
Les piliers et dogmes économiques qui ont régi l’économie mondiale ces dernières décennies vacillent sous l’impact d’une nouvelle vague politique, portée par Donald Trump et ses alliés. Lors du Forum Économique Mondial de Davos, autrefois bastion du libéralisme économique, des voix s’élevaient non plus pour défendre le libre-échange ou l’indépendance des banques centrales, mais pour remettre en cause ces principes eux-mêmes. L’élection de Javier Milei en Argentine, l’influence persistante de Trump aux États-Unis et la montée en puissance de courants protectionnistes redéfinissent les règles du jeu économique mondial.
Dogmes économiques et le libre-échange, un principe contesté
Longtemps perçu comme un moteur de croissance, le libre-échange est aujourd’hui remis en question. Loin de promouvoir une ouverture sans entraves des marchés, la doctrine actuelle portée par Trump favorise une approche plus interventionniste. L’imposition de droits de douane punitifs et la volonté de protéger l’économie américaine des influences étrangères placent les États-Unis en opposition frontale avec leurs partenaires commerciaux. Paradoxalement, la Chine, longtemps critiquée pour son dirigisme économique, s’érige désormais en défenseur du commerce international. Ce retournement stratégique pose la question de la viabilité du système économique mondial tel qu’il a été conçu au cours des dernières décennies.
L’interventionnisme dans le secteur énergétique
L’autre grande victime des nouveaux dogmes économiques est l’autonomie des marchés. Face à la volatilité des prix de l’énergie, Trump entend peser directement sur les décisions de production, aussi bien aux États-Unis qu’à l’étranger. Pressions sur l’Arabie Saoudite pour accroître l’extraction de pétrole, incitations aux producteurs américains à intensifier le forage malgré des coûts de production élevés : cette politique va à l’encontre des mécanismes traditionnels du marché qui régulent l’offre et la demande. En voulant garantir un pétrole bon marché, cette approche risque d’engager les entreprises pétrolières dans des investissements précaires, remettant en cause les logiques d’un marché normalement autorégulé.
L’indépendance des banques centrales sous pression des dogmes économiques
Autre dogme battu en brèche : l’autonomie des banques centrales. Depuis les années 1980, leur indépendance visait à préserver la stabilité monétaire en les protégeant des ingérences politiques. Or, Trump a ouvertement affiché son intention d’intervenir sur les décisions de la Réserve Fédérale américaine (Fed). En demandant une baisse immédiate des taux d’intérêt, il remet en cause l’idée que ces décisions doivent être fondées sur des critères économiques et non politiques. Déjà sous pression en 2018, la Fed pourrait voir son indépendance s’éroder davantage si Trump retrouve le pouvoir et renouvelle progressivement le conseil des gouverneurs.
Vers une surchauffe de l’économie américaine ?
Les conséquences de ces bouleversements restent incertaines, mais certains scénarios se dessinent. Une baisse artificielle des prix du pétrole, couplée à des relocalisations forcées et des taux d’intérêt trop bas, pourrait engendrer une surchauffe de l’économie américaine. Cela provoquerait une augmentation des taux longs, alimentée par la crainte d’un retour de l’inflation, et exercerait une pression considérable sur les finances publiques. Le spectre d’une crise financière liée à une spéculation excessive plane ainsi sur cette nouvelle doctrine économique.
Néanmoins, l’application de ces mesures sera semée d’embûches. Entre résistances institutionnelles et incertitudes sur leur efficacité, il est possible que les effets de cette politique soient moins radicaux qu’annoncé. L’optimisme affiché par Trump pourrait alors se heurter aux réalités économiques, et la tempête annoncée se transformer en simple bourrasque.
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