
Le secteur immobilier français est confronté à des enjeux environnementaux croissants, avec des obligations réglementaires de plus en plus strictes et une pression sociétale forte pour réduire l’empreinte écologique des bâtiments. Dans ce contexte, l’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID) publie la nouvelle édition de son Baromètre de la Performance Énergétique et Environnementale (BPE) 2025. Cette étude, fondée sur l’analyse de 32 700 bâtiments représentant 123 millions de m², fournit un panorama détaillé des consommations, des émissions de gaz à effet de serre et des indicateurs clés pour le parc résidentiel et tertiaire. Elle constitue un outil stratégique pour guider les acteurs de l’immobilier dans la transition écologique.
Un outil de référence en constante évolution
Le BPE 2025 s’appuie sur des données collectées auprès de 53 sociétés, renforçant ainsi la représentativité et la fiabilité de l’étude. Chaque année, de nouveaux indicateurs sont intégrés pour offrir un cadre d’analyse plus complet et comparatif, non seulement au niveau national mais également à l’échelle européenne. Parmi les nouveautés de cette édition, le baromètre inclut désormais : la moyenne des performances énergétiques en plus des meilleurs 15 % et 30 % du parc, des indicateurs combinant énergie primaire, énergie finale et émissions de gaz à effet de serre, ainsi que des données permettant une comparaison avec d’autres pays européens. Ces évolutions permettent aux professionnels de l’immobilier d’adapter leurs décisions opérationnelles tout en répondant aux exigences réglementaires croissantes.
Une méthodologie transparente et fiable
La rigueur méthodologique de l’OID garantit la crédibilité des résultats. Tous les indicateurs des années précédentes sont recalculés pour intégrer les nouvelles données, les contrôles qualité et les facteurs de conversion actualisés. Cette démarche permet de suivre une évolution cohérente des consommations et des émissions, en assurant une lisibilité claire des tendances du secteur. La transparence des calculs et de la méthodologie contribue également à favoriser la collaboration et l’innovation entre les acteurs de l’immobilier.
Consommations énergétiques : une année 2024 mitigée
Après plusieurs années de diminution des consommations, 2024 marque un ralentissement, voire une inversion de certaines tendances. L’augmentation globale de 0,6 % de la consommation d’énergie finale, corrigée du climat, reflète une reprise générale des usages énergétiques dans le pays. Différents facteurs, tels que la baisse des prix de l’énergie ou un relâchement des efforts de sobriété, expliquent en partie ce phénomène.
Bureaux et tertiaire : une baisse trop lente
Les bâtiments de bureaux continuent de réduire leurs consommations, mais à un rythme très modéré (-0,7 % contre -6,3 % l’année précédente). Si cette tendance se poursuit, le parc tertiaire ne pourra pas atteindre les objectifs ambitieux fixés par le décret tertiaire, qui prévoit une réduction de 40 % de la consommation d’ici 2030. L’intégration des nouvelles surfaces construites accentue l’écart avec les objectifs, avec une baisse attendue de seulement 15,4 % par rapport à 2010.
Centres commerciaux et commerces : contrastes sectoriels
Les centres commerciaux enregistrent une amélioration notable, avec une diminution de 11,3 % de la consommation énergétique des parties communes, malgré une fréquentation en hausse. Pour les commerces de détail, l’étude introduit pour la première fois des indicateurs spécifiques. Les commerces alimentaires présentent des consommations et des émissions beaucoup plus élevées que les commerces non-alimentaires en raison des équipements énergivores nécessaires à leur fonctionnement.
Hôtellerie, logistique et résidentiel : des trajectoires variées
Dans l’hôtellerie, la tendance positive observée en 2023 s’essouffle. Entre 2023 et 2024, le nombre de nuitées diminue de 2,4 %, accompagné d’une baisse modérée de la consommation énergétique (-1,1 %). La logistique, quant à elle, voit sa consommation énergétique moyenne augmenter de 4,1 %, retrouvant le niveau de 2022, en parallèle à l’évolution du transport routier de marchandises.
Le secteur résidentiel connaît une remontée significative de la consommation finale (+4,4 %), suivant la tendance nationale. La trajectoire de décarbonation du parc résidentiel s’en trouve également affectée, avec une hausse des émissions de 3,4 % par rapport à 2023.
Hôpitaux et EHPAD : progrès constants
Les établissements hospitaliers et les EHPAD enregistrent des baisses régulières de leurs consommations et émissions. Pour les hôpitaux et cliniques, la consommation finale diminue de 1,3 % en 2024, avec une réduction continue des émissions depuis 2022. Dans les EHPAD, la consommation continue de décroître (-2,6 %), tandis que le taux d’occupation augmente, montrant un exemple réussi de maîtrise énergétique dans des structures à forte intensité d’usage.
Des données accessibles pour accompagner la transition
L’OID met à disposition l’ensemble des résultats du BPE 2025, y compris la méthodologie complète et les données détaillées, via son centre de ressources en libre accès. Cette approche ouverte vise à stimuler l’innovation et la coopération au sein du secteur immobilier, en fournissant des références fiables pour orienter la transition écologique.
Conclusion
Le Baromètre 2025 de l’Observatoire de l’Immobilier Durable souligne l’importance d’un suivi précis et régulier des consommations et des émissions dans le secteur immobilier. Si certaines filières affichent des progrès significatifs, d’autres peinent à suivre le rythme des objectifs nationaux et européens. L’étude met en lumière la nécessité d’intensifier les efforts pour atteindre une véritable transition énergétique, tout en offrant aux acteurs de l’immobilier des outils fiables pour piloter leurs actions et décisions stratégiques.
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