La lutte contre le changement climatique exige des efforts considérables, et la France, à travers son engagement en matière de finance climat, joue un rôle essentiel dans la mobilisation des financements nécessaires à cette transition. Le modèle français repose sur une approche coordonnée entre le secteur public et privé, visant à catalyser des financements innovants et adaptés aux enjeux environnementaux mondiaux. Ce soutien est particulièrement crucial pour les pays les plus vulnérables au changement climatique, qui sont les moins à même de mobiliser des fonds pour leur propre transition énergétique. À l’occasion du rapport sur l’évolution de la finance climat en 2023, plusieurs éléments clés viennent illustrer l’impact de l’aide française, de l’accompagnement des entreprises privées aux priorités géographiques et sectorielles définies dans le cadre des objectifs internationaux.
La France, un acteur incontournable de la finance climat internationale
La France se positionne aujourd’hui comme un leader dans le financement de la transition énergétique mondiale, en grande partie grâce à son aide publique au développement (APD), qui s’inscrit dans un cadre global plus large de coopération internationale pour lutter contre le changement climatique. À travers des instruments financiers diversifiés, elle soutient activement les pays les plus vulnérables aux impacts du réchauffement climatique, tout en contribuant à la réalisation des objectifs climatiques internationaux. Ces efforts sont essentiels pour permettre aux pays en développement d’accéder à des financements adaptés à leurs besoins spécifiques en matière d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique.
Un engagement financier majeur : 7,2 milliards d’euros pour la finance climat
En 2023, la France a alloué près de 7,2 milliards d’euros à la finance climat, une contribution significative dans le cadre de ses engagements climatiques. Plus de 87 % de ce montant a été mobilisé via le Groupe AFD, qui regroupe des institutions comme l’Agence Française de Développement (AFD), Proparco (la branche dédiée au secteur privé), et Expertise France. Cette somme témoigne de la volonté de la France de soutenir activement la transition énergétique au niveau mondial, notamment dans les pays en développement où les besoins en financement pour la transition énergétique sont particulièrement élevés.
Le financement de la France à la finance climat est une réponse directe aux défis posés par le changement climatique, en particulier pour les pays vulnérables, comme les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés (PMA). Ces pays sont souvent les moins capables de lever les fonds nécessaires à la mise en œuvre de politiques climatiques ambitieuses, malgré une exposition accrue aux impacts du réchauffement climatique. Grâce à cet investissement, la France renforce la coopération internationale, notamment en permettant aux pays bénéficiaires d’accéder à des projets et à des infrastructures résilientes face aux changements climatiques.
Le rôle stratégique du Groupe AFD et de ses filiales dans la mobilisation des financements
L’Agence Française de Développement (AFD) joue un rôle central dans la gestion des financements climat français. En plus de ses actions directes, elle coordonne la mise en œuvre des projets avec d’autres acteurs nationaux et internationaux, contribuant à créer des synergies autour de la transition énergétique. Par l’intermédiaire de ses filiales comme Proparco, l’AFD facilite le co-financement de projets privés, favorisant ainsi la participation du secteur privé dans les initiatives climatiques mondiales. Proparco, en particulier, a pour objectif de structurer et de financer des projets privés dans les pays émergents et les pays en développement, en mettant l’accent sur des secteurs clés comme les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, et les infrastructures durables.
Ce modèle public-privé permet de lever des fonds supplémentaires pour les projets climatiques, tout en réduisant les risques associés à ces investissements dans des contextes géopolitiques et économiques complexes. L’engagement de la France à travers ces mécanismes renforce la crédibilité et la stabilité des projets, en attirant les investisseurs privés tout en minimisant les risques perçus.
Une approche de financement basée sur la réduction du risque : prêts concessionnels et garanties
La France mise sur des instruments financiers innovants pour stimuler la transition énergétique, notamment à travers des prêts concessionnels et des garanties financières. Ces instruments permettent de réduire le coût du capital pour les pays en développement, tout en garantissant des conditions de financement favorables pour des projets souvent jugés trop risqués par les investisseurs privés. Le recours à des prêts concessionnels, souvent à taux réduit, est particulièrement adapté dans des régions où les marchés financiers sont encore sous-développés et où les investissements dans le secteur climatique peuvent être perçus comme risqués. Les prêts concessionnels permettent ainsi d’assouplir les conditions de financement pour les pays à faible revenu, leur offrant des marges de manœuvre pour entreprendre des projets de grande envergure.
