La liquidation judiciaire d’Indexia a laissé des centaines de salariés sans emploi et des milliers de clients lésés. Les principaux actionnaires, Ardian et Bpifrance, sont accusés de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour éviter ce désastre malgré de nombreux avertissements et enquêtes sur les pratiques abusives de l’entreprise.
Des salariés et des clients touchés
La liquidation judiciaire d’Indexia a laissé des centaines de salariés sans emploi et des milliers de clients victimes de pratiques abusives. À l’automne, Sadri Fegaier, le fondateur et président de l’entreprise, devra répondre de ses actes lors d’un procès pénal.
Un parcours semé d’embûches
Ces six dernières années, les coactionnaires d’Indexia, notamment Ardian et Bpifrance, ont-ils fait tout leur possible pour éviter cette chute ? En mars 2023, l’entreprise, déjà abandonnée par ses assureurs et confrontée à des actions en justice, voyait des clients manifester devant son siège à Romans-sur-Isère. Pourtant, Ardian, qui détenait 17 % du capital, restait inébranlable.
Ardian et Bpifrance : une confiance mal placée
Ardian affirmait alors qu’Indexia prenait “toutes les mesures nécessaires”, qualifiant les problèmes de “cas individuels”. Ils insistaient sur le fait qu’Indexia était une entreprise “solide et sérieuse” plaçant la satisfaction client en tête de ses priorités. Ardian a joué un rôle crucial dans l’ascension de Sadri Fegaier, qui est devenu l’un des plus jeunes milliardaires de France. En février 2018, Ardian a investi 200 millions d’euros dans Indexia, valorisant l’entreprise à 1,7 milliard d’euros, et a soutenu Fegaier dans sa montée au capital de FNAC Darty.
Des avertissements ignorés
En juillet 2018, la Caisse des Dépôts et le fonds souverain d’Abu Dhabi Mubadala ont investi 100 millions d’euros supplémentaires, augmentant leur part à près de 10 %. Cependant, les plaintes des consommateurs se multipliaient déjà, conduisant à une enquête de la DGCCRF. En juin 2019, Indexia a été condamnée à une amende transactionnelle de 10 millions d’euros, un montant record.
Enquêtes et sanctions pour Ardian et Bpifrance
En 2020, une nouvelle enquête a révélé des détournements et des infractions fiscales majeures. Pourtant, en 2022, le palmarès French Tech Next40/120 a honoré Sadri Fegaier. Mais en avril 2023, l’ACPR a interdit temporairement à SFAM de distribuer des contrats d’assurance. En juin, l’entreprise était en cessation de paiements. Bpifrance, qui avait repris la participation de CDC International, a alors vendu sa part à Mubadala.
Démission des actionnaires
En janvier 2024, Ardian et Mubadala se sont retirés de la gouvernance. Alors que le procès pénal de Fegaier se profile, Ardian envisage ses 200 millions d’euros investis comme perdus. Les investisseurs affirment avoir tout tenté pour redresser la situation. Ardian, malgré son statut minoritaire, a demandé des audits réglementaires dès 2019 et recruté un nouveau directeur général. En 2023, ils ont exercé leur droit d’audit et initié une médiation pour réformer la gouvernance. Face aux divergences stratégiques, Ardian a démissionné du conseil de surveillance.
Inquiétudes de Bpifrance
Bpifrance, quant à elle, se décrit comme un actionnaire très minoritaire, soulignant avoir exprimé à plusieurs reprises ses préoccupations concernant les plaintes des consommateurs et les procédures judiciaires en cours.
Ce scandale souligne les défis auxquels les actionnaires font face lorsqu’ils gèrent et surveillent des entreprises en difficulté.
À lire aussi, notre dernier article à propos de Schroders et le lancement d’une stratégie européenne