Grande distribution : la revalorisation des invendus s’impose comme un levier stratégique

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À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le gaspillage alimentaire, le 16 octobre, Phenix publie son baromètre 2025. L’étude, menée auprès de 253 magasins partenaires, montre que la grande distribution a franchi un cap : la revalorisation des invendus n’est plus une initiative ponctuelle, mais un réflexe métier, à la croisée de l’impact économique, social et environnemental.

Des résultats en forte progression

En deux ans, les magasins accompagnés par Phenix ont enregistré des avancées significatives :

  • +40 % de déchets évités en hypermarché,
  • jusqu’à 82 % des invendus revalorisés pour les enseignes les plus engagées,
  • 220 000 repas sauvés par an en moyenne dans un hypermarché (+22 % vs 2022),
  • près de 90 000 repas sauvés dans un supermarché (+13 % vs 2022).

Ces performances reposent sur trois piliers principaux :

  1. Les promotions sur dates courtes, devenues un moteur clé (+31 % en 2 ans).
  2. Le don alimentaire, qui représente en moyenne 120 000 repas redistribués chaque année par hypermarché.
  3. Les paniers anti-gaspi, de plus en plus populaires, qui sauvent entre 2 600 et 4 600 repas par magasin et permettent d’éviter jusqu’à 20 tonnes de CO₂.

Un bénéfice économique tangible

Le gaspillage alimentaire représente un coût massif pour la distribution : le taux de casse atteignait en 2024 1,5 % du chiffre d’affaires en supermarché et 1,1 % en hypermarché – soit jusqu’à 550 000 € de pertes annuelles pour un grand magasin.

La revalorisation transforme cette perte en levier de marge :

  • 430 624 € de résultat économique HT/an en hypermarché,
  • 173 588 € en supermarché,
    en additionnant les ventes en dates courtes, la défiscalisation du don et les économies sur le traitement des déchets.

À cela s’ajoute la valeur des dons, estimée à 164 000 € par hypermarché et 62 000 € par supermarché, ainsi que les économies générées par l’alimentation animale pour les produits non consommables (jusqu’à 5 470 € par an en hypermarché).

Un impact environnemental mesurable

La revalorisation agit aussi comme un levier climatique :

  • Un hypermarché évite 130 tonnes de déchets et 870 tCO₂e/an, soit l’équivalent des émissions annuelles de 88 Français.
  • Un supermarché évite 48 tonnes de déchets et 290 tCO₂e/an, soit l’équivalent des émissions de 30 Français.

À l’échelle nationale, la généralisation de ces pratiques pourrait permettre d’éviter chaque année 300 000 tonnes de déchets alimentaires et 1,8 million de tonnes de CO₂.

Une dynamique à amplifier

Dix ans après la loi Garot, la lutte contre le gaspillage est devenue un enjeu stratégique pour la grande distribution. Les rayons les plus concernés restent les fruits et légumes, la crèmerie, la boucherie, la charcuterie, la volaille et la boulangerie, là où les marges de progrès sont encore les plus fortes.

Pour Simon Baldeyrou, chez Phenix :

« Ce baromètre montre qu’un pilotage rigoureux transforme un poste de perte en levier de marge et d’impact. La revalorisation est devenue un réflexe. Notre objectif pour 2026 est clair : faire de l’excellence anti-gaspi une norme accessible à tous les magasins, et la valoriser à travers le Label Anti-Gaspi. »

Méthodologie

Le baromètre repose sur l’analyse des données de 253 magasins suivis en 2024 (69 % supermarchés, 31 % hypermarchés), comparées à un panel de 215 magasins étudiés en 2022. Les impacts ont été calculés par le cabinet indépendant I Care à partir de référentiels publics.

Repères méthodologiques :

  • Un repas sauvé = 500 g de produits redistribués.
  • La casse brute = produits non vendus à taux plein ou dévalorisés.
  • Le taux de casse = part du CA HT (hors stations-service) perdue pour cause de produits retirés.

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