Les garanties et assurances proposées par des institutions comme BPI France jouent également un rôle clé. Elles permettent de sécuriser les investissements privés dans les projets climatiques, en réduisant le risque que prennent les investisseurs. Ces instruments peuvent couvrir une partie du risque financier, ce qui incite les entreprises à s’engager dans des projets qui, autrement, auraient été jugés trop incertains. Ce modèle est essentiel pour mobiliser des fonds privés en faveur de la transition énergétique dans les pays en développement.
La complémentarité entre financement public et privé pour une transition énergétique réussie
La coopération entre le secteur public et privé est l’une des pierres angulaires de la stratégie de la France en matière de finance climat. Comme le souligne Bruno Boggiani, CEO de Green Finance : « La finance climat française est un modèle de coopération publique-privée qui incite les entreprises à s’engager dans des projets de transition énergétique tout en garantissant une rentabilité à long terme, un élément clé pour convaincre les investisseurs ». Cette complémentarité permet de conjuguer les forces du secteur public, qui prend en charge une partie des risques et assure des financements stables, et du secteur privé, qui injecte des capitaux supplémentaires pour accélérer la mise en œuvre de projets.
Les financements privés sont essentiels pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux, car ils apportent des ressources financières substantielles et permettent de diversifier les sources de financement. En facilitant l’implication des investisseurs privés, la France participe à la mise en place d’un environnement propice à l’investissement dans des projets de transition énergétique. Cette approche contribue à créer une dynamique positive et à assurer la pérennité des financements nécessaires à long terme pour lutter contre le changement climatique à l’échelle mondiale.
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Une répartition géographique stratégique : priorisation des pays les plus vulnérables
L’un des axes essentiels de la finance climat française réside dans sa répartition géographique, qui vise à répondre aux besoins les plus pressants des régions du monde les plus exposées aux effets du changement climatique. Cette répartition s’inscrit dans une vision globale, alignée avec les priorités internationales en matière de coopération et de financement climatique. À travers son engagement au sein du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID), la France a décidé de concentrer une part importante de ses financements climatiques sur les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID), qui sont particulièrement vulnérables face aux impacts du réchauffement global. Ces pays sont souvent les moins armés pour faire face aux défis du changement climatique, malgré une contribution minime aux émissions mondiales.
L’importance de cibler les pays les plus vulnérables
Les PMA et les PEID, bien qu’étant responsables d’une part infime des émissions mondiales de gaz à effet de serre, souffrent des conséquences les plus graves du changement climatique. Ils sont fréquemment confrontés à des phénomènes climatiques extrêmes, tels que des sécheresses prolongées, des cyclones tropicaux dévastateurs, ou encore la montée du niveau des mers. Ces impacts menacent gravement leur développement économique et social. Par exemple, les petits États insulaires, dont beaucoup sont situés dans l’océan Pacifique et l’océan Indien, risquent de voir leurs terres submergées, entraînant des déplacements massifs de populations et des pertes de biodiversité irréversibles.
La France, consciente de cette injustice climatique, a décidé de concentrer une part importante de ses financements climatiques dans ces régions particulièrement fragiles. Ce soutien est essentiel pour permettre à ces pays de s’adapter aux impacts du changement climatique (par exemple, la construction d’infrastructures résilientes) tout en s’engageant dans des actions d’atténuation (réduction des émissions de gaz à effet de serre). Cette orientation géographique se veut également un message fort pour la communauté internationale, soulignant l’importance de la solidarité face aux défis mondiaux.
Une répartition des financements en 2023 : Afrique, Asie, et Amérique Latine en première ligne
En 2023, la France a consacré environ 7,2 milliards d’euros à la finance climat, dont une part substantielle a été dirigée vers les régions les plus vulnérables. L’Afrique a ainsi reçu près de 2,5 milliards d’euros, ce qui représente environ 35 % de l’aide climatique bilatérale. Le continent africain, qui est particulièrement exposé à des phénomènes climatiques extrêmes comme les vagues de chaleur et les sécheresses, nécessite des investissements conséquents pour renforcer ses capacités d’adaptation. Les projets de développement durable et de résilience climatique en Afrique comprennent des initiatives telles que la gestion de l’eau, la protection des écosystèmes et la promotion des énergies renouvelables.
