
Davos désigne à la fois une ville suisse et la réunion annuelle du Forum économique mondial. Chaque mois de janvier, dirigeants politiques, économiques et acteurs de la société civile s’y retrouvent pour débattre des grandes crises mondiales, définir des priorités communes et encourager la coopération internationale.
Davos : une ville devenue un symbole mondial
Située dans les Alpes suisses, Davos est la ville la plus haute d’Europe. Mais depuis plus de cinquante ans, son nom dépasse largement sa réalité géographique. Davos est devenu le raccourci universel pour désigner la réunion annuelle du Forum économique mondial (World Economic Forum – WEF), l’un des rendez-vous internationaux les plus influents.
La prochaine réunion annuelle se tiendra du 20 au 24 janvier 2025, dans un contexte marqué par des crises multiples : tensions géopolitiques, incertitudes économiques, transition énergétique, mutations technologiques et fractures sociales. Plus que jamais, le dialogue international s’impose comme une nécessité.
À quoi sert la réunion annuelle de Davos ?
La réunion annuelle du Forum économique mondial rassemble des dirigeants gouvernementaux, chefs d’entreprise, universitaires, ONG et représentants de la société civile. L’objectif est clair : définir un agenda commun pour répondre aux grands défis mondiaux et identifier des leviers d’action concrets.
Au-delà des sessions officielles, Davos joue un rôle clé grâce aux échanges informels et aux discussions bilatérales, souvent décisifs. Cette capacité à réunir des acteurs aux intérêts parfois divergents incarne ce que le Forum appelle depuis ses origines « l’esprit de Davos », fondé sur l’ouverture, la coopération et la recherche de solutions partagées.
Un programme qui évolue avec les crises mondiales
Des priorités adaptées aux enjeux du moment
Le programme de Davos n’est jamais figé. Il évolue chaque année pour refléter les urgences globales. Le changement climatique, l’inclusion, la diversité ou la croissance économique durable sont des thèmes récurrents. Mais d’autres sujets ont émergé au fil du temps, comme la préparation aux pandémies, la requalification des compétences, la stabilité financière ou la transition énergétique.
En amont de chaque réunion, le Forum publie son Rapport sur les risques mondiaux, devenu une référence internationale. Ce document identifie les risques majeurs à court et long terme et structure les débats de Davos.
Un événement d’ampleur mondiale
Aujourd’hui, Davos représente plus de 300 sessions, dont environ 200 diffusées en direct à un public mondial. Le Forum prolonge ces discussions tout au long de l’année via ses centres, initiatives et plateformes de collaboration, bien au-delà de la semaine de janvier.
Davos : un lieu où se font les politiques publiques ?
Davos n’est pas un lieu de décision formelle, mais une plateforme d’influence et de dialogue. Les échanges qui s’y déroulent ont pourtant conduit à des avancées historiques.
Par le passé, Davos a contribué à désamorcer des tensions majeures, comme entre la Grèce et la Turquie en 1988. Il a aussi servi de cadre à des moments symboliques, notamment dans le processus de fin de l’apartheid en Afrique du Sud, ou à l’annonce du Pacte mondial des Nations Unies. Plus récemment, Davos a été utilisé pour annoncer des initiatives de développement international ou soutenir des projets de libre-échange en Afrique.
Il est toutefois essentiel de le rappeler : le Forum économique mondial ne dicte aucune politique publique. Il fournit un espace de discussion, sans influencer directement les décisions ni les positions officielles des gouvernements.
Davos a-t-il toujours lieu en Suisse ?
Historiquement, la réunion annuelle s’est tenue chaque année à Davos jusqu’en 2002, lorsqu’elle fut exceptionnellement organisée à New York, en signe de solidarité après les attentats du 11 septembre 2001.
La pandémie de COVID-19 a marqué un tournant. Les éditions 2021 et 2022 se sont déroulées en ligne sous le nom d’« Agenda de Davos ». L’édition physique de 2022 a été reportée au printemps, dans un contexte dominé par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Depuis janvier 2023, Davos a retrouvé son format hivernal traditionnel.
Qui participe réellement à Davos ?
Un événement sur invitation
La réunion annuelle est strictement sur invitation. Elle réunit des chefs d’État, des dirigeants d’entreprises, des responsables d’organisations internationales, des chercheurs, des leaders syndicaux, des artistes, des militants et des représentants des communautés autochtones.
Contrairement aux idées reçues, Davos ne se limite plus à une élite économique homogène. Les participants viennent de plus de 120 pays et représentent une diversité croissante de profils et de sensibilités.
Inclusion et parité au cœur des priorités
Le Forum s’appuie sur son Global Gender Gap Report, publié depuis 2005, pour progresser vers une meilleure représentation des femmes. Ces dernières années, elles ont représenté environ un quart des participants, un taux supérieur à leur présence parmi les dirigeants mondiaux.
Des initiatives fortes ont marqué cette évolution, comme la nomination d’un collège de co-présidentes entièrement féminin en 2018. Pour 2025, l’objectif affiché est d’atteindre une quasi-parité dans les rôles de modération des sessions.
Aux origines de Davos : une vision née en 1971
Le Forum économique mondial trouve son origine en 1971, lorsque le professeur Klaus Schwab fonde l’European Management Symposium. Dès la première réunion à Davos, une idée structurante est posée : la théorie des parties prenantes, selon laquelle l’entreprise doit servir non seulement ses actionnaires, mais aussi ses salariés, ses partenaires et la société dans son ensemble.
Cette vision prend forme en 1973 avec le Manifeste de Davos, mis à jour en 2020 pour intégrer les enjeux de la Quatrième Révolution industrielle. En 1987, l’organisation devient officiellement le Forum économique mondial, avec pour mission de favoriser la coopération public-privé face aux défis globaux.
Davos et la durabilité : un engagement croissant
Conscient de l’urgence climatique, le Forum économique mondial a renforcé ses engagements en matière de durabilité. Depuis 2017, les émissions de CO₂ liées à Davos sont calculées et compensées. L’événement fonctionne exclusivement à l’électricité renouvelable et met en place des actions concrètes pour réduire les déchets, limiter le plastique à usage unique et redistribuer les ressources non utilisées.
Le transport restant la principale source d’émissions, le Forum encourage activement les déplacements en train, avec des incitations fortes pour les participants européens.
Davos est également une vitrine pour les alertes scientifiques et les plaidoyers climatiques, comme les interventions marquantes de David Attenborough ou de l’émissaire américain pour le climat John Kerry.
Les événements parallèles : un écosystème élargi
Pendant la semaine de Davos, de nombreux événements se déroulent en marge du programme officiel : dîners, expositions, rencontres bilatérales ou forums sectoriels. Ces initiatives sont organisées et financées par des gouvernements, entreprises ou organisations partenaires, sans implication directe du Forum dans la majorité des cas.
Pourquoi Davos reste incontournable
Malgré les critiques récurrentes, Davos conserve un rôle central. Dans un monde fragmenté, il demeure l’un des rares espaces où dialogue, confrontation d’idées et coopération internationale peuvent s’exercer à haut niveau.
À l’approche de 2025, Davos s’impose moins comme un lieu de décisions immédiates que comme un laboratoire d’idées et de connexions, indispensable pour comprendre les dynamiques mondiales et tenter d’y apporter des réponses collectives.








