La directive CSRD : un tournant pour les entreprises françaises

directive CSRD

Dans un contexte où la durabilité devient un impératif incontournable pour les entreprises, la directive sur le reporting de durabilité, connue sous le nom de Corporate Sustainability Reporting Directive (directive CSRD), se présente comme un enjeu majeur. Le rapport de Tennaxia, une référence dans le domaine des solutions de reporting environnemental, social et de gouvernance (ESG), met en lumière les progrès réalisés et les défis auxquels font face les entreprises françaises dans cette transition. Cette étude, réalisée en collaboration avec Bpifrance, LCL et l’association Orée, révèle des données essentielles sur l’état de préparation des entreprises à l’égard de cette réglementation, dont les premiers rapports conformes sont attendus pour 2025.

Le rôle crucial des directions financières et des achats dans la mise en conformité

L’implication croissante des directions financières, en particulier des Directeurs Administratifs et Financiers (DAF), marque une étape significative dans l’adaptation des entreprises à la directive CSRD. Selon l’étude, 89 % des entreprises déclarent une participation active de leur DAF dans le processus de conformité, une hausse notable de 15 points par rapport à l’année précédente. Cette évolution souligne la reconnaissance croissante de l’importance des enjeux ESG au sein des stratégies d’entreprise.

Solène Garcin-Charcosset, Directrice de la Business line RSE de Tennaxia, affirme : “Cette tendance témoigne de l’intégration des enjeux de durabilité dans le cœur même de la stratégie d’entreprise.” Les DAF apportent une expertise précieuse dans le domaine du reporting et de l’audit, ce qui est essentiel pour satisfaire les exigences de la CSRD. Parallèlement, une nouveauté émerge : l’inclusion des Directions Achats dans le processus de reporting, avec 7 % des entreprises reconnaissant leur rôle. Ce changement met en évidence l’importance d’une gestion responsable de la chaîne d’approvisionnement, un aspect crucial puisque 92 % des émissions des entreprises européennes proviennent du Scope 3, selon le CDP. Les Directions Achats doivent désormais collecter et analyser des données essentielles sur leurs fournisseurs, renforçant ainsi leur implication dans le reporting durable.

Directive CSRD : les défis persistants de la collecte et de la fiabilité des données

Malgré les avancées, la collecte de données ESG reste un obstacle majeur pour de nombreuses entreprises. Près d’un tiers (36 %) des répondants indiquent ne pas être en mesure de localiser l’intégralité des données nécessaires à leur reporting conforme à la directive CSRD. Ce chiffre, bien qu’il se réduise à 7 % pour les entreprises auditées en 2025, suscite des préoccupations quant à la capacité de ces entreprises à répondre aux exigences réglementaires. La plupart des données sont encore gérées de manière traditionnelle, 35 % des entreprises utilisant Excel, et 26 % ayant recours à des systèmes d’information comme les SIRH. Ce constat soulève des questions sur la fiabilité de ces données, en particulier pour celles gérées dans des feuilles de calcul. Plus surprenant, 5 % des entreprises continuent de stocker certaines de ces informations sur des documents papier.

Solène Garcin-Charcosset insiste sur la nécessité d’une gouvernance solide des données ESG : “Les entreprises doivent impérativement structurer et centraliser leurs données pour garantir leur fiabilité et leur pertinence.” Tennaxia se positionne comme un partenaire pour accompagner les organisations dans cette transition, en fournissant des outils adaptés à la centralisation, au traitement et à l’analyse des données de durabilité.

Le changement climatique au cœur des préoccupations des entreprises

L’étude de Tennaxia révèle que le changement climatique est perçu comme un enjeu prioritaire par 98 % des entreprises interrogées. Cette préoccupation croissante souligne l’importance d’agir pour atténuer les effets des gaz à effet de serre et développer des stratégies bas-carbone. Conformément à l’Accord de Paris, les entreprises doivent élaborer des plans de transition robustes pour réduire leur impact environnemental. À ce jour, 44 % des répondants affirment avoir déjà mis en place de telles stratégies.

Thomas Guyot, Chief Strategy Officer de Tennaxia, souligne : “Cette prise de conscience collective est un signe positif. Les entreprises françaises se montrent prêtes à assumer un rôle actif dans la transition écologique, au-delà de la simple conformité réglementaire.” Cette dynamique témoigne d’un changement de mentalité face aux enjeux environnementaux et d’une volonté d’engagement en faveur d’une économie durable.

Directive CSRD et audits : entre commissaires aux comptes et organismes tiers

Un autre aspect intéressant relevé par l’étude est la préférence des entreprises pour les Commissaires aux Comptes (CAC) en tant qu’auditeurs de leur conformité à la CSRD. En effet, seulement 14 % des entreprises envisagent de recourir à des Organismes Tiers Indépendants (OTI) pour cet audit. Parmi celles qui choisissent de faire appel à un CAC. 51 % optent pour le même professionnel que celui qui s’occupe de leurs données financières.

Solène Garcin-Charcosset explique cette tendance : “Dans un contexte où la mise en conformité à la CSRD est perçue comme complexe et chronophage. La facilité et la continuité des services sont des critères importants pour les entreprises.” Cette préférence pour une approche intégrée souligne également la volonté d’assurer une cohérence dans la gestion des informations financières et de durabilité.

Une méthodologie rigoureuse au service de la recherche

L’étude réalisée par Tennaxia repose sur un questionnaire auto-administré envoyé à plus de 400 Directeurs RSE et DAF d’entreprises soumises à la CSRD. Sur ces 400 entreprises, 208 réponses ont été retenues pour leur pertinence et leur complétude. Offrant ainsi une vision claire des enjeux et des défis auxquels font face les acteurs économiques français dans ce contexte de régulation accrue.

Vers une transition durable et responsable

En conclusion, la directive CSRD représente un défi mais aussi une opportunité pour les entreprises françaises. Alors que le cadre réglementaire devient de plus en plus exigeant. La mise en conformité requiert une transformation des pratiques et des mentalités au sein des entreprises. Le rapport de Tennaxia met en lumière l’importance d’une approche proactive. Intégrant les directions financières et achats, et soulignant la nécessité d’une gouvernance solide des données. Les entreprises doivent désormais se préparer non seulement à répondre aux exigences réglementaires. Mais également à embrasser une transition vers un modèle économique durable et responsable.

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