L’Asie, qui a reçu 2,1 milliards d’euros, représente également un axe prioritaire dans la répartition des financements français. L’Asie du Sud et du Sud-Est est extrêmement vulnérable aux typhons, aux inondations et à la montée du niveau de la mer. Des pays comme le Bangladesh, les Philippines ou encore l’Indonésie font partie des nations les plus menacées par ces impacts climatiques. Les financements français y sont notamment dirigés vers des projets de résilience urbaine et rurale, ainsi que vers le soutien à la transition énergétique, avec un accent sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
L’Amérique latine et les Caraïbes, avec 1,1 milliard d’euros, représentent aussi une priorité dans cette stratégie géographique. Bien que cette région soit moins exposée à certains impacts du changement climatique, elle fait face à des menaces graves telles que des vagues de chaleur, des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes. Les investissements français dans cette région se concentrent sur l’adaptation des infrastructures, la gestion des risques climatiques et la restauration des écosystèmes fragiles, en particulier dans les zones rurales.
La prise en compte des pays à faible revenu : un axe stratégique
La répartition des financements climat français se distingue également par une attention particulière portée aux pays à faible revenu, qui sont souvent les moins capables de mobiliser des ressources pour faire face aux enjeux climatiques. En 2023, près de 50 % des financements bilatéraux français ont été alloués à ces pays. Ces derniers sont non seulement les plus vulnérables aux effets du changement climatique, mais également ceux qui disposent des moyens les plus limités pour y faire face. Par conséquent, une priorité a été donnée à ces pays dans la stratégie de financement, en particulier dans les secteurs de la santé, de l’agriculture, de la gestion de l’eau, et de l’énergie.
Les investissements dans les pays à faible revenu se concentrent souvent sur des projets d’adaptation, comme la construction d’infrastructures résilientes (digues, systèmes d’irrigation, etc.), mais aussi sur des initiatives d’atténuation, notamment la transition vers des sources d’énergie renouvelables. Ces investissements sont également accompagnés de mécanismes de financement innovants qui facilitent l’accès aux crédits et aux prêts pour ces pays, comme les prêts à taux préférentiels ou les garanties de risque. L’objectif est de réduire la charge financière de ces projets tout en maximisant leur impact environnemental et social.
Une approche complémentaire aux engagements internationaux : le rôle de la France dans les forums mondiaux
Cette répartition géographique, axée sur les pays les plus vulnérables, est en parfaite adéquation avec les engagements pris par la France lors de différents forums internationaux, tels que les COP (Conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques). Dans ces forums, la France a régulièrement rappelé l’importance de la solidarité financière envers les pays en développement, afin qu’ils puissent atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris. En particulier, la France soutient activement l’objectif de financement climatique de 100 milliards de dollars par an, que les pays développés se sont engagés à mobiliser pour aider les pays en développement.
Dans ce cadre, la France met en avant l’importance de l’efficacité de ses financements, en privilégiant les projets ayant un impact tangible et mesurable sur la réduction des émissions et l’adaptation au changement climatique. Elle encourage également les autres pays développés à suivre son exemple, en augmentant leurs propres engagements financiers en faveur des pays vulnérables. En 2023, la France a ainsi renforcé sa position en tant que leader dans l’aide au financement climatique, non seulement par ses contributions directes, mais aussi par son rôle de catalyseur dans la mobilisation de financements internationaux.
Une approche multidimensionnelle : de l’adaptation à la transformation du secteur privé
La finance climat dépasse largement le simple transfert de fonds. Elle s’inscrit dans une approche stratégique, multidimensionnelle, qui comprend à la fois des efforts d’adaptation aux impacts du changement climatique et des initiatives visant à transformer les secteurs économiques pour qu’ils deviennent durables et résilients face aux défis environnementaux. Cette vision holistique est au cœur de la politique de financement de la transition énergétique menée par la France, qui cherche à combiner des objectifs d’atténuation du changement climatique avec des mesures concrètes d’adaptation aux impacts déjà visibles dans de nombreuses régions du monde.
