Le mercredi 6 juillet 2022, les eurodéputés ont approuvé, lors d’un vote tendu, la proposition de la Commission d’inclure le gaz et le nucléaire dans la « taxonomie verte ». Le label vert permettra d’avoir recours à des fonds privés dans le cadre de projets mobilisant ces deux énergies.
Le gaz et le nucléaire comme “énergies vertes “
Discuté depuis des mois, le texte incluant l’énergie nucléaire et le gaz dans la taxonomie verte européenne a été validé lors d’un vote où le « pour » l’a emporté d’une courte majorité. Le label vert approuvée par l’UE permettra d’avoir recours à des fonds privés dans le cadre de projets mobilisant ces deux énergies, aux retombées environnementales très décriées.
Une forte opposition
Le vote était décisif : le dernier obstacle majeur à des milliards d’euros de financement de la part d’investisseurs dans l’environnement a été levé, après des mois de tractations mouvementées. Depuis que Bruxelles a proposé sa création en 2018, dans le cadre de son plan de bataille pour la finance durable, la taxonomie « verte » a en effet régulièrement divisé l’Europe.
« Greenwashing »
Cette classification (dite « taxonomie ») devait aider à mobiliser des fonds privés dans des projets « verts » et s’inscrivait dans l’objectif de neutralité carbone de l’UE en 2050. Mais la reconnaissance de la contribution du gaz et du nucléaire à la lutte contre le changement climatique, pourtant effectuée sur la base de rapports d’experts, a provoqué la colère d’organisations écologistes qui ont dénoncé une opération de « greenwashing ». Le label « vert » était, jusqu’ici, réservé aux énergies renouvelables.
« C’est de la politique sale et un résultat scandaleux », a ajouté Ariadna Rodrigo de Greenpeace, en annonçant que l’ONG saisirait, avec d’autres, la Cour de justice de l’Union européenne, unique moyen désormais de bloquer l’initiative. Les gouvernements autrichien et luxembourgeois s’étaient déjà prononcés en faveur d’une action en justice.
« Ni le gaz ni le nucléaire ne sont durables », ont affirmé les Verts dans un communiqué, en estimant que le label de l’UE, jusqu’ici réservé aux énergies renouvelables, avait perdu sa crédibilité.
L’inclusion du gaz « va retarder la transition réellement durable, dont on a désespérément besoin, et renforcer la dépendance aux hydrocarbures russes », a dénoncé sur Twitter la militante suédoise Greta Thunberg, sans évoquer le nucléaire.
« Vote de la honte » selon Manon Aubry
Manon Aubry, eurodéputée insoumise, dénonce elle un « vote de la honte » et « un sombre jour pour la planète ».
Greenpeace France
Pour Greenpeace France, Action non-violente – COP21 et les Amis de la Terre France, l’inclusion du gaz fossile et du nucléaire dans la taxonomie verte fait peser de graves risques pour notre avenir : le gaz fossile fait partie des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, et, en plus de sa dangerosité, la lenteur de déploiement du nucléaire ne répond en rien à l’urgence climatique.
Pour Pauline Boyer, chargée de campagne transition énergétique pour Greenpeace France déclare : « Les industries fossiles et nucléaires ont gagné une bataille aujourd’hui. Nous allons désormais mener le combat devant les tribunaux. Nous y dénoncerons les tractations honteuses menées en coulisses par la Commission européenne et les pays pro-gaz et pro-nucléaires, dont la France avec le soutien des lobbies russes. Nous ferons tout pour que les tribunaux mettent un terme à ce greenwashing éhonté”.»
Pour Zoé Mary, porte-parole d’Action non-violente COP21, « Les lobbys tentent depuis des mois d’affaiblir la taxonomie européenne et Emmanuel Macron est partie prenante de cette tentative. Cet hiver, il était encore fer de lance de l’alliance des pays pro-nucléaire et pro-gaz. Aujourd’hui, il était temps de sortir des grands discours de paix pour passer aux actes; pour le peuple Ukrainien et pour le climat. Par ce vote, le Parlement européen envoie le signal que les intérêts individuels prévalent, encore une fois, sur les vies humaines. »
Pour Arnaud Schwartz, Président de France Nature Environnement, « L’inclusion du gaz fossile et du nucléaire dans la taxonomie verte européenne n’en fait pas pour autant des énergies pour la paix et le climat. Le Parlement européen vient de commettre une erreur historique à l’heure où il faudrait plus de sobriété, solidarité et un déploiement des énergies renouvelables – moins chères et plus rapides à mettre en œuvre – , en associant fortement les citoyens dans les projets. »