Selon une étude du groupe britannique The Economist. Seuls 21 pays sur 165 vivent dans une « démocratie complète » La France est considéré comme un Démocratie défaillante qui n’est plus ce qu’elle n’était pas…
A la veille du premier tour des élections en France, nous pouvons véritablement nous questionner sur la démocratie.
Pour une fois, les sondages avaient raison ! Macron remporte le 1er tour, sans campagne, sans programme.
La surprise tant espérée n’est pas ( encore ) arrivée.
Zemmour rate lamentablement son pari.
Pécresse reste sous les 5%, sans remboursement de campagne.
Une abstention record évoquée par ce dégout politique.
La démocratie Française ne donne plus la possibilité d’un choix du cœur par le vote mais un choix du moindre mal.
A l’issue de ce premier tour, beaucoup réitèrent la demande de barrage à Le Pen.
Chirac, en 2022, avait initié cette demande de barrage contre les extrémistes en obtenant 82.21%.
Quant à Macron, en 2017, il obtient 66.10%.
En 2022, cette mascarade de barrage va t’il encore marcher ?
L’unique question est :
Qu’est ce que la démocratie ?
Les définitions de la démocratie sont contrastées. Il existe bien des débats animés à ce sujet[. Souvent la démocratie est traitée comme un quasi-synonyme de liberté, au moins comme un régime dont un trait principal procède du respect des libertés.
La démocratie peut être considérée comme un ensemble de pratiques et de principes qui institutionnalisent et, par conséquent, protègent la liberté. Elle suppose notamment l’égalité devant la loi, des procédures régulières et le pluralisme politique.
Certains estiment que la démocratie est un concept dichotomique : un État est démocratique ou non. Mais la plupart des expertises visant à évaluer la démocratie et à classer les pays adhèrent à une conception continue, avec la possibilité de divers degrés de démocratie, comme il peut y avoir divers degrés de liberté.
Comment la mesure-t-on ?
Du rapport consacré à 2020, il ressort, sur 195 pays, 43 % de « libres », 32 % de « partiellement libres » et 25 % de « non libres ». Si on ne prend plus en compte les pays, mais les populations, alors, sur près de 8 milliards de personnes, 39 % sont libres, 25 % sont partiellement libres et 36 % ne sont pas libres.
Souvent dans les commentaires et les expertises s’appuyant sur ces données, la liberté, ainsi mesurée, devient la démocratie, ainsi désignée.
Le calcul de ce qu’est la liberté dans un pays et, partant, ce qu’est son niveau de démocratie est une moyenne de plusieurs indices de liberté politique (avec 10 indicateurs) et de libertés civiles (avec 15 indicateurs).
L’intérêt de la mesure tient dans sa couverture géographique et son ancienneté. Elle couvre tous les pays et remonte au début des années 1970.
L’indice de démocratie de The Economist
L’hebdomadaire libéral britannique réalise, depuis 2006, un état de la démocratie dans le monde. Le travail repose sur le calcul d’un « indice de démocratie », fournissant un état et un comparatif de la démocratie, pour 167 pays. Le champ géopolitique couvre la quasi-totalité de la population mondiale et la grande majorité des États du monde. Concrètement, l’indice de démocratie repose sur cinq catégories :
- Processus électoral et pluralisme
- Fonctionnement des pouvoirs publics
- Participation politique
- Culture politique
- Libertés civiques
Ces cinq catégories, rassemblant des données de fait et des données d’opinion, des données déclaratives et des observations, veulent former un tout conceptuel cohérent.
Soixante indicateurs basiques permettent une note, de 0 à 10, pour chaque catégorie. L’indice global – dit « indice de démocratie – est la moyenne des résultats pour les cinq catégories. Il est établi pour chaque pays ainsi qu’à l’échelle globale.
Sur la base des scores obtenus chaque pays est classé dans l’un des quatre types de régime : « démocratie à part entière », « démocratie imparfaite », « régime hybride » ou « régime autoritaire ».
Index de la démocratie, par type de régime
Selon cette approche, en 2020, 75 des 167 pays couverts, soit 45 % du total, sont considérés comme des démocraties (à part entière ou imparfaites). Toujours selon cette méthode, seulement environ la moitié (49 %) de la population mondiale vit dans une démocratie, et encore moins (8 %) dans une démocratie à part entière. Plus d’un tiers (36 %) de la population mondiale vit sous un régime autoritaire, dont une grande partie en Chine.
En ce qui concerne l’indice synthétique, en 2020, le score moyen mondial a atteint un plus bas depuis 2006. Cet indicateur a baissé sur la période, de 5,52 en 2006 à 5,37 en 2020, en passant par 5,44 en 2019.
En tout cas, en 2020, 116 pays (près de 70 % du total), ont enregistré une baisse de leur score total par rapport à 2019. La période a connu des améliorations impressionnantes et des baisses spectaculaires, avec Taïwan enregistrant la plus forte amélioration et le Mali la plus forte baisse.
Les résultats ont frappé les esprits en France, le pays ne se classant qu’au 24ème rang et étant relégué en 2020 – pour un centième de point – dans le groupe des démocraties « imparfaites » ou « défaillantes » (avec une note de 7,99 sur 10)[.
Parmi les régimes hybrides, la Turquie figure, en 2020, au 104ème rang, entre la Gambie et le Pakistan.
Parmi les pays autoritaires, la Russie se trouve au 124ème rang, classée entre l’Éthiopie et le Niger. La Chine est 151ème tout juste devant l’Iran.
Relevons, également, les scores extrêmement contrastés des nations du continent européen : la Norvège, en tête de classement, obtient une note de 9,81 sur 10, tandis que la Russie a une note de 3,31, la Hongrie de 6,56 et la Pologne de 6,85.
