Loin d’être médiocre

BRICS

Le sommet des BRICS qui s’est tenu à Kazan en Russie a marqué un tournant diplomatique, notamment grâce à l’implication du président russe Vladimir Poutine. Pendant trois jours, la rencontre a permis des avancées notables, notamment un réchauffement des relations entre la Chine et l’Inde, tout en réaffirmant l’importance croissante de ce groupe de pays émergents sur la scène mondiale. Malgré l’absence de décisions économiques majeures, l’événement a mis en lumière le rôle central de Poutine dans la diplomatie mondiale et les ambitions stratégiques des BRICS.

Du 22 au 24 octobre 2024, les dirigeants des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) se sont réunis à Kazan pour discuter de questions politiques, économiques et sécuritaires. Bien que la déclaration finale n’ait pas apporté de changements radicaux en termes de système financier alternatif, plusieurs aspects ont marqué le sommet. La Russie, à travers Vladimir Poutine, a joué un rôle central dans la diplomatie entre les membres, notamment en facilitant la réconciliation entre la Chine et l’Inde après plusieurs années de tensions frontalières. Ce sommet a également été marqué par la réaffirmation de la volonté des BRICS de renforcer la multipolarité mondiale.

Réchauffement des relations sino-indiennes sous l’égide de Poutine

L’un des principaux succès du sommet de Kazan a été le rapprochement entre la Chine et l’Inde, deux nations fondatrices des BRICS. Ces deux pays étaient en froid depuis un affrontement armé à leur frontière en 2020. Le Premier ministre indien Narendra Modi et le président chinois Xi Jinping ont, pour la première fois en cinq ans, échangé de manière constructive, renforçant la coopération bilatérale. Ce rapprochement est en grande partie attribué aux efforts de médiation de Vladimir Poutine, qui a servi d’intermédiaire lors de plusieurs discussions. Ce renouveau diplomatique entre Pékin et New Delhi symbolise le potentiel des BRICS à surmonter les divergences entre ses membres pour atteindre des objectifs communs.

Le rôle limité des BRICS dans la réforme du système financier international

Sur le plan économique, la déclaration finale du sommet est restée floue. Bien que le Kremlin aspire à s’affranchir du système financier international actuel, dominé par l’Occident, aucune décision concrète n’a été prise pour mettre en place un système de paiement transfrontalier alternatif. Le texte de 43 pages publié à l’issue du sommet évoque simplement la possibilité d’examiner la création d’un tel système. Cette absence de décision reflète les défis que rencontrent les BRICS pour coordonner des actions économiques communes. En particulier dans un contexte de sanctions internationales contre la Russie. Malgré cela, la Russie continue de voir dans les BRICS un levier pour limiter son isolement économique.

L’expansion des BRICS et le renforcement de la multipolarité mondiale

Un autre aspect important de ce sommet a été l’expansion potentielle du groupe BRICS. Le président russe a présidé une réunion avec plusieurs pays aspirants. Notamment la Turquie, marquant un intérêt croissant pour ce bloc de pays émergents. Contrairement à des organisations comme l’OTAN ou l’Union européenne, les BRICS se présentent comme une plateforme ouverte. Sans imposer un choix exclusif entre ses membres et d’autres alliances. Ce positionnement attire de plus en plus de nations du Sud global, renforçant l’influence des BRICS dans la construction d’un ordre mondial plus équilibré.

La Kazan Declaration, adoptée à l’issue du sommet, réaffirme cet engagement des BRICS pour la multipolarité. Ce document souligne l’importance de la solidarité, de la coopération et de la démocratie au sein du bloc. Tout en insistant sur la nécessité de réformer le système multilatéral pour mieux représenter les pays émergents. La déclaration sera présentée aux Nations Unies comme une vision partagée d’un monde plus juste et inclusif.

Les enjeux géopolitiques : la paix en Ukraine et à Gaza

Sur le plan géopolitique, le sommet a également été marqué par des discussions sur les conflits en cours. Notamment en Ukraine et à Gaza. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a appelé à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à la libération des otages. Tout en réitérant la nécessité d’une paix juste en Ukraine, conforme aux principes de l’ONU. Vladimir Poutine, en réponse, a reconnu que les disputes sont inévitables dans les relations internationales. Tout en soulignant que la Russie continuera à jouer un rôle actif dans la gestion de ces crises. Ces échanges illustrent la position délicate des BRICS sur les questions de sécurité mondiale. Où chaque membre cherche à équilibrer ses intérêts nationaux avec ceux du groupe.

Les perspectives économiques : les BRICS en tant que moteur de l’économie mondiale

En termes de perspective économique, les BRICS continuent de croître en influence. En 2023, le bloc a dépassé pour la première fois le G7 en termes de part du PIB mondial. Atteignant 31,5 %, contre 30,7 % pour le G7. Ce basculement économique devrait s’accentuer dans les prochaines décennies, soutenu par la croissance rapide de la Chine et de l’Inde. D’ici 2050, les projections prévoient que l’Inde deviendra la troisième plus grande économie mondiale. Avec un PIB supérieur à 8 000 milliards de dollars, dépassant ainsi des puissances économiques traditionnelles comme la France et l’Allemagne. Ce dynamisme économique place les BRICS au centre des discussions sur l’avenir de l’économie mondiale et renforce leur rôle en tant que catalyseurs de la transition vers un monde multipolaire.

Le sommet des BRICS à Kazan a confirmé l’importance croissante de ce groupe de pays émergents sur la scène internationale. Si les discussions économiques n’ont pas produit de résultats concrets en matière de réforme du système financier, les progrès diplomatiques. Notamment entre la Chine et l’Inde, ainsi que l’expansion potentielle du bloc, témoignent de la capacité des BRICS à influencer le paysage mondial. Avec la Kazan Declaration, les BRICS réaffirment leur engagement à construire un ordre international plus juste et inclusif. Tout en poursuivant leur rôle central dans la promotion de la multipolarité.

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