
Selon une étude de la Chambre de commerce internationale menée avec Sage, les PME françaises sont les plus nombreuses à disposer d’un plan de durabilité formel. Mais derrière cette avance, un constat persiste : la majorité peine encore à accéder au financement vert, faute de reporting et d’outils numériques adaptés.
1. Une ambition durable bien réelle
Paris, 6 novembre 2025 – Sage, acteur mondial des technologies de comptabilité, de paie et de finance pour les PME, dévoile les résultats du rapport SME Sustainable Finance Stocktake: Turning Ambition into Action, produit avec la Chambre de commerce internationale (ICC).
Ce document dresse un panorama inédit de la durabilité des PME dans le monde, et place la France en tête du classement des pays les plus engagés.
Près de 73 % des PME françaises déclarent aujourd’hui que la durabilité est centrale ou importante pour leur entreprise.
Mieux encore, 38 % disposent déjà d’un plan de durabilité établi, un taux supérieur à la moyenne mondiale.
L’étude montre que les priorités des petites entreprises se concentrent autour de trois axes :
- l’efficacité énergétique (58 %),
- la gestion des déchets (53 %),
- et le recours aux énergies renouvelables (32 %).
Ces chiffres traduisent une prise de conscience massive du rôle que jouent les PME dans la lutte contre le changement climatique. Comme le résume l’ICC : « L’ambition est forte, mais le passage à l’action reste freiné par le manque d’accès au financement et par la complexité du reporting. »
2. La France en tête, mais un frein mondial persistant
L’étude met en lumière un paradoxe : malgré des ambitions record, trop peu de PME sont capables de rendre compte de leur impact environnemental.
À l’échelle mondiale, seulement 32 % disposent d’une infrastructure de reporting durable.
En France, ce chiffre monte à 27 % — un résultat très supérieur à la moyenne mondiale (8 %), mais encore insuffisant pour transformer les intentions en résultats mesurables.
Parmi les obstacles identifiés :
- 62 % des PME évoquent la complexité des normes comme frein principal.
- Le manque de données fiables et d’outils adaptés est également cité comme un facteur majeur.
- Enfin, beaucoup peinent à trouver du temps ou des compétences internes pour structurer une stratégie ESG complète.
Le constat est clair : sans accompagnement technique et financier, l’essor des politiques de durabilité restera limité à un cercle d’entreprises déjà sensibilisées.
3. Le cercle vertueux du reporting et du financement
Le rapport réaffirme le lien essentiel entre transparence, financement vert et action climatique.
Ce que Sage appelle le « cercle vertueux du reporting durable » repose sur une idée simple :
les PME qui mesurent et déclarent leurs efforts environnementaux sont plus susceptibles d’obtenir des financements verts.
Les données du précédent rapport COP29 de Sage (2024) montraient déjà que 73 % des banques se disent prêtes à offrir des prêts durables aux PME, à condition de disposer de données sur leurs émissions et leurs performances ESG.
Pourtant, dans les faits, l’accès reste marginal :
- Seules 2,8 % des PME interrogées ont demandé un financement vert l’année passée.
- Et moins d’une sur 200 a obtenu un financement avec succès.
- Toutefois, la tendance s’améliore : 27 % des PME envisagent d’en faire la demande en 2026, contre 21 % un an plus tôt.
Derrière ces chiffres, un défi central : transformer la donnée environnementale en confiance financière.
4. L’IA et le numérique : catalyseurs de la durabilité
L’un des enseignements majeurs de l’étude concerne le rôle de l’intelligence artificielle (IA) et des outils numériques dans la transition durable.
Les PME qui intègrent des logiciels de comptabilité carbone ou de suivi environnemental basés sur l’IA sont :
- 1,6 fois plus susceptibles d’obtenir un financement vert,
- et 2,4 fois plus susceptibles de disposer d’un reporting ESG fiable.
Ces outils permettent d’automatiser la collecte et la consolidation des données, tout en réduisant les coûts administratifs.