Soulignons, enfin, que la France, depuis 2006, est passée de 8,07 à 7,99 en 2020, basculant, selon les années, entre les deux catégories de « démocratie à part entière » et « démocratie imparfaite », la barrière se situant à 8.
La France, « démocratie défaillante »
Indices de démocratie en France et dans le monde (2006-2020)
Sur une quinzaine d’années, on pourrait avoir la fausse impression d’une stabilité, les mouvements étant de faible ampleur. Ce qui est assez vrai pour la France (peu de changements), est erroné pour l’échelle mondiale. En effet, les évolutions de l’agrégation des résultats pour les 167 pays est plus significative que l’évolution pour un seul pays. En l’espèce, depuis le milieu des années 2000 un relatif affaiblissement démocratique s’observe. C’est en tout cas ce que conclut The Economist, avec les vertus et les limites de son exercice
D’autres perspectives
D’autres institutions publient, ponctuellement ou régulièrement, des travaux d’expertise sur les situations et les évolutions démocratiques.
À l’échelle intergouvernementale on peut citer l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA) créé en 1995. Cette organisation vise, comme d’autres, la promotion et l’extension de la démocratie. 34 pays, de tous les continents, en sont membres.
International IDEA – c’est le nom sous lequel l’organisme est connu – publie annuellement un rapport sur la démocratie dans le monde, lui aussi à répercussions significatives. Cette étude, comme celle de The Economist, donne des notes, des bons et des mauvais points, agrémentés de commentaires positifs ou négatifs.
Le rapport annuel sur l’état de la démocratie dans le monde contient des données sur la qualité de démocratie au regard de 16 aspects, rassemblés en cinq dimensions : 1/ représentativité du gouvernement ; 2/ droits fondamentaux ; 3/ contre-pouvoirs et contrôle de l’exécutif ; 4/ impartialité de l’administration ; 5/ engagement participatif.
Cadre conceptuel de l’étude sur l’état de la démocratie dans le monde
Le rapport pour 2020, analysant la première période Covid, repère que, pour la cinquième année consécutive, le nombre de pays engagés sur la voie de l’autoritarisme aurait dépassé celui des pays évoluant vers la démocratie. Les conclusions rejoignent celles d’autres approches, dont celle de The Economist, insistant sur une dynamique de recul démocratique.
Dans un pointage provisoire pour 2021, International IDEA recense 98 démocraties (un nombre au plus bas depuis plusieurs années), 20 régimes « hybrides » dont la Russie, le Maroc ou encore la Turquie, 47 régimes autoritaires, parmi lesquels la Chine, l’Arabie saoudite, l’Éthiopie ou encore l’Iran. En additionnant les démocraties en recul et les régimes hybrides et autoritaires, on arrive à 70 % de la population mondiale.
La typologie et les chiffrages précis ne sont pas les mêmes que chez The Economist. Les tendances sont cependant les mêmes, et les classements très semblables. Quant à l’appréciation générale de la situation, elle peut se résumer dans une seule expression : la détérioration démocratique.
En France, la Fondapol a largement investi ce domaine de la comparaison internationale autour de la démocratie. Environ tous les deux ans, le think tank français, avec d’autres think tanks dans le monde, produit son enquête planétaire sur la démocratie. Le champ s’étend : 26 pays en 2017, 42 en 2019, 55 en 2022.
Plus que la production d’un indicateur et de tableaux de données systématiques, il s’agit d’enquêtes approfondies auprès des populations de certains pays (26, en 2017, dont 22 dans l’Union européenne) traitant du risque d’un « dépérissement démocratique ». Où il apparaît, en Europe, à l’heure d’Internet, de la crise migratoire et des fake news, qu’optimisme et pessimisme ne se distribuent pas de la même manière dans tous les États. L’état des démocraties, va, de la Suisse à la France, de la confiance au malaise.
De l’enquête publiée en 2019 (42 pays, 33 langues, plus de 36 000 personnes interrogées), ressort le portrait des recompositions et décompositions des idées démocratiques. Selon ce qu’en pensent et ce qu’en attendent les gens. En l’espèce, la France se situe au niveau de l’Italie et de la Hongrie pour ce qui relève de l’attachement aux idéaux démocratiques. Dans l’hexagone, l’adhésion à une forme de « démocratie manifestante » (gilets jaunes obligent) est élevée. Au total, dans l’ensemble de ces 42 pays enquêtés, l’adhésion aux principes reste fort, mais les interrogations sur les capacités à les réaliser sont puissantes.
La plus récente livraison, publiée en janvier 2022 (55 pays, près de 50 000 personnes interrogées), soulignent les craintes des populations à l’égard du retour de la guerre, du manque de transparence, du niveau de corruption, du terrorisme, du déclassement. Avec des observations inquiétantes sur la montée des régimes autoritaires, la mise au défi des libertés, la croissance de la défiance dans des sociétés plus multiculturelles. L’étude analyse les inquiétudes de ses voisins face à la Russie, celles des Européens face à la Turquie, celles du monde démocratique face à la Chine.
Sur le plan institutionnel, en 2022, la démocratie représentative est plébiscitée, mais pour la moitié des personnes interrogées la démocratie fonctionne mal dans leur pays (14 % des Suisses, 50 % des Français, 78 % des Bulgares). Un tiers des répondants mettent en cause l’utilité du vote. Sur le plan générationnel, les jeunes générations semblent se préparer à un monde plus violent. Une seule bonne nouvelle : les Français ne sont pas forcément les plus pessimistes.
La consultation du rapport est disponible en anglais ci-dessous :