Brésil : l’inflation résistera-t-elle à la politique ?

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À l’approche des élections de 2026, le Brésil tente de concilier dépenses politiques, inflation persistante et incertitudes économiques. Entre Lula et les conservateurs, le pays avance sur une ligne de crête où chaque décision budgétaire peut renforcer ou fragiliser sa stabilité financière.

Une élection décisive pour l’économie brésilienne

Les élections présidentielles de 2026 pourraient redéfinir la trajectoire économique du Brésil. À 79 ans, Lula pourrait choisir de ne pas se représenter. Et s’il le fait, sa réélection est loin d’être acquise. Sa popularité a chuté, notamment à cause de la hausse des prix alimentaires et d’une croissance modérée, estimée entre 1,6 % et 2,3 % cette année.

En face, aucun successeur clair n’émerge du camp conservateur. L’ancien président Jair Bolsonaro reste empêtré dans une procédure judiciaire, tandis que les options Michelle Bolsonaro, Eduardo Bolsonaro ou Tarcísio de Freitas suscitent des doutes quant à leur portée nationale.

Des leviers budgétaires très contraints

Le principal obstacle à la générosité préélectorale réside dans la structure du budget brésilien : 92 % sont affectés à des dépenses obligatoires (retraites, salaires, santé, éducation, dette). Seuls 8 % restent disponibles pour des mesures discrétionnaires.

Le plafond de dépenses (“teto de gastos”), introduit en 2016, limite encore la marge de manœuvre. Lula l’a déjà assoupli en 2023, mais une nouvelle modification pourrait provoquer une fuite des capitaux et raviver l’inflation. Il semble peu probable qu’il tente à nouveau de contourner cette règle.

Les options politiques alternatives de Lula

Pour stimuler la popularité sans crever le cadre budgétaire, le gouvernement pourrait mobiliser les entreprises et banques publiques. Petrobras, Eletrobras ou encore la BNDES pourraient investir ou accorder des crédits bonifiés dans des secteurs clés (logement, infrastructures, agriculture).

Mais ces solutions ont un coût : elles alimentent la demande sans freiner l’inflation. Le programme de prêts sur salaire récemment lancé (250 milliards R$ injectés) risque ainsi de surchauffer l’économie.

Une inflation persistante, malgré des taux élevés

L’inflation au Brésil oscille entre 5,5 % et 6 %, loin des 3 % visés officiellement. Pour contenir cette hausse, la banque centrale a relevé le taux Selic à 14,25 %. Il pourrait atteindre 15 % d’ici mi-2025. Certains économistes estiment que seule une hausse à 16 % ou 18 % serait réellement efficace, mais ce scénario semble peu probable à court terme.

Le dilemme est donc clair : d’un côté, la banque centrale freine l’économie avec des taux élevés ; de l’autre, le gouvernement cherche à dynamiser la consommation pour préparer sa réélection.

Le rôle des partis centristes et des États clés

Dans un pays aussi fragmenté, les partis centristes jouent un rôle de bascule. Ils pourraient soutenir Lula, à condition qu’il maintienne les réformes sociales populaires comme la Bolsa Família. Par ailleurs, des États décisifs comme le Minas Gerais, souvent révélateurs du vote national, penchent encore en faveur du président sortant.

Un retour conservateur : opportunité ou risque ?

Si la droite revenait au pouvoir, elle pourrait imposer une discipline budgétaire plus stricte. Les investisseurs y verraient sans doute un signal de stabilité. Mais la transition politique pourrait être agitée. Le souvenir du mandat clivant de Bolsonaro, ainsi que d’éventuelles tensions sociales, pourraient peser lourd.

Un gouvernement conservateur chercherait sans doute à réduire les dépenses, stabiliser la dette et favoriser l’investissement privé. Mais toute coupe brutale dans les programmes sociaux pourrait provoquer des résistances.

Et sur le plan international ?

Qu’importe le vainqueur, le Brésil devrait maintenir une politique extérieure équilibrée. Toutefois, une récession américaine ou un retour imprévisible de Trump à la Maison-Blanche pourrait provoquer des remous sur les marchés émergents. Dans ce contexte, la capacité de la banque centrale brésilienne à défendre la monnaie pourrait être mise à rude épreuve.

Conclusion : un équilibre difficile entre politique et stabilité

Le Brésil aborde un tournant. Le prochain gouvernement devra composer avec une réalité économique tendue : inflation forte, dette élevée, contraintes budgétaires strictes. Qu’il s’agisse de Lula ou d’un rival conservateur, il leur faudra trouver un équilibre entre ambition électorale et crédibilité macroéconomique.

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