Le 02 février 2023 : Les portefeuilles basés sur un indice de référence orienté vers l’objectif de protection du climat de 1,5 degré Celsius, fixé dans le cadre du plan Climat à Paris d’ici 2050, pourraient bien contenir des titres de compagnies aériennes, secteur qui n’est pas vraiment connu pour ses faibles émissions de CO2…
Les indices qui suivent l’accord de Paris
Cela peut sembler paradoxal au premier abord : les portefeuilles basés sur un indice de référence orienté vers l’objectif de protection du climat de 1,5 degré Celsius, fixé dans le cadre du plan Climat à Paris d’ici 2050, pourraient bien contenir des titres de compagnies aériennes, secteur qui n’est pas vraiment connu pour ses faibles émissions de CO2. La résolution : Contrairement à d’autres indices de référence étiquetés « durables » ou « liés aux facteurs ESG », les indices de référence dits « alignés sur Paris » se concentrent sur le voyage autant que sur la destination. « Ils suivent le marché au sens large, y compris certaines industries dont les émissions de carbone sont plus élevées, afin de contribuer à transformer l’économie sur le long terme », explique Olivier Souliac, expert en ETF chez DWS. Cela signifie que les secteurs du transport ou de la construction, par exemple, font également partie des indices de référence alignés sur Paris, qui sont responsables d’émissions de CO2 relativement élevées. Mais pourquoi investir dans les industries à forte émission de CO2 ? Tout simplement parce que le potentiel d’économies y est naturellement plus important que dans les secteurs déjà « verts ». L’objectif est d’éviter le « cherry-picking », c’est-à-dire un portefeuille « vert » composé uniquement d’entreprises ayant des activités à faible émission de carbone.
Un indice dynamique pour soutenir la décarbonisation à long terme
Afin d’œuvrer à la réduction des émissions tout en restant largement investi, les indices de référence alignés sur la stratégie de Paris, pour leur part, imposent des spécifications précises. Premièrement, les entreprises incluses dans l’indice doivent émettre en moyenne beaucoup moins de gaz à effet de serre qu’un portefeuille de marché traditionnel. Deuxièmement, les émissions doivent continuer à baisser chaque année pour le portefeuille de l’indice, comme le stipule une directive européenne. Cela signifie que les entreprises qui ne réduisent pas leurs émissions de CO2 ont plus de mal à être incluses dans l’indice – leur accès au marché des capitaux est plus difficile. À l’inverse, les capitaux affluent de plus en plus vers les pionniers du climat. Ainsi, les investisseurs peuvent faire pression sur les entreprises pour qu’elles fassent plus pour la protection du climat tout en restant largement diversifiés dans leurs investissements. Ceci est particulièrement pertinent pour les clients institutionnels.
Pour illustrer le fonctionnement des indices de référence alignés sur Paris, il est intéressant d’examiner d’abord les indices classiques étiquetés « durables » ou « ISR, socialement responsables ». Ils commencent généralement par prévoir des exclusions fermes pour de nombreuses [1] activités considérées comme potentiellement controversées. Il s’agit notamment de l’alcool, des sociétés d’énergie ou des producteurs d’électricité dont le mix énergétique contient une part excessive de combustibles fossiles. Les membres de l’indice sont ensuite sélectionnés sur la base de critères ESG, en choisissant souvent des entreprises dont les niveaux d’émissions de gaz à effet de serre sont déjà nettement inférieurs. Pour faire simple, c’est également l’approche adoptée par les indices MSCI Low Carbon SRI Leaders sur lesquels sont basés les indices ESG Xtrackers. Bien que les indices de cette catégorie atteignent l’un de leurs objectifs de durabilité, à savoir une réduction significative des émissions par rapport à un portefeuille de marché, ils ne vont pas actuellement au-delà de cet objectif.
Les investisseurs peuvent donc opter pour un portefeuille combinant des critères ESG stricts et de faibles émissions de CO2, ou pour des produits plus inclusifs basés sur des indices de référence alignés sur Paris. Dans un sens, le parcours, c’est-à-dire la transformation de l’économie vers une réduction significative des émissions nuisibles au climat, est notre objectif. Il doit être atteint par le biais d’un indice dynamique destiné à orienter les investissements dans l’ensemble de l’économie – et pas seulement dans quelques secteurs déjà à faibles émissions – dans le sens des objectifs climatiques. Dans le détail, les règles des indices de référence alignés sur la stratégie de Paris sont définies comme suit : Au départ, l’intensité carbone d’un portefeuille de Benchmarks alignés sur Paris doit être d’environ 50 % de la valeur d’un portefeuille de marché. À l’avenir, son intensité de carbone devra ensuite diminuer d’au moins 7 % par an. L’intensité carbone correspond à la quantité d’équivalent CO2 générée par l’entreprise concernée et ses fournisseurs par rapport à la valeur marchande de l’entreprise.
Étant donné que les indices de référence alignés sur la stratégie de Paris 2050 sont censés refléter le marché au sens large, cela signifie qu’à long terme, les exigences en matière de protection du climat imposées aux entreprises de presque tous les secteurs pour pouvoir figurer dans un indice augmenteront. Les émissions ne peuvent diminuer durablement que si, par exemple, l’intensité de carbone diminue également dans les secteurs du transport, de la construction, de la chimie et de l’ingénierie. Un détail important : il existe également des exclusions dans les indices de référence alignés sur la stratégie de Paris pour les entreprises qui dépassent certaines limites de chiffre d’affaires dans l’extraction ou le traitement des énergies fossiles. À cet égard, l’UE s’est inspirée des résultats d’une analyse de scénario du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) concernant la réduction des gaz à effet de serre provenant de sources fossiles.
Non seulement sous-pondérer les mauvais élèves en matière de climat, mais aussi promouvoir les pionniers.
Une autre différence importante des indices de référence alignés sur Paris par rapport aux autres indices : Ils sont les seuls à être directement issus d’un règlement de la Commission européenne. Toute personne qui investit dans un ETF basé sur un indice aligné sur Paris peut être assurée que les mêmes règles strictes s’appliquent. Cela inclut le fait que les indices de référence alignés sur Paris sont conçus pour être investis à long terme afin de contribuer au financement de la transition vers un avenir à plus faible émission de carbone. « Il s’agit aussi explicitement de tirer parti des opportunités qui se présentent aux entreprises qui réussissent à s’adapter à cette tendance vers la décarbonisation », explique M. Souliac, expert en ETF. C’est pourquoi les indices utilisés par DWS dans ses ETF Xtrackers Paris Aligned sont également alignés sur les recommandations de l’Institutional Investors Group on Climate Change (IIGCC). Selon celles-ci, les entreprises qui se sont fixé des objectifs transparents et compréhensibles pour réduire leurs émissions doivent être privilégiées dans la pondération de l’indice. Un facteur décisif est la mesure dans laquelle les Science-Based Targets, tels que définis par l’initiative du même nom, sont adoptés.
En résumé, les indices de référence alignés sur Paris conviennent aux investisseurs qui, comparés à un univers d’investissement largement diversifié, souhaitent soutenir la décarbonisation de leur portefeuille et de l’économie grâce à leurs investissements à long terme.