Lever les freins au financement de l’économie circulaire : quelles solutions ?

financement de l’économie circulaire

Alors que l’économie circulaire s’impose comme un levier essentiel pour préserver les ressources, réduire les déchets et limiter les émissions de CO2. Son financement demeure un défi majeur. Les institutions financières. Comme BNP Paribas, La Banque Postale, Oney et Cofidis, jouent un rôle structurant dans cette transition. Mais se heurtent à des obstacles spécifiques liés aux modèles circulaires. Dans ce contexte, Circul’R, en collaboration avec ces acteurs, a publié un rapport détaillant les principaux freins au financement de l’économie circulaire et proposant des solutions concrètes pour les surmonter. Ce document s’appuie sur une analyse de sept modèles d’affaires circulaires. Et met en lumière trois leviers clés pour adapter les financements à leurs spécificités. Illustrés par deux cas d’usage approfondis.

Le rôle structurant des institutions financières dans l’économie circulaire

L’économie circulaire repose sur la réduction de l’extraction de ressources. L’optimisation de l’usage des produits et la valorisation des matériaux en fin de cycle. Selon l’INEC, 85 % des industriels y voient une opportunité pour améliorer leur compétitivité et développer de nouveaux marchés. Les institutions financières peuvent accélérer cette transition en orientant les investissements vers des projets circulaires. En proposant des prêts adaptés à ces modèles et en créant des instruments financiers innovants qui favorisent l’usage. Le réemploi et la mutualisation. Leur action permet non seulement de soutenir les entreprises engagées dans la circularité. Mais aussi de structurer un marché encore en pleine émergence. Tout en tenant compte de la volatilité des matières premières et de l’évolution des cadres réglementaires (loi AGEC, taxonomie européenne, SFDR, CSRD).

Identifier et lever les principaux freins financiers

Le rapport de Circul’R et de la coalition “Finance Circulaire” a analysé sept modèles circulaires. Location longue durée d’équipements électroménagers, réemploi des emballages, réparation et reconditionnement, rétrofit automobile, réemploi des matériaux de construction, location de vélos et symbioses industrielles. Trois obstacles majeurs ont été identifiés :

Adapter les financements à la rentabilité différée

Les modèles circulaires basés sur l’usage (abonnement, location) génèrent des flux de revenus étalés dans le temps. Créant des besoins en fonds de roulement importants. Les financements classiques, conçus pour des achats immédiats, ne sont pas adaptés à cette réalité. Le rapport recommande de développer des instruments financiers spécifiques capables de couvrir ces décalages de trésorerie. Et de structurer les prêts pour intégrer les particularités de chaque modèle circulaire.

Anticiper la valeur résiduelle des actifs

Évaluer la valeur des actifs circulaires en fin de cycle est complexe. Notamment sur des marchés en cours de structuration comme celui des équipements électroménagers reconditionnés. L’incertitude sur la valeur résiduelle freine l’accès au financement. Le rapport propose de créer des méthodes d’évaluation adaptées pour sécuriser ces actifs et rassurer les investisseurs. En s’appuyant sur des données partagées et des standards communs.

Réviser les outils d’évaluation du risque

Les projets circulaires manquent souvent de données historiques et d’indicateurs financiers spécifiques, ce qui conduit à une surestimation des risques. Pour pallier ce problème, il est nécessaire de développer des critères et indicateurs dédiés. Permettant aux institutions financières de mesurer le risque réel lié à la circularité et de mieux orienter les investissements.

Deux cas d’usage pour tester les solutions

Parmi les modèles étudiés, deux cas d’usage ont été retenus pour approfondir l’analyse, en raison de leur impact environnemental, de leur potentiel de marché et des freins financiers représentatifs qu’ils rencontrent.

La location longue durée d’équipements électroménagers

Ce modèle prolonge la durée de vie des appareils et réduit la production de déchets. Cependant, il se heurte à la difficulté de modéliser la rentabilité, de prévoir la valeur résiduelle et de gérer les besoins en trésorerie liés à la logistique de retour. Le rapport propose plusieurs solutions : développement de modèles B2B2C (bailleurs, résidences étudiantes), assurance liée à l’usage, financement d’infrastructures de réparation, conception de produits robustes et réparables, et meilleure analyse du risque grâce au partage de données.

Le réemploi des emballages

Le réemploi des emballages, soutenu par la réglementation et une demande croissante, reste freiné par les coûts initiaux et la complexité logistique. Pour accélérer son déploiement, le rapport suggère le financement d’acteurs mutualisant les emballages standardisés, la mise en place de contrats à impact et le leasing des équipements de collecte et de lavage pour réduire les coûts d’entrée sur le marché.

Conclusion : un travail collectif pour accélérer la circularité

Le rapport de Circul’R démontre que le financement de l’économie circulaire nécessite une approche collective et adaptée aux spécificités des modèles circulaires. En réunissant institutions financières, entreprises et experts, il est possible d’identifier les freins, de proposer des solutions pragmatiques et de transformer ces pistes en actions concrètes. La coalition ambitionne désormais d’étendre ce dialogue pour financer des projets à fort impact, notamment dans les domaines de l’écologie industrielle et territoriale, du réemploi et des matériaux critiques, et ainsi contribuer à une économie circulaire viable à grande échelle.

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