Ciao Gouvernement Bayrou

Gouvernement Bayrou

Le gouvernement Bayrou vit ses derniers jours. Mais faut-il s’inquiéter pour la transition écologique ? Un pays sans gouvernement stable n’avance pas. Cela peut sembler une banalité, mais le constat est implacable : si toutes les nations ont choisi de se doter d’un exécutif, c’est bien qu’il joue un rôle central. Et dans un système comme le nôtre, où l’exécutif détient l’agenda parlementaire, prépare les projets de loi, rédige les décrets d’application, et nomme une partie importante des hauts fonctionnaires, la stabilité gouvernementale conditionne directement la capacité à agir – y compris pour le climat.

Une économie en attente

Depuis la dissolution, un climat d’incertitude s’est installé dans les milieux économiques. Les investisseurs ralentissent, les projets sont repoussés. Certes, une baisse de l’activité entraîne mécaniquement une réduction des nuisances environnementales, mais il s’agit d’un effet collatéral, subi et non choisi. La transition écologique, au contraire, suppose visibilité et pilotage de long terme.

Quand Bercy prend la main

L’affaiblissement du politique ouvre un espace accru aux hauts fonctionnaires. Dans ce vide, ce sont surtout les gardiens du budget qui imposent leur logique. Leur réflexe ? Restreindre les dépenses. Mais quand l’investissement coupé concerne la décarbonation, c’est un coup d’arrêt direct pour les objectifs climatiques.

Les collectivités : volontaires mais limitées

Face à ce vide, les élus locaux apparaissent plus constants. Ils pilotent 80 % de l’investissement public : infrastructures, transports, bâtiments. Leur rôle est donc décisif. Mais leur action reste fragmentée. Sans cadre national clair, ils ne peuvent ni donner de visibilité aux entreprises, ni sécuriser la confiance des ménages.

L’Europe déséquilibrée

On pourrait croire que l’Europe offre une stabilité indépendante des soubresauts français. Mais l’Union est la somme de ses États. Quand Paris s’absorbe dans ses querelles, l’équilibre bascule. Plus la France s’efface, plus l’agenda se germanise. Et une Europe moins équilibrée devient aussi plus vulnérable face aux États-Unis.

Un choix aux conséquences géopolitiques

Mettre fin à l’expérience Bayrou, ce n’est pas seulement sanctionner un homme ou un programme. C’est aussi renforcer, de facto, l’influence de Friedrich Merz en Allemagne et de Donald Trump aux États-Unis. Chaque député devrait garder à l’esprit cette dimension stratégique avant de voter.

Pas de miracle à attendre

Enfin, il faut rester lucide : la transition énergétique s’inscrit dans une décrue contrainte. Aucun successeur de Bayrou n’aura de baguette magique. Les marges de manœuvre existent, mais elles ne peuvent inverser la logique physique : moins d’énergie disponible, plus de sobriété imposée. Les médias gagneraient à rappeler plus souvent cette réalité incontournable.

La stabilité politique n’est pas un luxe pour la finance verte, c’est une condition. Chaque crise gouvernementale fragilise l’investissement, ralentit la transition et affaiblit la position de l’Europe dans le monde.

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