L’augmentation récente des risques socio-politiques à travers le monde a un impact grandissant sur les acteurs de l’inclusion financière et leurs clients. Lors d’un atelier tenu au Togo durant la Semaine Africaine de la Microfinance organisée par ADA fin 2023, le cas de l’Afrique de l’Ouest et Centrale a été longuement discuté en partenariat avec le Microfinance African Institutions Network (MAIN) et la Confédération des Institutions Financières (CIF), et avec la participation d’intervenants des pays de la région. Les acteurs concernés mettent en œuvre des initiatives innovantes pour y faire face. Ces risques produisent des situations difficiles dans les zones affectées, qui se manifestent par plusieurs enjeux :
Pourtant, dans un contexte tendu, les acteurs de terrain n’ont pas manqué d’idées pour trouver des solutions.
Les institutions ont à la fois su…
- Adapter leurs modes opérationnels (nouvelles agences et services non-financiers, restructuration des crédits, etc.)
- Renforcer leurs infrastructures IT (interconnexion des agences, services de Bank-to-wallet)
- Modifier leur politique RH (redéploiement du personnel, recrutement de personnes locales des zones affectées)
- Développer de nouveaux partenariats avec les banques, les convoyeurs de fonds, et les États, dont ont accepté l’assouplissement des règles prudentielles
Mais de nouvelles approches doivent encore être développées…
- Développer des partenariats avec l’Etat pour accéder à des financements ou garanties spécifiques
- Participer à des approches nexus impliquant une multiplicité de partenaires pour redynamiser ou maintenir l’activité dans les territoires affectés
- Se préparer à revenir dès que possible dans les zones affectées par le passé mais dont le niveau de risque est à nouveau gérable
Les IMF restent des acteurs de terrain à forte capacité d’adaptation. L’accès aux services financiers étant un droit, il faut parfois se battre pour le faire appliquer et pour que les parties prenantes puissent le promouvoir, y compris dans les zones affectées par la dégradation du contexte sécuritaire.
ÉTUDE DE CAS : LE MÉCANISME DE GARANTIE DAMAN
Le mécanisme de garantie DAMAN est un mécanisme d’appui aux IMF en Palestine permettant d’offrir une perspective économique et sociale durable. Démarré en Cisjordanie et étendu ensuite à Gaza et Jérusalem-Est, le mécanisme a été utilisé suite aux événements de 2014 à Gaza, et tout récemment suite aux destructions massives dans la bande Gaza où la microfinance est souvent la seule source d’accès au crédit. Bien que DAMAN ne puisse pas compenser toutes les pertes, ce mécanisme amorce une approche de couverture du risque exogène. L’expérience de DAMAN montre que dans la durée, la conception et la mise en œuvre d’un système d’indemnisation est possible par les acteurs concernés.
Fondation Grameen Crédit Agricole