Émissions en hausse de plus de 3 % chez les géants de la viande et du lait avant la COP28

Les nouvelles données de l’Indice des producteurs de protéines Coller FAIRR révèlent que les émissions des 20 plus grandes entreprises du secteur de la viande et des produits laitiers ont augmenté en 2023.

  • 3,28 % d’augmentation des émissions divulguées par 20 des plus grands producteurs de viande et de produits laitiers cotés en bourse d’une année à l’autre et impact sur la chaîne d’approvisionnement des fournisseurs de renom tels que McDonald’s et Walmart.
  • Les investisseurs se félicitent toutefois de l’amélioration des niveaux de divulgation, puisque 40 % des 20 plus grandes entreprises de viande et de produits laitiers divulguent désormais leurs émissions de Portée 3 (Scope 3).
  • Un exemple de bonnes pratiques dans le secteur : Danone, l’un des 5 nouveaux entrants dans l’indice est l’une des premières entreprises à fixer des objectifs FLAG (Forêt, Terre et Agriculture) alignés sur le SBTi, et s’est engagée à réduire de 30 % ses émissions de méthane provenant du lait frais d’ici à 2030. Cet engagement s’inscrit dans le cadre du Global Methane Pledge (engagement mondial pour le méthane). L’entreprise a également mis en place plusieurs initiatives de pointe, notamment des projets concernant la gestion des troupeaux, les principes de l’alimentation animale et la gestion du fumier.
  • « L’incapacité des grandes entreprises de viande et de produits laitiers à réduire leurs émissions souligne la nécessité urgente d’accorder une plus grande attention au secteur de l’alimentation et de l’agriculture », déclare Jeremy Coller, président et fondateur du réseau FAIRR, dont les actifs sous gestion détenu par ses membres représentent 70 000 milliards de dollars américains.

Alors que les dirigeants mondiaux s’apprêtent à se réunir pour la COP28 à Dubaï, une nouvelle analyse des données d’émissions de 20 des plus grandes entreprises de viande et de produits laitiers cotées en bourse montre que les émissions divulguées continuent d’augmenter d’une année sur l’autre. On estime que l’élevage est responsable d’environ 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

L’analyse du réseau d’investisseurs FAIRR démontre que les émissions absolues divulguées par 20 des plus grands producteurs de viande et de produits laitiers (en valeur) ont augmenté de 3,28 % entre 2022 et 2023. Ce groupe comprend des entreprises telles que Hormel Foods (États-Unis) et New Hope Liuhe (Chine), qui desservent de grandes enseignes tels que Walmart et McDonald’s.

Certaines des 20 entreprises ont vu leurs émissions divulguées diminuer cette année, notamment Tyson Foods (États-Unis) et Danone (France), mais les progrès ont été annulés par l’augmentation des émissions d’autres géants du secteur de la viande et des produits laitiers. Le tableau complet des données est disponible ci-bas.

L’analyse des 20 entreprises montre des niveaux variables d’engagement et de divulgation en matière de climat. Au total, 4 des 20 entreprises ont fixé des objectifs net zéro approuvés par l’initiative Science-Based Targets (SBTi).

En ce qui concerne la divulgation, 40 % des 20 entreprises (8 entreprises) déclarent désormais publiquement les émissions de Portée 3, c’est-à-dire les émissions de la chaîne d’approvisionnement telles que celles provenant de la production d’aliments pour animaux. Les entreprises américaines Tyson Foods et WH Group (propriétaires de Smithfield Foods) divulguent tous les champs d’application pour la première fois cette année. *[Les émissions de Portée 3 sont seulement incluses dans les chiffres de comparaison d’une année à l’autre puisqu’elles ne sont divulguées que depuis 2022.]

