Ce sont des feux qui ne meurent jamais. Les “feux zombies” qui frappent l’Arctique, couvent pendant l’hiver et ressurgissent lorsque des températures extrêmes pendant l’été. Or ce phénomène pourrait s’aggraver avec le réchauffement climatique, préviennent des chercheurs dans une nouvelle étude. Les régions polaires se réchauffant bien plus vite que les autres zones du globe.
Des feux dormants ?
Ce sont des feux qu’on croyait éteint et qui reviennent d’entre les morts. Les feux zombies sont des feux dormants qui couvent dans les tourbières de l’Arctique. Dans la région, le sol est très riche en carbone, favorisant ainsi le maintien des braises en profondeur même pendant la période hivernale. Alors qu’en surface, un long manteau blanc laisse supposer que le feu est éteint, ce dernier se réveille lorsque la météo paraît plus favorable. C’est ce qui s’est passé l’année dernière lorsque de gigantesques incendies ont enflammé l’Arctique.
Et ce phénomène pourrait s’aggraver, selon une étude parue le mercredi 19 mai dans la revue Nature. Des chercheurs ont utilisé de données satellites pour retracer la saison des incendies en Alaska et dans le nord-ouest du Canada sur une période de 17 ans. Il en ressort que des températures extrêmes l’été et une saison intense d’incendies permettent à certains feux de pénétrer dans le sol des tourbières riche en carbone, qui les alimente pendant l’hiver.
Cercle vicieux
Or les températures augmentent plus vite dans les régions polaires que dans d’autres zones du globe. L’Arctique dans son ensemble a connu sa deuxième année la plus chaude jamais mesurée en 2020, à 2,2°C au-dessus de la moyenne 1981-2020. “Quand les gens pensent aux feux de forêt, ils pensent à des arbres qui brûlent”, indique Sander Veraverbeke, de l’université libre d’Amsterdam et co-auteur de l’étude. “Mais dans ces zones du Grand Nord, dans les forêts boréales, environ 90 % du carbone émis vient du sol”.
La neige joue aussi un rôle d’isolant, poursuit-il. Selon cette étude, ces feux “zombies” restent relativement rares et ont contribué à 0,8 % des zones brûlées entre 2002 et 2018. Mais cela varie fortement en fonction des températures estivales, avec un chiffre qui a grimpé à 38 % des zones brûlées une année.
D’autant que ces feux sont de véritables bombes climatiques. En brûlant, les tourbières libèrent énormément de gaz carbonique qui contribue au réchauffement climatique. Un cercle vicieux auquel il est difficile de mettre un terme. Pour Michael Waddington, professeur à l’université McMaster en écohydrologie, cette étude, à laquelle il n’a pas participé, va au moins permettre de mieux anticiper “si l’année prochaine sera un problème”, explique-t-il au New York Times.