
À l’occasion de la Semaine de l’Engagement Citoyen, KPMG France, entreprise à mission, et Ashoka, premier réseau mondial d’innovateurs sociaux, publient une étude inédite intitulée « Innover autrement, pour une performance durable ». Fruit d’un travail collectif impliquant 45 experts – dirigeants, chercheurs, entrepreneurs sociaux et acteurs publics –, cette enquête explore comment l’innovation sociale peut devenir un levier central de transformation pour les entreprises et les sociétés contemporaines.
Loin de se limiter à une réflexion théorique, cette étude s’appuie sur 21 entretiens approfondis et un atelier d’intelligence collective réunissant 24 participants issus de divers horizons. Ensemble, ils ont dégagé une conviction commune : l’innovation sociale n’est plus un supplément d’âme, mais un pilier stratégique de performance et de durabilité.
Mesurer autrement pour transformer durablement
L’un des enseignements majeurs de cette étude réside dans la nécessité de repenser la manière dont on évalue la performance. KPMG et Ashoka plaident pour dépasser les indicateurs purement comptables et intégrer une vision qualitative, systémique et dynamique de l’impact.
Selon les auteurs, la valeur d’un projet ne se mesure plus uniquement en termes financiers, mais à travers sa capacité à transformer durablement les systèmes économiques, sociaux et environnementaux. Les entreprises sont ainsi invitées à concevoir des outils d’évaluation intégrés à leur stratégie de gestion, afin de prendre en compte la richesse des interactions humaines, l’impact territorial et la contribution collective au bien commun.
Refonder les modèles économiques pour une durabilité réelle
L’étude appelle également à refonder les schémas de financement et les modèles économiques pour qu’ils soutiennent véritablement l’innovation sociale. Il ne s’agit plus seulement de philanthropie, mais d’un changement structurel vers des modèles hybrides et coopératifs.
Les structures collectives – telles que les SCIC, les coopératives ou les alliances intersectorielles – apparaissent comme des modèles d’avenir. Elles favorisent la mutualisation des ressources, la gouvernance partagée et la durabilité économique. Financer l’innovation sociale, expliquent les auteurs, revient à investir dans la société de demain, en soutenant des modèles capables de concilier rentabilité et impact positif.
Du « faire pour » au « faire avec » : le pouvoir d’agir au cœur du changement
« Tout ce que vous faites pour moi sans moi, vous le faites contre moi » : cette citation emblématique résume un changement de paradigme fondamental. L’étude insiste sur la nécessité de replacer les bénéficiaires au centre des processus d’innovation.
Plutôt que d’imposer des solutions toutes faites, les acteurs doivent co-construire avec les communautés concernées. Cette approche participative renforce la pertinence et la pérennité des projets, tout en redonnant aux individus leur pouvoir d’agir. En somme, l’innovation sociale réussie est celle qui fait émerger la capacité d’agir collective et favorise la coresponsabilité.
L’hyperlocal, clé d’un changement global
Les transformations les plus profondes naissent souvent du terrain. L’étude met en avant des initiatives comme VoisinMalin ou Siel Bleu, qui démontrent que l’action locale peut avoir un impact systémique.
Lorsqu’un quartier, une commune ou une région s’approprie les enjeux de solidarité, de santé ou d’inclusion, les habitants deviennent acteurs du changement, et non plus simples bénéficiaires. Cette approche hyperlocale s’avère essentielle pour ancrer les transitions sociales et écologiques dans la réalité quotidienne, et créer un effet d’entraînement à plus grande échelle.
Six leviers pour bâtir l’économie de demain
De cette exploration collective, KPMG et Ashoka dégagent six leviers majeurs pour réinventer nos modèles de société :
1. L’impact : mesurer la valeur autrement
L’innovation sociale ne se limite pas à des résultats chiffrés. Elle transforme durablement les structures, les mentalités et les écosystèmes. L’impact devient ainsi une ressource stratégique, orientant les décisions et la gouvernance des organisations.
2. Le pouvoir d’agir : libérer les acteurs du changement
En transformant la gouvernance et en donnant voix aux premiers concernés, les projets gagnent en pertinence et en efficacité. C’est une invitation à passer de la gestion descendante à une co-création inclusive.
3. Les alliances : coopérer sans renoncer à son autonomie
L’étude démontre que la coopération entre secteurs – public, privé, associatif – est une source d’innovation et de résilience. En partageant leurs expertises, les organisations multiplient leur capacité d’action tout en préservant leur indépendance.
4. Le financement : assurer la pérennité de l’innovation sociale
La stabilité financière est un défi central. Les modèles de financement doivent s’adapter à des innovations dont la finalité n’est pas la rentabilité immédiate, mais la création d’une valeur sociale durable.
5. L’organisation : repenser l’équilibre entre économie, environnement et société
L’agilité organisationnelle devient un levier d’impact. Les structures capables d’évoluer en fonction des réalités locales et des parties prenantes sont mieux armées pour construire des modèles équilibrés et adaptatifs.
6. Les récits : imaginer de nouveaux horizons collectifs
Dans un monde en crise, la narration joue un rôle central. Redonner du sens, partager des récits inspirants et crédibles, c’est offrir une vision mobilisatrice de l’innovation sociale, capable d’unir et de guider les transformations.
Lire le rapport ici.
Une vision partagée pour le XXIe siècle
Pour Elsa Da Costa, directrice générale d’Ashoka France, cette étude confirme que « les innovateurs sociaux sont les architectes des politiques publiques de demain ». En valorisant leurs actions et en croisant les expertises. Ashoka et KPMG souhaitent offrir aux décideurs des clés concrètes pour allier impact social et stratégie économique.
De son côté, Bouchra Aliouat, directrice de l’Engagement Citoyen chez KPMG France. Souligne que « l’innovation sociale s’impose désormais comme un levier stratégique de création de valeur, au service du bien commun ».
Une méthodologie collaborative et prospective
L’étude s’est construite en trois étapes : une revue de littérature pour identifier les tendances et les obstacles. Une série de 21 entretiens semi-directifs auprès d’acteurs clés, puis un atelier d’intelligence collective réunissant 24 participants. Cette approche a permis d’élaborer une vision prospective et concrète, projetant des scénarios souhaitables à l’horizon 2050.
Vers une nouvelle économie de la confiance
En plaçant la coopération, la co-création et l’impact au cœur de la performance. KPMG et Ashoka invitent les acteurs économiques à repenser leurs priorités. L’innovation sociale, longtemps perçue comme un complément, devient un moteur essentiel de transformation durable.
Cette étude ne se contente pas de dresser un constat. Elle ouvre une voie, celle d’une économie fondée sur la confiance, la solidarité et la responsabilité partagée. Les fondations mêmes de la société de demain.
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