Le baromètre RSE 2024, publié par Forvis Mazars, met en lumière les défis et progrès des entreprises européennes en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Ce baromètre, qui analyse les rapports extra-financiers de 255 entreprises européennes, marque une étape décisive avec l’entrée en vigueur de la directive CSRD pour les entreprises de plus de 500 salariés dès 2024. L’étude révèle des efforts notables pour se conformer aux normes, bien que des défis importants subsistent.
De la DPEF à la CSRD : une transition progressive
La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose aux entreprises de nouvelles exigences en matière de reporting de durabilité. Cette transition remplace progressivement la DPEF (Déclaration de Performance Extra-Financière). Si certaines entreprises ont anticipé ces nouvelles obligations, la majorité continue de publier leurs rapports en conformité avec la DPEF.
Le rapport de Forvis Mazars souligne que bien que plusieurs entreprises aient débuté l’intégration des normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards), peu d’entre elles ont pleinement adopté le nouveau cadre de la CSRD. Cette situation est particulièrement visible pour la publication des plans de transition alignés avec les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris.
La double matérialité : un exercice encore en cours
L’un des points centraux de la CSRD est l’analyse de double matérialité (DMA), qui consiste à évaluer à la fois les impacts des entreprises sur l’environnement et l’impact des enjeux environnementaux sur l’entreprise. Seulement 25 % des entreprises du panel ont intégré cette analyse dans leurs rapports, bien que 58 % d’entre elles aient détaillé les impacts, risques et opportunités (IRO) liés à leurs activités.
La description de la chaîne de valeur reste également un point crucial. Forvis Mazars note que 82 % des entreprises fournissent cette information, signe d’une maturité croissante dans la prise en compte des enjeux ESG.
La structure des rapports extra-financiers : un défi pour les entreprises
L’architecture des rapports de durabilité imposée par la CSRD constitue un autre défi majeur pour les entreprises. Contrairement à la DPEF, les rapports CSRD doivent suivre une structure normée afin de garantir une meilleure comparabilité entre les entreprises. Parmi les sociétés étudiées, seulement 16 % ont déjà commencé à adopter les exigences de l’ESRS 1, tandis que 56 % d’entre elles fournissent des informations en lien avec les normes de manière partielle.
Un focus sur les plans de transition climatiques
Forvis Mazars met également en lumière le plan de transition climatique, tel que défini par la norme ESRS E1. Ce plan vise à démontrer l’engagement des entreprises à aligner leurs stratégies avec les objectifs de neutralité carbone d’ici 2050. Cependant, seulement 13 % des entreprises ont publié un plan de transition, et les informations communiquées sont souvent incomplètes.
Un enjeu de transparence pour les entreprises
Edwige Rey, Associée et Responsable RSE & Développement Durable chez Forvis Mazars, souligne les progrès et les défis encore présents :
« Les résultats montrent que les entreprises progressent dans leurs efforts, notamment avec l’intégration des analyses de double matérialité. Cependant, peu d’entre elles ont pleinement anticipé les nouvelles exigences de la CSRD pour leurs rapports de durabilité. »
Elle ajoute que les entreprises doivent profiter de l’année 2024 pour structurer davantage leurs stratégies, afin de répondre aux nouvelles obligations et améliorer la transparence de leur reporting. L’objectif est de comparer les entreprises de manière plus précise et d’apporter un nouveau niveau de transparence au niveau européen.
Baromètre RSE 2024 : ce qu’il faut retenir
Le baromètre RSE 2024 de Forvis Mazars montre que, bien que des progrès notables aient été réalisés, les entreprises européennes doivent encore relever plusieurs défis pour se conformer pleinement aux normes de la CSRD. La mise en œuvre de l’analyse de double matérialité et des plans de transition vers la neutralité carbone reste un point clé. En 2024, l’accent sera mis sur la transparence et la comparabilité des informations, des facteurs essentiels pour améliorer la durabilité à long terme des entreprises européennes.