
La Banque européenne d’investissement (BEI) franchit une nouvelle étape dans son rôle de « banque du climat ». Avec l’adoption de la deuxième phase de sa Feuille de route climatique. L’institution entend simplifier ses processus et amplifier ses financements en faveur de la transition écologique. Objectif : renforcer la compétitivité de l’Europe, sécuriser son approvisionnement énergétique et consolider son leadership technologique dans la révolution industrielle verte.
Une feuille de route révisée pour une Europe plus compétitive et indépendante
Depuis 2020, la BEI a mobilisé plus de 560 milliards d’euros en investissements verts. Dont 90 % au sein de l’Union européenne. Avec cette nouvelle phase, l’institution vise à aller plus loin. Elle consacrera plus de la moitié de ses financements annuels à l’action climatique et à la durabilité environnementale. L’ambition est claire : fournir une énergie propre, abordable et produite localement. Tout en soutenant les entreprises et les ménages face à la volatilité des prix.
La banque mise sur des financements ciblés pour développer les réseaux énergétiques. Avec un volume record de 11 milliards d’euros prévus cette année. Une part importante sera également destinée aux petites et moyennes entreprises. Notamment via une enveloppe de 17 milliards d’euros pour soutenir 350 000 PME dans leurs investissements en efficacité énergétique.
Doubler les financements pour l’adaptation climatique
Les événements climatiques extrêmes rappellent l’urgence de l’adaptation. Rien qu’en Europe, l’été 2025 a causé plus de 43 milliards d’euros de pertes économiques. Consciente de ces enjeux, la BEI va doubler son soutien à l’adaptation, atteignant 30 milliards d’euros entre 2026 et 2030.
Ces fonds seront alloués à l’agriculture, à la gestion de l’eau, aux collectivités locales et aux entreprises. Une attention particulière sera accordée aux populations vulnérables. Petits États insulaires, pays en développement, communautés à faibles revenus ou encore femmes et jeunes. L’assistance technique sera également renforcée afin d’aider les porteurs de projets à transformer leurs idées en initiatives concrètes.
Simplifier pour accélérer les investissements verts
Un des piliers de cette deuxième phase est la simplification administrative. La BEI souhaite réduire drastiquement la charge bureaucratique qui freine l’accès au financement, notamment pour les PME. En s’appuyant sur des outils numériques comme le « Green Checker ». Et sur les normes européennes existantes (CSRD, valeurs de référence et standards réglementaires), la banque ambitionne de fluidifier les démarches.
Cette simplification vise non seulement à accélérer l’accès aux financements. Mais aussi à assurer une meilleure cohérence avec les objectifs européens de compétitivité et de durabilité. Les entreprises accédant aux financements via des banques partenaires bénéficieront d’exigences harmonisées et allégées.
Soutenir l’innovation et les nouvelles technologies propres
L’innovation est au cœur de la stratégie de la BEI. À travers son programme TechEU, l’institution prévoit de mobiliser 250 milliards d’euros d’ici 2027. Dont une part importante consacrée aux technologies propres. Elle entend ainsi stimuler le développement de solutions industrielles innovantes, soutenir les fabricants d’équipements stratégiques (comme les turbines éoliennes et les réseaux électriques). Et renforcer les chaînes d’approvisionnement européennes.
La transition verte sera également inclusive : la BEI prévoit des prêts à la rénovation énergétique pour les ménages modestes. Ainsi que des dispositifs de location-bail pour l’acquisition de véhicules électriques ou de pompes à chaleur. Une initiative spécifique sera consacrée à l’égalité de genre face au climat, afin de promouvoir des projets bas-carbone portés par des femmes et des groupes sous-représentés.
Une stratégie ouverte et collaborative
La BEI met un point d’honneur à associer ses parties prenantes à cette nouvelle phase. Lors de consultations organisées en 2025, plus de 160 participants issus de la société civile, du secteur privé et d’institutions publiques ont contribué à l’élaboration de la feuille de route. Cette démarche participative témoigne de la volonté de l’institution d’ancrer ses actions dans une logique de transparence et de dialogue.
À l’international, la BEI prépare également une nouvelle orientation stratégique pour ses opérations hors d’Europe. Objectif : favoriser des partenariats gagnant-gagnant afin de soutenir la transition écologique mondiale tout en créant des opportunités pour les entreprises européennes.
Une banque au service de la transition et de la cohésion européenne
Avec près de 89 milliards d’euros de financements signés en 2024, la BEI reste un acteur central du développement économique et de la durabilité en Europe. Plus de la moitié de ses investissements sont orientés vers les régions à revenus inférieurs à la moyenne de l’UE, confirmant sa mission de cohésion territoriale.
En renforçant son rôle de « banque du climat », la BEI s’impose plus que jamais comme un levier stratégique de la transformation verte européenne. La deuxième phase de sa feuille de route n’est pas seulement un plan financier : c’est une vision de long terme pour une Europe plus résiliente, plus compétitive et plus durable.
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