Encourager les investissements dans des projets transformationnels
Les projets dits “transformationnels” constituent l’un des piliers essentiels de l’approche française en matière de finance climat. Ces projets sont définis comme ayant un impact profond sur la transition énergétique, en agissant directement sur les principaux moteurs des émissions de gaz à effet de serre (GES) et en facilitant leur décarbonation. La France privilégie ainsi des investissements dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie, l’industrie, l’agriculture et le transport, afin d’opérer une mutation profonde qui permette de réduire l’empreinte carbone tout en soutenant la croissance économique durable.
Les projets transformationnels ont deux objectifs principaux : d’une part, réduire la dépendance aux énergies fossiles en développant des solutions de production d’énergie renouvelable et, d’autre part, soutenir la transition vers des modèles industriels plus écologiques. Par exemple, des investissements dans des infrastructures énergétiques bas carbone, comme des centrales solaires et éoliennes ou des systèmes de stockage d’énergie, sont des éléments clés de cette stratégie. De plus, la France soutient le déploiement de solutions innovantes dans les secteurs à forte intensité carbone, comme l’industrie lourde, afin de les rendre plus résilients et moins polluants. Cette approche vise à créer un effet domino, où la transformation des secteurs clés aura un impact positif sur l’ensemble de l’économie, en réduisant les émissions de GES tout en favorisant la création d’emplois durables.
L’accent mis sur l’innovation technologique et l’énergie renouvelable
Une part importante des financements climat français est allouée à l’innovation technologique, un secteur crucial pour la réussite de la transition énergétique. L’essor de technologies avancées dans les domaines de l’énergie renouvelable, des réseaux intelligents, du stockage de l’énergie et de la gestion des ressources est un levier stratégique pour décarboner rapidement les économies, notamment dans les pays en développement. Les technologies innovantes permettent de contourner certains obstacles liés aux infrastructures obsolètes et aux coûts élevés de l’énergie, tout en répondant aux besoins énergétiques croissants des populations.
Dans ce cadre, la France joue un rôle précurseur en soutenant l’exportation et le déploiement de ces technologies, que ce soit à travers des projets bilatéraux ou dans le cadre de partenariats internationaux. Par exemple, les financements français soutiennent le développement de fermes solaires et éoliennes dans des régions comme l’Afrique ou l’Asie, où l’accès à l’énergie est encore limité et où le potentiel de production d’énergie renouvelable est considérable. En soutenant ces projets, la France participe à la réduction des émissions mondiales, tout en favorisant l’autonomie énergétique de ces régions, particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique.
L’adaptation des infrastructures aux impacts du changement climatique
L’adaptation aux impacts du changement climatique constitue un autre axe stratégique majeur de la finance climat en France. Si l’atténuation, c’est-à-dire la réduction des émissions de gaz à effet de serre, est essentielle, l’adaptation est tout aussi nécessaire, car les effets du changement climatique sont déjà visibles dans de nombreuses régions du monde. Les infrastructures existantes doivent être adaptées pour faire face à des phénomènes tels que les vagues de chaleur, les sécheresses prolongées, les inondations ou la montée des eaux.
La France finance ainsi des projets visant à renforcer la résilience des infrastructures, notamment dans les secteurs de l’eau, de l’agriculture, du bâtiment et des transports. Ces projets incluent la mise en place de systèmes d’irrigation plus efficaces dans les zones agricoles vulnérables, la construction de digues pour protéger les littoraux des inondations ou la création d’infrastructures vertes telles que des parcs urbains pour absorber l’eau de pluie et éviter les risques d’inondation en milieu urbain. Ce type de financement est essentiel pour minimiser les pertes humaines et économiques dues aux catastrophes climatiques, tout en assurant un développement durable des territoires.
L’engagement du secteur privé dans la transition énergétique
Pour réussir la transition énergétique mondiale, l’implication du secteur privé est indispensable. La France, consciente du rôle clé que les entreprises doivent jouer, encourage activement le secteur privé à s’engager dans des projets de décarbonation et d’adaptation climatique. Dans ce cadre, le financement français s’accompagne souvent de mécanismes de réduction des risques (“de-risking”) pour encourager les investisseurs privés à soutenir des projets dans les pays en développement, où les risques perçus peuvent freiner l’investissement.
