La BEI : conclusions de son enquête mondiale sur le climat

Selon les résultats de l’enquête de la BEI sur le climat, après une nouvelle année difficile marquée non seulement par l’inflation, mais aussi par des vagues de chaleur et des sécheresses historiques, la population française a pris conscience avec acuité de l’impact profond des changements climatiques et de la nécessité d’une action immédiate en France et dans le monde. Même si les personnes interrogées en France considèrent l’augmentation du coût de la vie comme le principal défi à relever (70 % la classent parmi les trois principales difficultés pour leur pays, 2 points de plus que la moyenne de l’UE), l’impact des changements climatiques et la dégradation de l’environnement n’arrivent pas loin (61 % d’entre elles les considèrent comme une préoccupation majeure, soit 11 points de plus que la moyenne de l’UE).

La Banque européenne d’investissement (BEI) publie la sixième édition de son enquête sur le climat. Voici quelques-uns des résultats les plus notables de cette enquête annuelle menée en août et septembre 2023. Organisée depuis 2018, l’enquête de la BEI sur le climat offre un aperçu des points de vue des populations des principales économies du monde sur les changements climatiques, avec plus de 30 000 personnes interrogées dans l’Union européenne, aux États-Unis, en Chine, en Inde, au Japon, au Royaume-Uni, aux Émirats arabes unis, au Canada et en Corée du Sud. Bras financier de l’Union européenne, la BEI est aussi le premier bailleur de fonds multilatéral au monde pour des projets à l’appui de l’action climatique.

Enquête de la BEI : deux tiers de la population française estiment que la transition écologique ne peut s’opérer que si l’on traite en parallèle la question des inégalités.

PRINCIPALES CONCLUSIONS :

  • L’augmentation du coût de la vie ainsi que les préoccupations climatiques et environnementales figurent en tête des défis que les personnes interrogées en France entrevoient pour leur pays.
  • Plus de deux tiers des personnes interrogées estiment que le passage à une économie neutre pour le climat ne peut s’opérer que si l’on règle en parallèle la question des inégalités.
  • Trois quarts d’entre elles sont favorables à l’arrêt des subventions et des allégements fiscaux pour le secteur de l’aviation et toutes les entreprises à forte intensité de combustibles fossiles.
  • Une majorité affirme qu’elle accepterait une augmentation de l’impôt sur le revenu pour aider les personnes aux revenus les plus faibles à s’adapter aux politiques liées au climat.
  • La plupart pensent que les pouvoirs publics devraient indemniser financièrement les pays en développement touchés par des changements climatiques.

Volonté d’une transition juste à l’échelle nationale et dans les pays affectés

Les disparités économiques étant classées au cinquième rang des principaux défis à relever après l’inflation, les questions environnementales, l’immigration et l’accès à la santé, la plupart des personnes interrogées en France en appellent à des politiques équitables pour faire face à l’urgence climatique. Elles sont 68 % (en ligne avec la moyenne de l’UE) à dire qu’une transition vers une économie sobre en carbone ne peut s’opérer que si l’on remédie parallèlement aux inégalités sociales et économiques.

Toutefois, 61 % des personnes interrogées disent ne pas avoir confiance dans la capacité des pouvoirs publics à mener une telle transition climatique juste.

Concernant l’indemnisation des pays en développement pour les aider à faire face aux impacts des changements climatiques – qui devrait être un enjeu central de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques organisée en 2023 à Dubaï (COP 28) – les personnes interrogées en France sont favorables à une extension de l’aide au-delà de leurs frontières afin d’aider les pays les plus vulnérables aux changements climatiques et d’assurer à l’échelle mondiale une transition juste vers un avenir climatiquement neutre et résilient.

Au total, 68 % des personnes interrogées en France (8 points de plus que la moyenne de l’UE et 10 points de plus qu’en Allemagne, par exemple) conviennent que le pays devrait indemniser financièrement les nations affectées pour les aider à lutter contre les changements climatiques.

Des taxes pour appuyer une transition juste

Les résultats de l’enquête montrent que 53 % des personnes interrogées en France (6 points de moins que la moyenne de l’UE, à 59 %) seraient disposées à payer des impôts sur le revenu plus élevés pour aider les ménages aux revenus faibles à faire face au coût d’une transition écologique. Au total, 41 % accepteraient d’y consacrer entre 1 et 2 % de leurs revenus en plus et 12 % entre 5 et 10 %.

Plus de deux tiers des personnes interrogées en France ont répondu être favorables à d’autres types de taxes liées au climat. Par exemple, 75 % ont déclaré être en faveur d’une réforme de la taxe sur les combustibles fossiles afin de donner un coup d’arrêt aux subventions et aux allégements fiscaux pour le secteur de l’aviation et toutes les entreprises à forte intensité de combustibles fossiles.

Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI chargé de l’action en faveur du climat et du développement : « La dernière enquête de la BEI sur le climat illustre la très forte sensibilisation de la population française aux changements climatiques et son engagement à y faire face de front. Elle est consciente qu’une transition réussie vers un monde neutre pour le climat va de pair avec la lutte contre les inégalités sociales et économiques à l’échelle tant nationale que mondiale. À la Banque européenne d’investissement, nous sommes pleinement déterminés à appuyer une transition juste qui ne laisse personne de côté. La solidarité et des mesures concrètes sont aujourd’hui plus importantes que jamais. »