L’OCDE fait une alerte mondiale sur l’énorme montée des dettes à refinancer dans le monde, atteignant 100 000 milliards de dollars. Tant les dettes publiques que privées sont à des niveaux records, menaçant le refinancement des émissions obligataires passées. Avec une dette obligataire des États de l’OCDE atteignant 54 000 milliards de dollars en 2023, en hausse de 30 000 milliards depuis 2008, le défi est immense. Les entreprises voient également leur dette obligataire augmenter, passant de 21 000 à 34 000 milliards, avec une préoccupation majeure quant à la qualité du crédit des émetteurs et les conséquences sur les marchés financiers mondiaux.
Dans son tout premier rapport consacré aux dettes mondiales, l’OCDE estime à 100 000 milliards de dollars le montant des dettes publiques et privées.
Tant du côté des États que des entreprises, les niveaux de dettes atteignent des sommets sans précédent, et le refinancement des émissions obligataires précédentes risque de devenir particulièrement complexe. C’est ce que révèle l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son dernier rapport sur les dettes publiques et privées.
À la fin de l’année 2023, la dette obligataire totale des États membres de l’OCDE atteignait 54 000 milliards de dollars, soit une augmentation de 30 000 milliards depuis 2008. Cette tendance devrait se poursuivre pour atteindre 56 000 milliards cette année, d’où l’alerte mondiale par l’OCDE.
Encours total des émissions obligataires mondiales
Du côté des entreprises, l’encours total de la dette obligataire est passé de 21 000 à 34 000 milliards au cours de la même période, avec plus de 60 % de cette augmentation provenant des sociétés non financières.
La cessation des interventions des banques centrales
Depuis la crise financière de 2008, les gouvernements et les entreprises ont profité d’un environnement favorable, caractérisé par des taux d’intérêt bas, et ont massivement emprunté. Les banques centrales, grâce à leur politique monétaire accommodante d’assouplissement quantitatif (achat de titres obligataires), ont été en mesure d’absorber ces titres. Carmine Di Noia, directeur des affaires financières et des entreprises à l’OCDE, souligne lors d’un point presse que « les quatre plus grandes banques centrales au monde détiennent 30 % de la dette publique ».
Montant des obligation détenues par les banques centrales
Cependant, la donne a changé. Selon Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE, « la politique monétaire des banques centrales a généré des tensions considérables sur la viabilité de l’endettement. Aujourd’hui, elles n’achètent plus de titres, voire les revendent ». Les gouvernements vont devoir faire face à cette nouvelle réalité.
La moitié des dettes nécessitant un refinancement
Le refinancement des dettes émises par le passé représente un défi considérable, elle est au coeur de cette alerte mondiale. Carmine Di Noia précise que « d’ici 3 ans, l’encours de la dette arrivant à échéance s’élève à 24 000 milliards de dollars, soit 44 % de l’encours total actuel ». Ces refinancements se feront à des niveaux de taux d’intérêt bien plus élevés qu’auparavant, limitant ainsi les marges de manœuvre budgétaires. Cette réalité n’échappe pas au ministre des Finances français, Bruno Le Maire, qui cherche à réaliser des économies budgétaires.
Le retrait des banques centrales des marchés obligataires aura également des répercussions sur les emprunts des entreprises, qui devront également faire face à des rendements plus élevés. L’OCDE s’inquiète notamment de la baisse de la qualité de crédit des émetteurs. Selon elle, « à la fin de l’année dernière, 53 % de toutes les émissions de qualité investissement des entreprises non financières étaient notées BBB, la note de qualité investissement la plus basse. C’est plus du double de la part constatée en 2000 ».
Alerte mondiale de l’OCDE : inquiétudes autour du secteur immobilier
L’OCDE porte une attention particulière au secteur immobilier, qui a massivement recouru aux marchés obligataires mondiaux via des emprunts à taux fixes. En Asie, notamment en Chine, cette tendance est très marquée. D’ici fin 2026, 70 % de l’encours total des obligations immobilières, estimé à 881 milliards de dollars, arriveront à échéance en Chine, et 51 % dans les économies asiatiques hors Chine et Japon, d’après le rapport.
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