10 ont un passeport étranger. Ce chiffre traduit la fin de la « parenthèse Covid », qui avait vu drastiquement baisser le nombre d’Administrateurs non Français. Certaines entreprises, comme Airbus Groupe, ArcelorMittal et Schneider Electric ont même plus de 65% d’Administrateurs étrangers au sein de leurs Conseils.

Au SBF 120, les Administrateurs des Conseils, s’ils ne sont pas Français, sont majoritairement européens (20%) et seuls 5% des Administrateurs du SBF 120 sont Américains.

La rémunération des Administrateurs en retard par rapport aux autres pays européens

« Malgré la progression des rémunérations des membres des Conseils au CAC 40, l’écart demeure toujours très marqué avec les autres pays européens : en Suisse, les Administrateurs sont rémunérés en moyenne 287K€ par an, au Royaume-Uni 173K€ et 125K€ en Allemagne », note Paul Jaeger, Managing Director du cabinet Russell Reynolds Associates.

Côté rémunération, les Administrateurs du CAC 40 rattrapent plus rapidement leur retard que les Administrateurs des entreprises du SBF 120 hors CAC.

Ainsi, la rémunération moyenne au SBF 120 hors CAC s’élève à 58,4K€ par an en 2022 (54,3K€ en 2021 ; 52,6K€ en 2020) contre 98,8K€ par an au CAC 40 (90,2K€ en 2021 ; 86,7K€ en 2020).

Méthodologie de l’étude

  • La 13ème étude Russell Reynolds Associates sur les tendances 2022-2023 de la gouvernance du SBF 120 et du CAC 40 a été réalisée entre le 1er janvier 2022 et le 30 juin 2023.
  • Les chiffres pris en compte dans l’étude sont tous issus de documents publics : documents d’enregistrement universel (DEU) 2022, comptes-rendus des assemblées générales de 2023 et sites internet des sociétés du SBF 120.
  •  Les calculs et analyses des données ont été réalisés en conformité avec les recommandations du Code de gouvernement d’entreprise de sociétés cotées AFEP-MEDEF, révisé en décembre 2022 et au Code de Commerce. Ainsi :
  • Les représentants des salariés (actionnaires ou non actionnaires) sont exclus du calcul de la proportion de femmes au sein des conseils du SBF 120
  • Pour le calcul de la proportion d’administrateurs indépendants dans les conseils du SBF 120, les représentants des salariés (actionnaires ou non actionnaires) ont été exclus du calcul
  • Pour le calcul du nombre de mandats par administrateur, seules les sociétés cotées sont comptabilisées
  • Les Comités exécutifs des entreprises à Conseil de Surveillance ou des Sociétés en Commandite par Action comprennent les membres du Comité exécutif ET les membres du Directoire ou de la Gérance.

À propos de Russell Reynolds Associates

RUSSELL REYNOLDS ASSOCIATES est un cabinet international de conseil en leadership. Présent à Paris depuis 1978, Russell Reynolds bénéficie d’un réseau international de 46 bureaux dans le monde.