Le soutien public prend la forme de garanties sur les prêts, de subventions pour la recherche et l’innovation ou encore de financements de l’infrastructure de base nécessaire à la transition, comme les réseaux électriques intelligents. Ces financements permettent de créer un environnement propice à l’investissement privé, tout en réduisant les obstacles économiques et politiques qui pourraient entraver les investissements dans les projets climatiques. En favorisant cette coopération entre secteur public et privé, la France cherche à multiplier les investissements et à accélérer la transition énergétique, en particulier dans les régions où les besoins en infrastructures vertes et résilientes sont urgents.
Le suivi des résultats et l’évaluation de l’efficacité des financements
Une autre dimension essentielle de la stratégie française en matière de finance climat réside dans le suivi rigoureux des résultats obtenus grâce aux financements alloués. Les financements sont régulièrement évalués en fonction de leur capacité à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à renforcer les capacités d’adaptation des pays en développement et à améliorer la résilience des infrastructures. À cet égard, la France s’appuie sur des modèles d’évaluation éprouvés, tels que ceux utilisés par la Banque mondiale, qui mesure l’impact des projets en termes de réduction des émissions évitées ou de renforcement des capacités d’adaptation.
Cette évaluation permet non seulement de garantir l’efficacité des financements, mais aussi d’ajuster les stratégies en fonction des résultats obtenus. En assurant un suivi rigoureux, la France contribue à maximiser l’impact de ses financements climat, tout en améliorant la transparence et la redevabilité des projets soutenus. Cette approche basée sur les résultats est cruciale pour maintenir la confiance des donateurs et des investisseurs dans la finance climat, et pour s’assurer que chaque euro investi génère un impact concret et mesurable sur le terrain.
L’élargissement des contributeurs à la finance climat : une nécessité face aux défis mondiaux
L’un des défis majeurs pour la finance climat mondiale réside dans la mobilisation de ressources financières suffisantes pour atteindre les objectifs climatiques définis par l’Accord de Paris. Alors que les financements publics ont joué un rôle crucial jusqu’à présent, il est désormais clair que, pour répondre à l’ampleur de la transition énergétique mondiale, une contribution beaucoup plus importante du secteur privé sera nécessaire. D’ici 2030, selon le rapport de la Banque mondiale, le secteur privé devra fournir environ 90 % des fonds nécessaires pour l’atténuation du changement climatique dans les pays en développement, à l’exception de la Chine.
Cette évolution marque une transformation importante dans la manière de financer les projets climatiques. Alors que les fonds publics continueront à être indispensables pour soutenir les initiatives d’adaptation et de mitigation, ils ne suffiront plus à eux seuls. Le secteur privé, avec ses ressources considérables et son savoir-faire en matière d’investissements à grande échelle, doit donc jouer un rôle central dans l’atteinte des objectifs climatiques mondiaux. Cependant, pour que cette transition vers un financement privé massif soit réussie, il est crucial de créer des conditions qui incitent les investisseurs privés à s’engager.
La nécessité de réduire le risque pour attirer les investisseurs privés
Un des principaux obstacles à la mobilisation des financements privés est la perception du risque associé aux projets climatiques, notamment dans les pays en développement. Ces pays, souvent marqués par des risques politiques, économiques ou même des risques environnementaux spécifiques, ont besoin d’un soutien renforcé pour attirer des investissements privés. C’est là que les politiques publiques entrent en jeu : elles doivent jouer un rôle décisif en réduisant ces risques perçus par les investisseurs, tout en favorisant l’accès au capital.
L’un des instruments les plus efficaces dans ce domaine est le “de-risking”, un ensemble de mécanismes visant à réduire les risques inhérents aux investissements. Cela peut inclure des garanties financières, des assurances contre les risques politiques ou des subventions pour réduire le coût du capital dans les pays en développement. Ces mécanismes permettent aux investisseurs privés de se sentir plus en sécurité et, par conséquent, de s’engager dans des projets climatiques, même dans des environnements jugés risqués.
