Analyse de Schroders :
Alors que la transition à long terme vers les énergies renouvelables se poursuit à un rythme soutenu, nous voyons cette année des perspectives ensoleillées pour les entreprises d’énergie solaire, ainsi que pour l’éolien terrestre et le stockage d’énergie.
- La transition vers un monde alimenté par des énergies renouvelables représente une opportunité d’investissement à long terme pour les 30 prochaines années et au-delà.
- Pour 2020, nous décelons des opportunités dans le solaire, l’éolien terrestre et le stockage de l’énergie, ces marchés connaissant un rebond après un ralentissement en 2019.
-
2020
pourrait être la dernière année des subventions dans certains secteurs
et pays, ce qui pourrait s’avérer positif à long terme en raison de la
suppression des distorsions.
La transition énergétique est la transformation de l’approvisionnement énergétique mondial, qui consiste à réduire le recours aux sources polluantes telles que le charbon, le pétrole et le gaz, au profit des énergies renouvelables. Nous estimons que cette transition représente des opportunités d’investissement équivalant à 120 000 milliards USD au cours des 30 prochaines années.
L’un des moteurs de cette transformation est le facteur politique, le monde accentuant ses efforts pour limiter la hausse des températures à moins de 2°C (conformément à l’Accord de Paris de 2015). Les facteurs économiques y contribuent également, le coût de production des énergies renouvelables ayant considérablement diminué, et étant désormais compétitif avec celui d’autres sources d’énergie. Le troisième moteur de la transition est la demande des consommateurs, ceux-ci adoptant en masse les nouvelles technologies, comme les voitures électriques.
Les activités liées à la transition énergétique comprennent non seulement la production d’énergie renouvelable, mais aussi la fourniture d’équipements tels que les éoliennes ou les cellules photovoltaïques. Ces activités concernent également les opérateurs de réseau et les fournisseurs d’équipement électrique qui sont nécessaires pour améliorer les réseaux de transport et de distribution. Par ailleurs les besoins d’équipements de stockage d’énergie plus importants augmentent, impliquant les fabricants de batteries, les fabricants de piles à combustible et les installateurs de systèmes de stockage, entre autres. La transition énergétique constitue une opportunité potentielle d’investissement structurelle à long terme dans tous les domaines mentionnés ci-dessus. Cependant, nous pensons que l’année 2020 pourrait être particulièrement intéressante pour certains de ces sous-secteurs, à savoir, selon nous, le solaire, l’éolien et le stockage de l’énergie.
Les perspectives de l’énergie solaire s’améliorent en 2020
Les actions des sociétés d’énergie solaire ont commencé l’année 2019 en fanfare, soutenues par les espoirs d’une forte demande de la Chine. Les investisseurs s’attendaient à une demande d’environ 40 gigawatts (GW) mais ces attentes ont été déçues, en grande partie du fait des incertitudes entourant la politique : la Chine n’a pas confirmé sa politique de subventions avant juillet 2019. De ce fait, les projets ont été retardés parce qu’il était tout simplement trop tard dans l’année pour que tous les projets obtiennent les autorisations finales et la connexion au réseau, et soient construits. La demande a probablement été d’environ 20 GW au lieu des 40 GW prévus.
Certains de ces projets retardés devraient être reportés au début de 2020. Cependant, la Chine semble disposée à annoncer sa politique de subventions plus tôt en 2020, pour éviter de faire la même erreur.
L’année 2020 sera sans doute la dernière année des subventions au solaire en Chine, et les crédits d’impôt continuant de diminuer chaque année aux États-Unis, nous anticipons une forte demande, les projets étant avancés pour pouvoir en bénéficier.
Nous estimons que les perspectives à long terme du secteur solaire sont excellentes, malgré la disparition de ces soutiens. En Chine et dans d’autres pays, les gouvernements adoptent des mesures visant à stimuler la croissance de la production des énergies renouvelables. De plus, le coût du solaire est désormais compétitif sans subventions.
L’éolien dans la tourmente
La situation de l’éolien terrestre en 2020 est similaire à celle du solaire : c’est la dernière année des subventions en Chine et des crédits d’impôt aux États-Unis, nous prévoyons donc des ajouts de capacité importants, les développeurs souhaitant profiter une dernière fois de ces avantages. Cela pourrait toutefois impliquer un ralentissement du marché en 2021. Cela étant, des discussions sont en cours pour prolonger d’un an le crédit d’impôt sur l’éolien aux États-Unis, ce qui soutiendrait le secteur en 2021.
