
Le quatrième trimestre de 2024 a marqué une évolution significative dans la dynamique des fonds SFDR classés selon la réglementation SFDR. Tandis que les fonds relevant de l’article 8 ont enregistré une collecte record. Soutenue principalement par l’attrait des obligations, les fonds classés article 9 ont continué à subir des sorties de capitaux massives. Parallèlement, la réglementation en matière d’investissements durables connaît d’importants ajustements. Avec de nouvelles lignes directrices de l’ESMA susceptibles d’affecter la structure et la nomenclature des fonds ESG.
Une croissance dynamique des fonds Article 8
Les fonds SFDR classés article 8 ont enregistré des souscriptions nettes de 52 milliards d’euros au dernier trimestre 2024, un record annuel. Cette performance repose principalement sur les fonds obligataires, qui ont bénéficié de conditions de marché favorables. En revanche, les fonds d’actions de cette catégorie ont subi des rachats nets tout au long de l’année. Les investisseurs leur préférant des stratégies plus conventionnelles.
Les fonds gérés activement de l’article 8 ont attiré 36,3 milliards d’euros, tandis que les fonds passifs ont connu une croissance stable avec 15,7 milliards d’euros de flux entrants. Globalement, les actifs sous gestion des fonds SFDR articles 8 et 9 ont atteint 6 100 milliards d’euros, soit 60 % du marché total.

Poursuite du déclin des fonds SFDR Article 9
Les fonds classés article 9 ont subi leur cinquième trimestre consécutif de décollecte, avec une sortie record de 7,3 milliards d’euros, en forte augmentation par rapport aux 3 milliards du trimestre précédent. Cette tendance traduit la prudence des investisseurs face aux critères exigeants de durabilité et aux incertitudes réglementaires en cours.
Par ailleurs, le nombre de nouveaux fonds article 9 lancés est en légère baisse, bien qu’ils continuent de représenter une part significative des fonds créés dans l’UE (58 %). En revanche, les fusions et liquidations sont plus réduites par rapport aux fonds article 6, traduisant une certaine résilience de cette catégorie.
Transformation réglementaire des fonds SFDR & ESG
La réglementation des fonds ESG connaît une profonde mutation avec la mise en œuvre imminente des directives de l’ESMA sur la dénomination des fonds. Il est estimé que 30 à 50 % des fonds ESG, soit entre 1 200 et 2 200 fonds, pourraient changer de nom, ce qui impliquerait des suppressions, ajouts ou fusions pour les fonds les moins performants.
Déjà, au dernier trimestre 2024, 65 fonds articles 8 et 9 ont modifié leur appellation, contre 33 trois mois auparavant. Sur l’ensemble de l’année, ce chiffre atteint 170 fonds. Ces changements sont essentiels pour les investisseurs qui doivent surveiller l’impact potentiel sur la composition et le risque de leurs portefeuilles.
Réformes et orientations de la Commission Européenne
Face à la complexité croissante des réglementations durables, la Commission européenne a annoncé une simplification des règles dans le cadre de la révision de la directive SFDR. Un projet de réglementation, l’Omnibus Regulation, prévu pour février 2025, devrait inclure une réduction des obligations de reporting de 25 % d’ici 2025. Des délais de mise en œuvre prolongés et des critères de matérialité allégés sont également envisagés.
Parallèlement, les autorités européennes (ESMA, EBA, EIOPA) poursuivent leur engagement en faveur d’une finance durable, avec des mesures contre le greenwashing et des exigences renforcées en matière de transparence.
Le quatrième trimestre 2024 confirme la résilience des fonds article 8, tandis que les fonds article 9 continuent de souffrir d’une perte de confiance des investisseurs. La mutation réglementaire en cours, avec de nouvelles obligations de transparence et des modifications structurelles au sein des fonds ESG, pourrait redéfinir le paysage de l’investissement durable en Europe. Les investisseurs devront ainsi adapter leurs stratégies pour naviguer dans ce nouvel environnement réglementaire en constante évolution.
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