Les données proviennent de la publication du sixième Indice des producteurs de protéines Coller FAIRR, la première évaluation complète au monde des plus grandes entreprises de protéines animales sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance. L’indice évalue 60 producteurs de protéines animales cotés en bourse d’une valeur combinée de 364 milliards de dollars (au 1er mars 2023) en fonction de dix facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Il s’agit d’un outil largement utilisé par les investisseurs membres de FAIRR qui détiennent plus de 70 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Jeremy Coller, président et fondateur du réseau d’investisseurs FAIRR à hauteur de 70 000 milliards de dollars, a déclaré :

« L’incapacité des grandes entreprises du secteur de la viande et de produits laitiers à réduire leurs émissions souligne la nécessité urgente d’accorder une plus grande attention au secteur de l’alimentation et de l’agriculture. Les émissions du système alimentaire méritent la première place, aux côtés de l’énergie et des transports, car elles représentent environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre et 40% du méthane. Les investisseurs espèrent que la publication, pour la première fois, d’une feuille de route pour l’alimentation et l’agriculture lors de la COP28 ce mois-ci catalysera la transition vers 1,5 degré et un système alimentaire plus durable. »

« Ce que l’on peut mesurer, on peut le gérer, c’est pourquoi les investisseurs se réjouiront certainement de la divulgation accrue des émissions de Portée 3 par le secteur de la viande et des produits laitiers. L’indice des producteurs de protéines de FAIRR met en évidence les risques et les opportunités ESG dans le système alimentaire mondial, permettant aux investisseurs d’engager leurs sociétés de portefeuille dans des conversations plus significatives, étayées par des données. »

Thalia Vounaki, Senior Manager Research & Engagements, FAIRR Initiative, a déclaré :

« Il est encourageant de constater que davantage d’entreprises divulguent une empreinte carbone qui englobe l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement (Portée 3), étant donné que ces émissions représentent environ 90 % des émissions du secteur. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire, puisque 60 % des 20 plus grandes entreprises du secteur de la viande et des produits laitiers ne divulguent toujours pas leurs émissions de Portée 3, et que trois producteurs ne divulguent aucune information sur leurs émissions. Les investisseurs doivent continuer à s’engager auprès du secteur, en indiquant clairement que pour gérer le risque climatique, ils ont besoin d’informations complètes qui incluent les émissions de la chaîne d’approvisionnement, et d’inventaires complets qui séparent les émissions provenant de l’alimentation des animaux de celles provenant des animaux ».

L’indice met également en lumière des exemples de bonnes pratiques dans le secteur. Par exemple, Danone est l’une des premières entreprises à fixer des objectifs FLAG (Forêt, Terre et Agriculture) alignés sur le SBTi, et s’est engagée à réduire de 30 % ses émissions de méthane provenant du lait frais d’ici à 2030. Cet engagement s’inscrit dans le cadre du Global Methane Pledge (engagement mondial pour le méthane). L’entreprise a également mis en place plusieurs initiatives de pointe, notamment des projets concernant la gestion des troupeaux, les principes de l’alimentation animale et la gestion du fumier.

Oshni Arachchi, responsable de la propriété active, responsable de l’investissement responsable (Suède), Danske Bank, a déclaré :

« Le secteur agricole n’est pas seulement essentiel pour la production alimentaire, il utilise environ la moitié des terres habitables de la planète, et si elles ne sont pas gérées avec soin, cela peut provoquer de la déforestation, une perte de biodiversité et des émissions de gaz à effet de serre. Une part importante de ces émissions et la majorité de la déforestation dans le monde proviennent du secteur de la viande et des produits laitiers. L’étude de FAIRR souligne l’urgence avec laquelle les producteurs de bétail doivent agir pour passer à des modes de production plus respectueux de l’environnement. Nous nous félicitons de la transparence croissante du secteur, mais comme il y a urgence pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, nous avons également besoin d’une action à l’échelle du secteur ».

À propos de FAIRR

L’initiative FAIRR est un réseau d’experts, d’analystes et d’investisseurs collaboratifs centrés sur les risques ESG liés au système alimentaire mondial fondé par Jeremy Coller. Ses membres investisseurs gèrent des portefeuilles totalisant 70 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. FAIRR travaille avec les investisseurs institutionnels pour définir les questions ESG importantes liées aux systèmes d’élevage et de pisciculture et leur fournir les outils d’analyse de risques nécessaires pour intégrer ces informations dans leur gestion d’actifs et leurs décisions d’investissement.