Investissement durable : le fossé entre les intentions et les actions.

La proportion de personnes qui investissent de manière durable dans le monde est nettement inférieure à celle des personnes intéressées et désireuses d’investir, ce qui indique qu’il existe encore un écart entre les intentions des investisseurs particuliers et leurs actions concrètes.

Notre étude Schroders Global Investor Study 2019*, menée auprès de plus de 25 000 investisseurs dans 32 pays à travers le monde a révélé que 16 % détiennent des placements durables, tandis que 32 % affirment être intéressés et souhaiter investir de cette manière.

Seuls 26 % des Japonais ayant participé à l’enquête investissent ou souhaitent investir de manière durable, le taux le plus faible au niveau mondial. La plus forte proportion de particuliers intéressés ou investis en placements durables se trouve en Inde (73 %), et elle atteint 40 % en France. 

Les particuliers qui s’identifient comme étant des experts/ayant des connaissances avancées en matière de placements sont plus susceptibles d’investir de façon durable. Globalement, un peu moins d’un quart (23 %) déclare investir de manière durable, largement plus que ceux qui indiquent avoir des connaissances « intermédiaires » (11 %) et que les « débutants » (8 %). En France, 17 % de ceux qui s’identifient comme experts/avancés investissent déjà de manière durable, contre 11% de ceux dont le niveau est intermédiaire et 7 % des débutants.Source : Schroders, données mondiales.

Le fait d’investir de manière durable se place en milieu de tableau pour ce qui est des priorités financières globales. Interrogés sur les principaux facteurs pris en compte dans les décisions d’investissement, les particuliers ont plutôt cité la nécessité de préserver le capital, d’atteindre les objectifs de rendement total, de générer un niveau de revenu attendu et d’acquitter des frais raisonnables comme facteurs les plus importants.

Source : Schroders, données mondiales.

En France, les investissements durables sont également la 5ème priorité (sur les huit facteurs proposés). Il est à noter que le niveau des frais est plus important pour les Français puisqu’il se situe au 2ème rang en termes de priorité, avant les objectifs de rendement total et de génération de revenu. Éviter de perdre de l’argent reste la première priorité.

La grande majorité des particuliers en Inde (87 %), en Chine (80 %), en Thaïlande (77 %) et en Indonésie (76 %) déclare toujours prendre en compte la durabilité au moment d’investir. En comparaison, cette proportion est de 52 % en France, 40 % au Canada et au Danemark, et 41 % aux Pays-Bas, pays qui ont sans doute mis l’accent sur la durabilité depuis plus longtemps, ce qui indique qu’elle est peut-être implicite pour les investisseurs.

Près des deux tiers des investisseurs dans le monde (60 %) déclarent que des évolutions réglementaires favorables aux placements durables les inciteraient à investir davantage, et ils sont également 60 % à indiquer que des notations/certifications indépendantes confirmant que le fonds adopte une approche durable les motiveraient également à investir de cette manière. En France, l’évolution de la réglementation serait encourageante pour 55 % des investisseurs, tandis que la notation/certification (soit par un tiers, soit par le gestionnaire lui-même) et des informations supplémentaires faciles à comprendre seraient motivantes pour 52 % d’entre eux.

Jessica Ground, Responsable mondiale de l’investissement durable, explique :

« Il existe toujours un écart entre les aspirations des particuliers en matière de placements durables et le niveau de priorité qu’ils accordent à ces facteurs dans leurs décisions d’investissement. Une part significative du panel interrogé croit fermement que l’investissement durable est important, mais cela ne s’est pas encore traduit par des actions concrètes chez la majorité d’entre eux.

Cela laisse malheureusement les investisseurs vulnérables aux impacts mondiaux d’enjeux tels que le changement climatique. Il est important que les gestionnaires d’actifs et l’ensemble des parties prenantes – y compris les décideurs politiques du monde entier – travaillent avec les investisseurs pour les aider à mieux identifier les avantages d’un placement durable et, en retour, qu’ils soient en mesure d’accéder aux fonds qui leur permettront de le faire. »

Changement climatique

Notre étude révèle également que si près des deux tiers des investisseurs (63 %) pensent que le changement climatique aura au moins une certaine incidence sur leurs investissements, un tiers (33 %) estime qu’il aura très peu ou pas d’incidence (et les 4 % restants ne savent pas).

