Il semble encore difficile pour les opérateurs de marché de se projeter clairement dans l’avenir et si les premiers mois post-traumatiques du choc de la crise avaient vu un retour rapide des actifs risqués, c’est la volatilité et le principe de « tôle ondulée » qui prime depuis plusieurs semaines, comme on l’a encore remarqué la semaine passée avec des chutes de valorisations significatives sur les actions, quelques écartements de primes de crédit sur le marché des obligations corporate, et surtout des taux souverains qui ont poursuivi leur chute, symbole le plus clair du « flight to quality » vu leur niveau actuel, déjà au plancher.
Au vu des rendements d’Etat européens, les investisseurs restent donc relativement inquiets à court-moyen terme sur la zone car ils manquent cruellement de visibilité sur la plupart des sujets fondamentaux qui fondent habituellement leurs analyses :
- La banque centrale a déjà annoncé qu’elle était pied au plancher depuis plusieurs mois : aucune nouvelle surprise ou espérance à envisager pour le moment de ce côté. Pour la première fois, les marchés en viendraient presque à espérer que les banques centrales en viennent à réduire à nouveau leurs injections de liquidités car un retour en arrière signifierait que l’économie se rétablit, mais ce n’est actuellement pas une option…
- Les Etats ont également déjà annoncé il y a plusieurs semaines les plans de relance les plus ambitieux en termes de montants alloués. Si certains analystes espèrent que les ratifications de ces plans, encore à la peine aujourd’hui en Eurozone à cause de tensions politiques, relanceront le marché, il n’en est, selon nous, rien du tout. L’annonce est déjà faite, les négociations sont un prérequis habituel et les marchés restent ancrés à la certitude que les plans seront globalement ratifiés, dans les jours à venir ou dans les semaines suivantes. Si les marchés financiers pensaient réellement que les plans américains ou européens puissent tomber à l’eau, ils reviendraient probablement sur leurs plus bas de mars, tant les économies sont exsangues et les perfusions nécessaires, alors que la crise sanitaire reprend de plus belle, presque plus massivement qu’au printemps et avec la certitude d’une certaine longévité, puisque les gouvernants parlent aujourd’hui de mi-2021… Tandis qu’on évoquait le T4 2020 au printemps…
- Les corporates peinent toujours, et on les comprend, à donner des perspectives de chiffres pour les mois, voire les années à venir. C’est donc le flou total pour les analystes et, en dehors de certains secteurs, nous considérons que ceux qui s’évertuent à faire des prévisions trop précises méritent une grande défiance.
- Les économistes, à peu près comme les épidémiologistes, peuvent, en fonction de leur propension optimiste ou pessimiste, nous donner des horizons de reprise ou de crise totalement différents… Sans doute l’un d’entre eux aura-t-il raison mais déterminer lequel revient souvent à faire le choix de ce qu’on souhaite entendre. Il est aujourd’hui à peu près évident que le monde est encore en pleine crise et que le recul n’est encore pas suffisant pour déterminer la situation du monde à son issue. La première étape pour avoir une certaine visibilité sera la fin de la crise sanitaire, ce qui n’est clairement pas le cas pour le moment.
Un écart significatif entre le niveau des taux américains, qui ont plutôt grimpé ces dernières semaines, passant de 0.50% début août à 0.76% actuellement.
Les anticipations politiques : alors que les élections américaines approchent, les sondages restent significativement favorables à Monsieur Biden, chantre d’une politique sociale et de relance importante, propre à tirer l’inflation comme en témoigne les deux graphes ci-dessous.
Reste aussi le driver du marché et on observe encore une fois que les opérateurs parient massivement depuis plusieurs semaines sur une hausse des rendements américains, comme en témoigne le graphique suivant.
A Propos d’Octo AM Créée en 2011 à l’initiative d’Octo Finances et adossée au groupe Amplegest depuis 2018, Octo AM est spécialiste de la gestion obligataire ‘value’. S’adressant essentiellement aux investisseurs professionnels, qu’ils soient institutionnels ou patrimoniaux, Octo AM décline sa gestion au travers de fonds ouverts, fonds dédiés ou mandats avec un objectif permanent : rechercher les obligations offrant, selon le gérant, un rendement supérieur à son risque de crédit sur un horizon donné.