FMI : une gouvernance à l’épreuve de l’économie mondiale

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La 16e revue des quotes-parts du FMI a acté une augmentation de 50 % sans revoir leur répartition. Face à un désalignement croissant entre gouvernance et poids économique réel des pays membres, la réforme devient urgente. Les négociations autour de la 17e revue, prévues pour 2025, s’annoncent stratégiques.

Un système fondé sur les quotes-parts

La gouvernance du FMI repose sur un système proche d’une logique actionnariale : les quotes-parts définissent la contribution financière des États membres, leurs droits de vote et leur accès aux ressources du Fonds. Elles déterminent aussi l’allocation des droits de tirage spéciaux (DTS), créés en cas de besoin global de liquidité.

Chaque quote-part reflète quatre facteurs : le PIB, l’ouverture de l’économie, la variabilité des flux de capitaux et les réserves de change. Cependant, leur répartition effective s’éloigne de plus en plus de ces fondements théoriques.

Une gouvernance jugée déséquilibrée

Depuis la 14e revue (2010), la répartition des quotes-parts n’a pas été modifiée. Résultat : les États-Unis et le G7 restent surreprésentés, tandis que la Chine et plusieurs pays émergents sont sous-représentés. Selon les calculs du Trésor, la Chine détient 6,4 % des quotes-parts mais devrait théoriquement atteindre 14,1 %.

Cette situation alimente des critiques sur le manque de représentativité du FMI, en particulier de la part des pays émergents et du Sud global. Elle incite également au développement d’alternatives régionales comme la Nouvelle Banque de Développement des BRICS ou la Banque Asiatique d’Investissement dans les Infrastructures.

Une 16e revue sans redistribution mais avec promesses

En décembre 2023, la 16e revue a entériné une augmentation uniforme de 50 % des quotes-parts. Aucun changement de répartition n’a été décidé, faute de consensus, notamment en raison du droit de veto américain. En parallèle, une nouvelle chaise au Conseil d’administration a été créée pour l’Afrique subsaharienne.

Cette réforme vise aussi à renforcer la part des quotes-parts dans les ressources du FMI : celles-ci passeront de 48 % à 70 %, réduisant le poids des mécanismes d’emprunts temporaires (NAB, BBA).

Vers une 17e revue sous haute tension

Prévue pour 2025, la 17e revue devra trancher sur un potentiel réalignement. Deux camps se dessinent :

  • Les États-Unis souhaitent d’abord réviser la formule, avec une plus grande pondération du PIB nominal.
  • La Chine et les grands émergents demandent un réalignement immédiat sur la base de la formule existante.

Plusieurs pistes sont sur la table : intégration d’un critère de population, prise en compte des contributions volontaires ou ajustement du facteur « ouverture économique ». Un compromis semble difficile, d’autant que tout changement majeur nécessite une majorité de 85 % des droits de vote.

Une réforme nécessaire pour la légitimité du FMI

Le déséquilibre actuel fragilise la légitimité du FMI. Le poids croissant des économies émergentes, conjugué à l’essor de nouvelles institutions régionales, rend impératif un ajustement. La réforme pourrait aussi passer par des changements institutionnels, comme l’élargissement du Conseil d’administration ou l’abandon du « gentlemen’s agreement » réservant le poste de directeur général à un Européen

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