Les initiatives de “de-risking” peuvent prendre plusieurs formes : des garanties de prêts, qui couvrent une partie du risque en cas de défaut, ou des bonifications de taux d’intérêt, qui rendent les investissements plus attractifs en réduisant le coût de l’emprunt. En outre, la structuration de projets par des mécanismes d’assurance, notamment pour les projets d’infrastructure résiliente face au climat, est essentielle pour renforcer la confiance des investisseurs. Ces instruments sont au cœur de la stratégie de financement climatique de pays comme la France, qui œuvre déjà à la mise en place de ces solutions dans ses partenariats internationaux.
Les engagements de la France dans la facilitation du financement privé
La France a été proactive dans l’adoption de ces stratégies de “de-risking”, soutenant activement les projets climatiques dans les pays en développement à travers ses institutions financières, notamment l’Agence Française de Développement (AFD) et Proparco. Ces entités ont mis en place des mécanismes de financement innovants, alliant prêts concessionnels et garanties, pour inciter le secteur privé à participer à la transition énergétique dans des régions fragiles.
Le modèle français repose sur une coopération étroite entre le secteur public et le secteur privé, avec l’objectif de créer un environnement favorable à l’investissement privé dans des projets verts. Cela comprend non seulement des financements directs, mais aussi un accompagnement technique pour structurer des projets complexes et assurer leur viabilité à long terme. En facilitant l’accès des entreprises privées à des projets de transition énergétique, la France soutient non seulement la croissance économique mais contribue également à la création d’emplois dans des secteurs verts et durables.
Les défis à venir pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux
À l’horizon 2025, l’objectif de financement climatique mondial, fixé par l’Accord de Paris, est de garantir un flux annuel de 100 milliards de dollars pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Cependant, cet objectif pourrait s’avérer insuffisant face à l’ampleur croissante des besoins financiers. En effet, selon le rapport 2024 du groupe d’experts indépendants sur la finance climat, pour atteindre une transition énergétique véritablement durable, des investissements de l’ordre de 2 440 milliards de dollars seront nécessaires d’ici 2030, répartis entre financements publics et privés. Cet écart considérable souligne l’urgence de trouver des solutions de financement adaptées.
L’un des principaux défis pour la finance climat mondiale est de trouver un équilibre entre les financements publics et privés. Bien que les financements publics restent indispensables pour soutenir les pays les plus vulnérables, les mécanismes de financement doivent évoluer pour permettre aux acteurs privés d’assumer une part plus importante de l’effort financier. Cette évolution implique une collaboration renforcée entre les gouvernements, les institutions financières internationales, et le secteur privé, afin de structurer des projets qui soient à la fois rentables et conformes aux objectifs climatiques mondiaux.
Les discussions à venir à la COP29 : redéfinir les objectifs financiers mondiaux
Les discussions internationales sur la finance climat atteindront un moment crucial lors de la COP29 à Bakou. Un des objectifs de cette conférence sera de revoir à la hausse les engagements financiers mondiaux et de s’assurer que l’ensemble des pays en développement, et non seulement ceux ayant une capacité de financement élevée, puissent bénéficier de ces flux financiers. Une des priorités sera également de renforcer la participation des pays émergents et du secteur privé, qui devront jouer un rôle plus important dans l’atteinte des objectifs climatiques mondiaux.
Les négociations devront également aborder les mécanismes de transparence et de gouvernance pour garantir que les financements arrivent là où ils sont le plus nécessaires et qu’ils soient utilisés efficacement. Dans cette optique, les pays développés, comme la France, ont un rôle clé à jouer, en soutenant des systèmes de gouvernance robustes pour la gestion des fonds climat.
L’élargissement des contributeurs : un impératif pour répondre aux besoins climatiques mondiaux
Au-delà des objectifs financiers, un autre défi crucial réside dans l’élargissement de la base des contributeurs à la finance climat. La participation accrue de pays émergents, d’acteurs privés, mais aussi d’institutions financières locales dans les pays en développement, est indispensable pour réussir à lever les fonds nécessaires. Cela implique la mise en place de mécanismes financiers adaptés aux réalités locales, en intégrant les spécificités économiques et les besoins des populations vulnérables.
Ainsi, l’avenir de la finance climat mondiale réside dans une plus grande diversité des acteurs financiers, avec une coopération renforcée entre les secteurs public et privé, ainsi qu’une attention particulière aux pays et secteurs les plus vulnérables au changement climatique.
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