L’IA ne remplace pas la stratégie, mais elle accélère le passage de l’ambition à l’action — un point souligné par Elisa Moscolin, vice-présidente exécutive de la durabilité chez Sage :
« Les PME sont en première ligne de l’action climatique, mais trop d’entre elles restent privées des outils nécessaires pour croître durablement. En utilisant l’IA et la comptabilité numérique, elles peuvent renforcer la confiance des prêteurs et débloquer des financements à grande échelle. »
5. Cinq leviers pour accélérer le financement durable des PME
Pour convertir cette ambition en résultats, le rapport propose cinq pistes concrètes à destination des pouvoirs publics, des institutions financières et des entreprises elles-mêmes :
- Simplifier le reporting de durabilité
Élaborer des normes claires, cohérentes et proportionnées, adaptées aux petites entreprises.
L’ICC préconise un alignement sur les cadres internationaux comme l’ISSB ou le modèle VSME de l’Union européenne. - Accélérer la numérisation et l’usage de l’IA
Rendre accessibles des outils abordables capables d’automatiser le reporting ESG, en connectant données comptables, factures électroniques et indicateurs d’émissions. - Renforcer le soutien et les incitations
Mettre en place des subventions, crédits d’impôt et formations dédiées pour encourager les PME à mesurer, déclarer et réduire leur empreinte carbone. - Rationaliser le partage des données
Permettre aux entreprises de “reporter une fois, utiliser plusieurs fois”, en harmonisant les demandes d’informations entre banques, clients et régulateurs. - Adapter les produits financiers
Développer des prêts liés à la durabilité, du leasing vert et des instruments de financement mixte spécifiquement conçus pour les PME.
Ces recommandations visent à combler le fossé entre les ambitions climatiques et la réalité économique des petites structures.
6. La parole aux institutions : un système encore inadapté
John W.H. Denton AO, secrétaire général de la Chambre de commerce internationale, résume le défi global :
« Les PME sont essentielles à la transition climatique mondiale, pourtant le système n’est toujours pas conçu pour elles. Nous avons besoin de cadres simples et de voies pratiques vers le financement durable. Ce rapport montre comment y parvenir. »
De fait, les PME constituent plus de 90 % du tissu économique mondial, mais ne captent qu’une fraction du financement vert disponible.
Le système bancaire, encore trop axé sur les grandes entreprises, peine à évaluer les risques et les performances ESG des petites structures.
Les auteurs du rapport plaident pour un nouvel équilibre réglementaire, où la durabilité serait encouragée par des outils de mesure accessibles et des produits financiers réellement adaptés à la taille des entreprises.
7. Méthodologie : un échantillon mondial inédit
Le rapport repose sur une enquête mondiale en ligne menée depuis la COP27 auprès de dirigeants d’entreprises de moins de 250 employés.
L’échantillon, composé de 8 250 PME réparties sur 18 pays, offre une vision globale des enjeux et écarts régionaux.
Une analyse approfondie a ensuite été conduite sur un sous-échantillon de 1 000 entreprises, incluant des sociétés jusqu’à 1 000 salariés déjà engagées dans le reporting environnemental.
Parmi les pays étudiés figurent la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Allemagne, le Brésil, le Kenya, le Maroc et l’Indonésie.
8. Une opportunité à saisir pour l’économie française
Avec 73 % des PME plaçant la durabilité au cœur de leur stratégie, la France s’impose comme un moteur européen du changement.
Mais ce leadership risque d’être freiné sans accès facilité aux financements verts.
La numérisation des processus et la diffusion d’outils simples de reporting apparaissent comme des conditions indispensables à la réussite de la transition.
Au-delà de la performance environnementale, c’est aussi la compétitivité et la résilience du tissu économique français qui sont en jeu.
Les entreprises capables de démontrer leur impact ESG bénéficieront d’un avantage stratégique majeur dans un contexte de plus en plus régulé par les critères extra-financiers.
Conclusion : de l’ambition à l’action
L’étude Sage–ICC dresse un message clair : la transition durable ne manque pas de volonté, mais de moyens.
Les PME françaises incarnent une dynamique mondiale, prouvant que la durabilité peut être au cœur de la stratégie entrepreneuriale.
Reste à transformer cet engagement en résultats tangibles, grâce à une alliance entre numérique, simplification réglementaire et accès au capital vert.
L’équation de la durabilité des PME se résume désormais ainsi : des outils pour mesurer, des données pour convaincre, et un financement pour agir.








