La conférence COP16 de la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies, prévue à Cali, marque une étape clé dans la mise en œuvre du plan mondial pour la biodiversité, ratifié lors de la COP15 en 2022. Cet événement constitue un moment crucial pour évaluer et renforcer les mesures prises à l’échelle internationale pour protéger et restaurer la biodiversité. L’implication croissante du secteur privé, les engagements des gouvernements, et la mobilisation de financements substantiels pour la nature sont autant de sujets centraux qui façonneront cette conférence.
Le cadre Kunming-Montréal : un tournant dans la lutte pour la biodiversité
La signature de l’accord Kunming-Montréal en 2022, lors de la COP15, a marqué un véritable tournant dans les efforts mondiaux pour contrer la perte de biodiversité. Ce plan, également appelé “Global Biodiversity Framework” (GBF), vise à protéger 30 % des terres et des mers d’ici 2030. Contrairement aux précédentes initiatives, cet accord s’accompagne d’une série d’objectifs concrets et de mécanismes de suivi, incluant des indicateurs clairs et une stratégie de mobilisation des ressources.
L’adoption de ce cadre témoigne également de l’implication sans précédent du secteur privé. En particulier, la cible 15, qui engage les grandes entreprises à surveiller, évaluer et rendre publics leurs impacts sur la biodiversité, illustre la nouvelle dynamique dans les relations entre gouvernements et entreprises. La COP16 sera une étape décisive dans l’évaluation de la mise en œuvre de ces objectifs, tout en agissant comme un levier pour une mobilisation accrue des investisseurs.
La COP16 : un catalyseur pour les investisseurs et les entreprises
Bien que la biodiversité ait commencé à émerger comme un enjeu d’investissement, elle reste encore perçue comme une niche. La COP16 pourrait jouer un rôle clé en encourageant le secteur privé à intensifier ses efforts pour intégrer les enjeux de biodiversité dans ses stratégies. Cela inclut non seulement la prise en compte des risques liés à la dégradation de la nature, mais aussi l’identification d’opportunités économiques dans le cadre de la transition écologique.
De nombreuses initiatives contribuent déjà à sensibiliser les entreprises. Par exemple, plus de 400 organisations ont adopté les recommandations de la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD), visant à divulguer leurs dépendances et impacts liés à la biodiversité. D’autres initiatives, telles que “Business for Nature” et la campagne “It’s Now for Nature”, cherchent à pousser le secteur privé à agir de manière proactive pour protéger la nature. La COP16 devrait permettre de renforcer ces initiatives et de créer un élan collectif pour la transition vers une économie plus respectueuse de la biodiversité.
Mobiliser des financements pour une protection durable de la biodiversité
L’un des principaux défis à la COP16 sera la mobilisation de financements adéquats pour la protection de la biodiversité. L’accord Kunming-Montréal vise à générer 700 milliards de dollars annuels d’ici 2030 pour soutenir les initiatives de conservation. Cependant, les négociations autour de ces fonds s’annoncent complexes. Bien que des progrès aient été réalisés, notamment avec la création du “Global Biodiversity Framework Fund”, la manière dont ces fonds seront mobilisés et distribués demeure un point de débat.
L’enjeu est également d’identifier et de réformer les subventions néfastes à la biodiversité. Par exemple, les subventions soutenant des pratiques agricoles destructrices devront être progressivement éliminées d’ici 2025. La COP16 permettra d’examiner les progrès dans ce domaine et d’explorer les moyens de réorienter ces flux financiers vers des initiatives positives pour la nature.
Un cadre de suivi pour garantir l’atteinte des objectifs mondiaux
Pour assurer la réussite du plan Kunming-Montréal, la mise en place d’un système de suivi rigoureux est indispensable. À la COP16, les gouvernements devront soumettre leurs stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité, s’assurant qu’ils soient alignés avec les objectifs du cadre mondial. La France, par exemple, a déjà lancé son programme national en faveur de la biodiversité, avec des initiatives visant à impliquer activement les entreprises dans la conservation de la nature.
Parallèlement, des discussions auront lieu pour finaliser un cadre d’indicateurs permettant de mesurer les progrès réalisés à l’échelle internationale. Ce cadre comblerait une lacune majeure du précédent plan mondial (2011-2020), dont l’échec a été attribué en partie à l’absence d’un suivi efficace. La COP16 devra donc veiller à ce que cette nouvelle approche garantisse une mise en œuvre transparente et mesurable des objectifs.
Vers une meilleure intégration des enjeux de biodiversité dans les stratégies d’entreprises
Pour assurer une adoption généralisée du plan mondial pour la biodiversité, il est essentiel que les entreprises disposent de lignes directrices claires adaptées à leurs secteurs d’activité. La COP16 devrait encourager la création de guides sectoriels permettant de traduire les objectifs globaux en actions concrètes. Ces outils, déjà en cours de développement par des organisations telles que le World Business Council for Sustainable Development. Pourraient jouer un rôle clé dans l’appropriation de ces enjeux par les entreprises.
Cette “sectorisation” des objectifs biodiversité permettra non seulement d’accélérer la mise en œuvre du cadre mondial. Mais aussi de créer des synergies entre les gouvernements et le secteur privé. En facilitant la compréhension des actions prioritaires dans chaque secteur. La COP16 devrait permettre d’orienter les entreprises vers des solutions plus efficaces et bénéfiques à la fois pour la nature et pour leur résilience économique.
Un pas vers une transition écologique intégrée
La COP16 représente une opportunité majeure pour renforcer la coopération internationale en matière de biodiversité et pour mobiliser des financements cruciaux. En intégrant les enjeux de biodiversité dans les stratégies économiques et financières. La communauté internationale pourra non seulement freiner la dégradation des écosystèmes, mais aussi assurer une transition écologique durable. Le rapprochement entre les enjeux climatiques. De biodiversité et d’autres crises environnementales, comme la pollution plastique, pourrait encore renforcer la cohérence des actions prises à l’échelle mondiale. Ainsi, la COP16 ouvre la voie vers une gestion plus intégrée et plus durable des ressources naturelles.
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