Dans le cadre de sa politique d’engagement, OFI AM a lancé une enquête sur l’intégration du handicap au sein des entreprises et de leurs activités.
Les personnes en situation de handicap représentent environ 15 % de la population mondiale et souffrent toujours d’exclusion malgré les législations en vigueur (accès à l’emploi, accès aux produits et services etc.). Ainsi, le taux d’emploi des personnes en situation de handicap était de 47 % seulement en Europe en 2014 (contre 72 % pour l’ensemble de la population). En France, le taux de chômage des personnes en situation de handicap atteignait 25 % en 2017, contre moins de 10 % pour le reste des Français. Mais l’accès à l’emploi est loin d’être la seule source de marginalisation.
Le maintien au poste de travail, les opportunités de développement professionnel mais aussi le soutien au travail des personnes accompagnantes sont autant d’autres sujets présents au sein de l’entreprise. Au-delà se posent également les questions d’accès aux produits, services et loisirs pour les consommateurs en situation de handicap. Ces enjeux sont manifestement encore trop peu abordés par les entreprises et ces dernières sont souvent peu disertes en la matière dans leur communication externe.
A l’initiative de la mutuelle Intégrance, avec le soutien de MACIF et Mutuelle Ivry la Fraternelle (MIF), OFI AM a ainsi interrogé, fin 2019, les 600 plus grandes sociétés cotées européennes (Stoxx 600) sur les enjeux liés au handicap (politiques et engagements, actions internes, part des effectifs en situation de handicap, démarches vis-à-vis de la chaîne d’approvisionnement, actions quant aux produits et services, pénalités et amendes). L’étude montre que près de trois quarts des entreprises intègrent les enjeux du handicap à travers leur politique déontologique ou de diversité, et près de 20 % à travers une politique dédiée au handicap.
Résultats encourageants pour les entreprises françaises
Cependant, les résultats de cette étude illustrent des niveaux de maturité très inégaux sur les sujets abordés. Certains acteurs sont en avance (ex : LVMH, Telecom Italia, Société Générale, Metro AG, Valéo, Auto Trader ou encore Engie) par rapport aux autres. Les entreprises françaises se sont d’ailleurs illustrées par des résultats particulièrement encourageants parmi les pays les plus représentés mais il existe bien entendu quelques biais (législation ancienne en France en la matière et surreprésentation du pays dans l’enquête).
Il est en revanche difficile de distinguer des différences de pratiques entre les secteurs d’activités. L’enquête montre que les entreprises affichent souvent une bonne maturité sur les questions de handicap dans leurs pratiques internes. Ces constats sont encourageants même si, bien entendu, des marges de progrès subsistent, notamment dans l’adaptation des postes et dans l’accès à des niveaux de responsabilité élevés.
D’après notre enquête, l’utilisation de fournisseurs faisant appel à une main d’œuvre majoritairement en situation de handicap est également une pratique courante.
La prise de conscience est donc réelle, comme le montre la signature du manifeste pour l’inclusion des personnes en situation de handicap, texte encouragé par le gouvernement français et signé par une centaine d’entreprises parmi lesquelles des grands institutionnels et investisseurs français (dont OFI AM en novembre 2019).
Pas de corrélation probante entre bonnes pratiques des enjeux liés au handicap et performance ESG
Sur la base des questions de l’enquête et des données collectées, nous avons testé la corrélation entre bonne gestion des enjeux liés au handicap et notation ESG des émetteurs.
Nous n’avons pas décelé de corrélation probante. Cette étude met donc en lumière l’importance d’évaluer ou de mieux évaluer ces problématiques dans l’analyse ESG (risques et opportunités). La bonne gestion des enjeux liés au handicap pourrait d’ailleurs devenir un facteur plus discriminant dans l’ISR jusqu’à présent sous-estimé.
Les investisseurs ont donc un rôle à jouer afin de mieux prendre en compte ce facteur dans l’analyse ESG, mais aussi de mieux sensibiliser les sociétés sur ces sujets, en les invitant notamment à fournir des indicateurs de résultats afin de mesurer les progrès réalisés. C’était aussi l’objectif de cette étude, objectif que nous souhaitons prolonger dans nos démarches. Nous serons attentifs aux évolutions escomptées.
Une analyse d’OFI AM