
Système agroalimentaire durable : alors que les chaînes d’approvisionnement agroalimentaires mondiales subissent de fortes pressions, la nécessité d’un changement de cap s’impose. Inflation, préoccupations environnementales, perte de biodiversité et urgence climatique exigent une réinvention profonde du secteur agricole. En réponse, la finance durable s’affirme comme un levier stratégique pour accélérer cette transformation, orienter les investissements vers une agriculture résiliente et bâtir un système alimentaire plus équitable et respectueux de l’environnement.
Dans cette dynamique, l’expertise des institutions financières comme ING joue un rôle essentiel. En accompagnant les acteurs du secteur dans leur transition, elles permettent de combiner performance économique et responsabilité environnementale. Voici un état des lieux des défis à relever et des pistes concrètes pour rendre l’agriculture plus durable.
Une pression croissante sur le secteur agroalimentaire
Face à la croissance démographique mondiale, la demande alimentaire explose, rendant plus urgente que jamais la nécessité de produire plus avec moins. En parallèle, les contraintes environnementales se renforcent : selon l’Agence européenne pour l’environnement, l’agriculture est responsable de 11 % des émissions de CO₂ et de 52 % des émissions de méthane au sein de l’Union européenne. Bien que le secteur ait réduit ses émissions de 25 % depuis 1990, les efforts doivent s’intensifier pour atteindre les objectifs climatiques fixés pour 2030.
Mais cette transformation ne concerne pas uniquement le climat. Elle touche aussi à la sécurité alimentaire, à la santé publique et à la résilience des territoires. Produire durablement, c’est aussi garantir un accès à une alimentation saine, maintenir les équilibres écologiques et préserver les ressources naturelles indispensables à long terme.
La finance durable comme moteur de la transition
Pour engager ce virage, les investissements doivent suivre. C’est là qu’intervient la finance durable, qui vise à canaliser les flux financiers vers des projets à impact environnemental et social positif. ING s’inscrit pleinement dans cette logique, avec des équipes dédiées à l’agriculture et à l’agroalimentaire. Leurs actions couvrent une grande diversité de segments — des céréales aux produits laitiers en passant par les fruits, légumes ou boissons — et s’étendent à l’échelle mondiale.
L’accompagnement va au-delà du simple financement : il s’agit de conseiller les entreprises dans leurs choix stratégiques, de mesurer leur empreinte carbone, et d’identifier des leviers d’action adaptés. Cela passe par exemple par le soutien à l’agriculture régénérative, à la préservation de la biodiversité ou à l’adaptation aux aléas climatiques, de plus en plus fréquents.
Un défi structurel : les émissions en amont de la chaîne
L’un des obstacles majeurs réside dans la répartition des émissions au sein des chaînes de valeur. Si les grandes entreprises agroalimentaires peuvent relativement facilement réduire leurs propres émissions (dites scope 1 et 2), celles-ci ne représentent qu’une faible part du total. L’essentiel des émissions se situe en amont, chez les producteurs agricoles.
C’est pourquoi ING a mis en place une équipe dédiée aux « chaînes de valeur durables », dont la mission est de favoriser la coopération entre tous les acteurs impliqués — des agriculteurs aux distributeurs — afin de développer des solutions communes. Cette approche collaborative est indispensable pour construire des trajectoires de décarbonation crédibles et atteindre les objectifs de neutralité carbone.
Le manque de données et la complexité du cadre réglementaire
Le déploiement de solutions durables se heurte également à un manque d’infrastructures de mesure et de reporting, notamment dans certaines régions du globe où les régulations sont moins strictes ou les outils de suivi insuffisants. Ce déficit d’information freine la mise en place d’indicateurs clairs et mesurables pour évaluer les progrès réalisés.
Cette difficulté a même conduit à retirer temporairement le secteur agricole de la taxonomie européenne, faute de pouvoir définir une base d’évaluation commune. Par ailleurs, les enjeux de rentabilité à court terme poussent de nombreux industriels à privilégier l’expansion ou la compétitivité sur la durabilité, alors que les consommateurs, eux, restent souvent réticents à payer plus cher pour des produits plus vertueux.
Biodiversité et nature : des enjeux plus difficiles à quantifier
Depuis l’adoption du cadre mondial pour la biodiversité lors de la COP15, les entreprises sont appelées à aller plus loin que la simple réduction des émissions : elles doivent désormais intégrer la préservation de la nature dans leur stratégie. L’objectif est clair : protéger au moins 30 % des terres et des eaux d’ici à 2030.
Cependant, contrairement au carbone, il est difficile de quantifier précisément l’impact des actions sur la biodiversité. Pour répondre à ce défi, ING développe actuellement un cadre d’analyse afin de mieux comprendre les effets de ses financements sur les écosystèmes. L’approche « zéro déforestation » de la banque évolue désormais vers une stratégie globale centrée sur la nature, incluant par exemple l’usage de l’eau ou la gestion des déchets dans les usines agroalimentaires.
La coopération, clé de la transformation du système
Les financements seuls ne suffisent pas. Une véritable transformation nécessite une coopération étroite entre les différents maillons de la chaîne, mais aussi un dialogue renforcé avec les autorités réglementaires. ING s’investit dans la création d’espaces d’échange, comme les tables rondes sectorielles ou le Food Transformation Forum aux Pays-Bas, qui réunissent chaque année les leaders de l’industrie pour échanger sur les défis communs.
L’objectif : co-construire des solutions qui tiennent compte des réalités économiques, environnementales et sociales, en dépassant les logiques de silo. Ce dialogue est essentiel pour aligner les réglementations, harmoniser les normes et encourager des transitions cohérentes à l’échelle européenne et mondiale.
Vers un système alimentaire plus résilient et équitable
La transition vers un modèle agroalimentaire durable n’est pas une option, c’est une nécessité. Pour ING, cette conviction se traduit par un engagement actif à financer les projets qui façonnent l’avenir : agriculture régénérative, technologies propres, pratiques responsables, partenariats innovants.
Soutenir les entreprises dans cette mutation, c’est aussi contribuer à la construction d’un avenir plus sain, plus juste et plus respectueux des limites de notre planète. En combinant expertise sectorielle, puissance financière et engagement environnemental, la finance durable peut jouer un rôle déterminant dans l’édification d’un système alimentaire résilient, capable de nourrir durablement une population mondiale en pleine croissance.
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