La situation est différente pour ce qui est de l’éolien en mer. Ces projets sont plus complexes et prennent plus de temps à planifier. Peu de nouvelles capacités sont prévues pour l’année prochaine et le secteur pourrait connaître une certaine faiblesse.
En revanche, les années suivantes devraient être beaucoup plus favorables pour l’éolien en mer, du fait, en partie, de l’augmentation attendue de la capacité installée. Le graphique ci-dessous présente les estimations de Bloomberg New Energy Finance (BNEF), avec une reprise significative attendue à partir de 2025.
Un autre aspect de l’activité est celui des contrats de service qui accompagnent les installations de capacité. L’installation de nouvelles capacités est un projet non-récurrent qui produit généralement une marge bénéficiaire d’environ 8 %. Toutefois, en parallèle, les fabricants d’éoliennes signent généralement des contrats pluriannuels de service et de maintenance des installations. Ceux-ci génèrent des marges bénéficiaires beaucoup plus élevées (jusqu’à 25 %) et constituent une source fiable de revenus futurs.
Nous pensons que le marché considère trop souvent les fabricants d’éoliennes comme dépendants du cycle d’installation et ne prend pas en compte les revenus courants provenant des contrats de service. La part des services dans le chiffre d’affaires semble devoir augmenter sur le long terme, ce qui améliorera la régularité des revenus au fil du temps.
Bonnes prévisions de croissance pour les batteries et le stockage
Le secteur du stockage d’énergie et des batteries a lui aussi connu une année 2019 délicate. Cela s’explique principalement par deux facteurs. Tout d’abord, la demande de véhicules électriques plus faible que prévu en Chine a pesé sur le marché des batteries dans un contexte de diminution des subventions. Deuxièmement, les incendies dans certaines installations de stockage en Corée du Sud ont pesé sur la demande de stockage (ces incendies ont été causés par la mauvaise qualité de l’installation plutôt que par des problèmes spécifiques sur les cellules de batterie elles-mêmes).
Les problèmes d’installation étant résolus, nous prévoyons une reprise du marché du stockage d’énergie en 2020. Les entreprises de services aux collectivités ont besoin de stocker l’énergie produite par les énergies renouvelables compte tenu des pics et des creux de la production et des tarifs de ces énergies.
Il existe différents types de batteries, mais les batteries lithium-ion sont les plus utilisées. Les besoins de stockage des entreprises de services aux collectivités et la croissance des véhicules électriques devraient stimuler la reprise de ce marché, en 2020 et au-delà.
Le segment résidentiel représente une partie modeste mais en pleine croissance du marché du stockage. Les réseaux de transport et de distribution dans des régions comme la Californie sont de plus en plus vulnérables aux coupures. De nombreux clients résidentiels choisissent donc d’installer non seulement des panneaux solaires sur leur logement, mais aussi des batteries de stockage. Cela leur procure une plus grande sécurité en cas de perturbation du réseau.
Fin nécessaire des subventions
À l’analyse de ces trois sous-secteurs, il apparaît clairement que les subventions ont provoqué des distorsions de la demande en 2019 et continueront de le faire en 2020. Les subventions ont pour rôle de favoriser l’adoption initiale de nouvelles technologies, mais elles ne peuvent pas durer indéfiniment. Comme nous l’avons constaté pour le solaire et l’éolien, elles engendrent des distorsions sur le marché en créant des incitations à installer des capacités au cours d’une année plutôt que l’année suivante.
Tout comme l’enlèvement d’un plâtre, la suppression des subventions peut être douloureuse à court terme, mais est bénéfique pour la santé à long terme. Les énergies renouvelables et les véhicules électriques sont désormais compétitifs et n’ont donc pas besoin de subventions. La suppression des subventions devrait mettre fin aux distorsions et permettre que les entreprises les plus compétitives et les plus durables prospèrent.
Opportunité sectorielle à long terme
Les trois sous-secteurs décrits ci-dessus — solaire, éolien terrestre et batteries/stockage — sont ceux pour lesquels nous percevons des moteurs spécifiques d’accélération de la croissance en 2020. Toutefois, la transition énergétique est globalement un thème d’investissement dont l’essor se confirme. Selon nous, l’actualité concernant l’évolution des politiques, la compétitivité des prix et la demande des consommateurs soutiendra la croissance à long terme de l’ensemble des activités liées à la transition énergétique.
Découvrez le rapport complet ci-dessous :