Près des trois quarts des investisseurs (71 %) pensent que le changement climatique d’origine humaine est un phénomène réel qui a un impact sur le monde, dont 40 % qui estiment que cet impact sera « significatif ». Au niveau des pays, le plus grand nombre de sceptiques se trouve aux États-Unis, où 7 % des particuliers interrogés dans notre enquête affirment que le changement climatique d’origine humaine n’est pas un phénomène réel.

Source : Schroders, données mondiales. Le changement climatique anthropique se définit comme l’évolution du climat qui découle des émissions de gaz à effet de serre engendrées par les activités humaines.

En France, 53 % des participants pensent que le changement climatique aura un impact sur leurs investissements, tandis que 41 % estiment qu’il aura peu ou pas d’impact (et 6 % ne savent pas). La génération X et les baby-boomers sont en fait plus préoccupés que les Millennials : 63 % des personnes âgées de 38 à 50 ans et 59 % de celles âgées de 51 à 70 ans pensent que le changement climatique aura un impact sur leurs investissements, contre 48 % des 18-37 ans.

Le degré de connaissance de l’investissement joue également : 59 % des Français qui se déclarent experts/avancés en matière d’investissement pensent que le changement climatique aura un impact sur leurs placements, alors que seulement 38 % des débutants le pensent.

Concernant le changement climatique d’origine humaine, 61 % des Français interrogés pensent qu’il s’agit d’un phénomène réel qui a un impact sur le monde, dont 33 % qui estiment que l’impact sera significatif. 4 % ne croient pas que le changement climatique soit un phénomène réel, et 11 % ne savent pas. Là encore, les générations plus âgées sont beaucoup plus convaincues que le changement climatique d’origine humaine est un phénomène réel et impactant : 49 % des Millennials le croient, contre 69 % de la génération X et 89 % des baby-boomers.

Génération X et Millenials

L’étude révèle qu’au niveau mondial, la génération X est légèrement plus encline à investir de façon durable, ce qui vient tempérer le consensus selon lequel les « Millenials » seraient le principal moteur des efforts en matière d’investissement durable. Ainsi, 61 % des 38-50 ans déclarent toujours tenir compte des facteurs de durabilité lorsqu’ils choisissent un produit de placement, une proportion légèrement supérieure à celle des 18-37 ans (59 %) et encore davantage à celle des 51-70 ans (50 %). En France, 56 % de la génération X et des baby-boomers affirment toujours tenir compte des facteurs de durabilité, contre 49 % des Millennials.

65 % des membres de la génération X dans le monde estiment que tous les fonds d’investissement devraient prendre en compte les facteurs de durabilité et pas seulement ceux qui sont conçus comme des « fonds durables », devant les baby-boomers (62 %) et les Millenials (60 %).

Source : Schroders, données mondiales.

En France, la proportion d’investisseurs qui pensent que tous les fonds devraient tenir compte des facteurs de durabilité augmente avec les générations plus âgées : 53 % des Millennials l’affirment, contre 63 % des membres de la génération X et 66 % des baby-boomers. Au sein des Millenials, on constate une dichotomie entre les 18-24 ans, qui sont 43 % à penser que tous les fonds devraient intégrer la durabilité, et ceux de 25 ans et plus, chez qui cette proportion atteint 56 %.

A l’échelle mondiale, la génération X est également la plus susceptible de penser que ses investissements individuels peuvent avoir un impact direct sur la contribution à un monde plus durable (64 %) – encore une fois une proportion supérieure à celle des Millenials (60 %) et des baby-boomers (57 %). Les Français de la génération X sont également en tête (59 %) devant les Millennials (53 %) et les baby-boomers (57 %), mais les Millennials sont là aussi partagés entre les 18-24 ans, moins convaincus que leurs investissements peuvent faire une différence (45 % le pensent), et ceux de 25 ans et plus, beaucoup plus convaincus (56 %).

Néanmoins, les Millenials à l’échelle mondiale (27 %) sont la génération la plus susceptible de considérer l’investissement durable de leur épargne comme le premier ou le second facteur le plus important (parmi les huit propositions citées plus avant). En France, il n’y a pas de différence significative entre les générations, avec 25 % des Millenials qui placent la durabilité de leurs investissement comme le premier ou le second critère le plus important, légèrement devant la génération X (22 %) et les baby-boomers (21 %).

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