La réduction des émissions de la chaîne d’approvisionnement

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La lutte contre le changement climatique ne se limite plus aux seules actions internes des entreprises. Désormais, la chaîne d’approvisionnement, en particulier les émissions indirectes, représente une opportunité à la fois économique et écologique inexploitée par de nombreuses entreprises. Un rapport récent du CDP (Carbon Disclosure Project) révèle que des initiatives visant à réduire les risques climatiques au sein de la chaîne de valeur pourraient permettre aux entreprises de réaliser jusqu’à 165 milliards de dollars d’économies.

Ce constat montre que la collaboration avec les fournisseurs et une gestion proactive des émissions constituent des stratégies gagnantes. Dans cet article, nous explorerons les gains potentiels, les exemples concrets de réussite, ainsi que les défis auxquels les entreprises sont confrontées pour exploiter ce levier essentiel.

Les économies potentielles des entreprises grâce à la réduction des émissions indirectes

Le rapport du CDP souligne un potentiel financier colossal pour les entreprises qui s’attaquent aux émissions de leur chaîne d’approvisionnement. La réduction des émissions indirectes, qui inclut toutes les émissions liées aux fournisseurs, est non seulement bénéfique pour l’environnement, mais aussi pour les finances des entreprises.

En effet, en 2023, des entreprises ayant pris des mesures pour contrôler activement ces émissions ont réalisé des économies de 13,6 milliards de dollars. Cela démontre que la lutte contre les risques climatiques n’est pas uniquement une responsabilité sociétale, mais qu’elle peut également améliorer la performance financière. Le rapport met en lumière un potentiel économique global de 165 milliards de dollars, ce qui montre l’importance croissante de cette question dans les stratégies d’affaires.

Collaboration acheteurs-fournisseurs : une clé pour réduire les émissions mondiales

Un autre point essentiel mis en avant par le rapport est la collaboration entre les acheteurs et les fournisseurs. Cette coopération est cruciale pour réduire efficacement les émissions au sein des chaînes de valeur. En 2023, cette approche collaborative a permis d’éviter 43 millions de tonnes de gaz à effet de serre, ce qui équivaut aux émissions annuelles de la Suède.

L’initiative CDP Supply Chain Program, qui regroupe plus de 5 500 fournisseurs, offre une plateforme permettant aux entreprises d’optimiser leurs processus tout en réduisant leur empreinte carbone. Ce programme pourrait potentiellement éliminer 193 millions de tonnes supplémentaires d’émissions, montrant l’ampleur des bénéfices environnementaux qui peuvent être obtenus grâce à une meilleure communication et coordination au sein des chaînes d’approvisionnement.

Les entreprises européennes en tête, mais une action mondiale limitée

Les entreprises européennes jouent un rôle clé dans la lutte contre les émissions de la chaîne de valeur, représentant plus de 40% des initiatives mondiales dans ce domaine. Elles démontrent que des efforts concertés pour intégrer les objectifs climatiques dans leurs stratégies peuvent apporter des bénéfices substantiels. En Europe, les entreprises pourraient générer 31,4 milliards de dollars de gains en ciblant les émissions indirectes, pour un investissement relativement modeste de 4,1 milliards de dollars.

Cependant, malgré ces exemples prometteurs, une majorité d’entreprises à l’échelle mondiale n’ont pas encore exploité cette opportunité. Seulement 15% des entreprises mondiales ciblent réellement leur chaîne d’approvisionnement dans le cadre de leur action climatique. Ce chiffre révèle une prise de conscience encore limitée des avantages économiques et environnementaux que pourrait offrir une gestion rigoureuse des émissions indirectes.

Les risques économiques et réglementaires pour les entreprises inactives

Bien que les avantages d’une gestion proactive des émissions soient clairs, de nombreuses entreprises ignorent encore le rôle crucial que joue leur chaîne d’approvisionnement dans leur empreinte carbone globale. En moyenne, les émissions liées à la chaîne d’approvisionnement sont 26 fois plus importantes que les émissions directes des opérations internes d’une entreprise.

Ne pas s’attaquer à ces émissions expose les entreprises à plusieurs risques. Elles risquent de subir des coûts indirects élevés, liés à des inefficacités dans leur chaîne de valeur, ainsi qu’à des pressions réglementaires croissantes de la part des gouvernements et des organismes internationaux. L’inaction face à ces enjeux pourrait également nuire à leur image auprès des clients, des investisseurs, et du grand public, dans un contexte où la durabilité devient un critère de choix de plus en plus déterminant.

La transparence : un atout pour la résilience et la compétitivité des entreprises

Selon Simon Fischweicher, Directeur des services de la chaîne d’approvisionnement et des reporters au CDP, la transparence est un facteur clé pour une action climatique efficace et rentable. Les entreprises qui choisissent d’être transparentes sur leurs émissions améliorent leur résilience aux risques climatiques, tout en renforçant leur attractivité pour les investisseurs et les clients. En agissant ainsi, elles renforcent leur position concurrentielle et se préparent aux futurs défis du marché mondial.

De plus, des institutions financières comme HSBC, à travers leur offre de solutions commerciales, encouragent et accompagnent leurs clients dans la gestion des risques liés à la chaîne d’approvisionnement. Marissa Adams, responsable des solutions commerciales mondiales pour HSBC, souligne que les entreprises qui agissent dès aujourd’hui bénéficieront d’une résilience accrue et de meilleures opportunités économiques à long terme.

La gestion des émissions de la chaîne d’approvisionnement représente une opportunité énorme pour les entreprises qui cherchent à concilier performance économique et responsabilité environnementale. Les bénéfices financiers sont tangibles, comme le montre le rapport du CDP, et les entreprises qui prennent des initiatives dans ce domaine renforcent non seulement leur compétitivité, mais aussi leur résilience aux risques climatiques. Cependant, une grande majorité reste encore à la traîne, exposant leur modèle économique à des risques accrus. À l’avenir, l’intégration des émissions indirectes dans les stratégies climatiques deviendra une exigence incontournable pour toute entreprise cherchant à prospérer dans un monde de plus en plus conscient des enjeux climatiques.

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