Afin d’atteindre ses objectifs climatiques, la France doit procéder à la décarbonation rapide de son industrie. En 2022, pour réduire la consommation énergétique ou les émissions associées, 90 % des entreprises industrielles avaient déjà mis en œuvre des mesures d’économies d’énergie et 65 % des mesures d’efficacité énergétique.
Selon l’enquête menée par la Banque de France en septembre 2022, 19 % des entreprises du secteur manufacturier s’estimaient très exposées aux risques climatiques de transition, 6 % aux risques physiques, et 56 % d’entre elles se disaient très exposées aux risques de sécurité énergétique. En moyenne, elles prévoyaient de doubler leur effort financier en faveur de la transition énergétique sur trois ans.
En septembre 2022, l’énergie était encore très chère. Si le contexte est aujourd’hui différent, certains enseignements restent largement pertinents sur la réaction des entreprises, leur exposition aux risques climatiques et énergétiques, et leurs stratégies d’adaptation à un niveau fin.
Les entreprises industrielles face à la transition énergétique en France – Résultats de l’enquête menée par la Banque de France en septembre 2022 issue du Bulletin de la Banque de France n°247
L’enquête sur les conditions de production (ECP) de la Banque de France est une enquête annuelle menée auprès des entreprises de l’industrie manufacturière sur une semaine de référence en septembre, portant sur différentes contraintes de production auxquelles elles sont confrontées pour accroître leur activité.
Le volet thématique de l’édition 2022 se penche sur l’exposition des entreprises aux risques climatiques et énergétiques, ainsi que sur les stratégies qu’elles adoptent pour maîtriser leurs coûts de production et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dans le contexte de la transition énergétique.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France pour atteindre ses objectifs climatiques nécessite une décarbonation rapide des processus de production. En 2020, l’industrie – y compris la construction – représentait 19 % de la consommation finale énergétique de la France (ministère de la Transition énergétique, 2022) et 18 % des émissions de gaz à effet de serre (ministère de la Transition énergétique et I4CE, 2022). Si la chimie, la métallurgie et la fabrication de minéraux non métalliques représentent 75 % des émissions de l’industrie, tous les sous‑secteurs devront néanmoins se transformer pour atteindre la neutralité carbone en 2050. En plus de sa consommation énergétique propre, l’industrie va devoir s’adapter à moyen terme pour répondre aux évolutions de la demande, qui vont réorienter le système de production vers les secteurs et les technologies propres.
Cette réallocation implique de débloquer des montants d’investissement considérables. L’exposition des entreprises aux risques climatiques et énergétiques est susceptible d’influencer leur comportement d’investissement, dans le cadre de la transition énergétique. Notre enquête propose une nouvelle mesure de la perception des entreprises sur leur exposition à ces risques.
De plus, les chocs sur les prix de l’énergie durant la période de transition pourraient conduire les entreprises à changer de stratégie. La hausse des risques pesant sur les énergies carbonées peut créer des incitations à accélérer la transition énergétique, mais peut aussi justifier un accompagnement des pouvoirs publics en cas de choc abrupt sur les prix et sur les approvisionnements. À ce titre, l’économie française s’est révélée plutôt résiliente face au choc de 2022. Certaines questions de l’enquête permettent de tirer de premiers enseignements concernant l’hétérogénéité de l’exposition et la diversité des leviers d’ajustement des entreprises à court terme face aux chocs sur l’énergie.
Dans les grandes lignes :
La plupart des entreprises industrielles font des économies d’énergie et 65 % mettent en oeuvre des mesures d’efficacité énergétique
Les entreprises prévoient de doubler leur effort financier pour la transition énergétique sur trois ans
Les entreprises sont plus exposées aux risques climatiques de transition que physiques, et 56 % sont très exposées aux risques de sécurité énergétique
Le choc sur les prix de l’énergie aurait fait augmenter la facture énergétique des entreprises industrielles de 68 % en moyenne
À court terme, les entreprises ont réagi de manière hétérogène au choc sur les prix de l’énergie
Retrouver le bulletin complet :
1 – Les stratégies et les investissements de transition énergétique dans l’industrie
2 – Le choc énergétique de 2022 a révélé des disparités dans les capacités d’adaptation des entreprises et la résilience de l’industrie
Par Dekoninck Honorine, Lesterquy Pauline, Stojanovic Edith, Zory Julien