Après son entrevue avec Luc Ferry, qui pourfendait la décroissance, Stéphan Bureau poursuit la conversation sur le sujet avec le professeur à HEC Montréal Yves-Marie Abraham, membre du groupe de recherche sur la décroissance Polémos. L’invité donne trois raisons pour lesquelles il faut, selon lui, cesser la course à la croissance économique. Yves-Marie Abraham explique pourquoi une croissance verte ou une croissance propre n’est pas la solution. Pour parvenir à une société postcroissance, le professeur prône plutôt un programme politique en trois points, dont il fait la présentation.
“Abolir l’entreprise si on veut traverser la crise des changements climatiques”
La décroissance est au départ un slogan provocateur pour Yves-Marie Abraham, c’est le point départ. Dans ce sens, trois raisons sont fondamentales :
- La question écologique,
- La croissance se creuse pour les inégalités entre les humains,
- Le fait que la croissance n’améliore plus le bien-être et ne fait plus le bonheur collectif.
La décroissance ne fait pas retourner à l’âge de pierre, il ne s’agit pas de retourner quelque part, mais de recréer une autre façon de vivre-ensemble. Ceci est la grande difficulté. Imaginez ce que pourrait être un monde libéré de cette impérative de croissance, mais qui en même temps ne soit pas la reproduction d’un monde ancien dont nous ne voulons plus.
La décroissance, c’est quelque chose de simple :
- Produire moins
- Partager pour mieux-vivre
- Décider ensemble sur les limites de productions : la démocratisation radicale
La décroissance est un appel à avoir une vie plus simple, une vie moins destructrice, plus juste, et plus démocratique.
Réfléchir à une société post croissance
Le grand risque d’une société post croissance, est que des solutions autoritaires soient prises face à ces crises. Celles-ci doivent en effet être totalement évitées. Le cri d’alarme, l’appel à la démocratisation prépare ce qui paraît être inévitable.
Projet politique
Le souci de décroissance consiste à démoraliser toute cette discussion écologique, expliquer qu’il ne faut pas jouer sur ce terrain, mais sur l’organisation de notre société. De plus, l’objectif est surtout de revoir cette dernière dans l’espoir d’éviter à tout prix ces catastrophes.
Ce projet ne se rapproche pas du communisme, qui n’est vraiment pas démocratique, et qui est très loin des pratiques attendues.
Pour décider ensemble, il faut débattre. Malheureusement, ceci constitue un souci majeur, car aucun sujet sur la décroissance n’est évoqué.
Une relance verte ?
De nombreuses questions se posent autour de la mise en place d’une éventuelle relance verte.
À l’heure actuelle, la relance verte n’existe pas. L’économie pourra certes être relancée, mais celle-ci sera sujet à tous les dangers annoncés juste avant.
