Le plan d’infrastructures européen

En 2020, l’Union Européenne a donné naissance au plus grand plan de relance qu’elle ait jamais financé : NextGeneration EU. Ce plan de relance européen permettra de mobiliser 750 milliards d’euros en plus des 1 074 milliards d’euros prévus pour le cadre financier pluriannuel 2021-2027 pour reconstruire l’Europe post Covid-19.

“une Europe plus verte, plus numérique et plus résiliente”

Le mot d’ordre est simple : “une Europe plus verte, plus numérique et plus résiliente”. Il s‘agit de profiter de cet effort budgétaire historique pour apporter des financements dans les secteurs jugés prioritaires par l’Union européenne.

Ce texte se propose de réaliser un état des lieux des dépenses européennes en matière d’infrastructures. Il reviendra notamment sur l’évolution des dépenses d’infrastructures, une analyse des modes de financements utilisés par les gouvernements ainsi qu’une vue sur les priorités de Next Generation EU mais aussi sur les risques d’exécution du programme de relance européen.

Evolution du niveau des dépenses publiques en infrastructures en Europe

En Europe, les dépenses publiques en infrastructures atteignaient en moyenne un peu moins de 3% du PIB en 2018, niveau très proche de celui observé aux Etats-Unis par exemple. Ce chiffre apparait en revanche plus modeste si on le compare aux chiffres observés dans certains pays asiatiques comme le Japon ou la Corée du Sud où les Etats consacrent près de 6% de leur PIB à des investissements publics.
Les dépenses d’infrastructures font partie des premiers postes impactés par les restrictions budgétaires. C’est ainsi que depuis la crise financière de 2008, nous avons assisté à une tendance décroissante des investissements publics en infrastructures en Europe qui s’est accentuée après la crise des dettes souveraines et la consolidation budgétaire qui a suivi. Ainsi, 24 des 28 pays européens ont vu leurs investissements publics exprimés en pourcentage du PIB reculer entre 2007 et 2017. A compter de 2017, les investissements publics sont néanmoins repartis à la hausse.
En Europe, sur les infrastructures comme sur beaucoup d‘autres sujets, la situation s’avère très différente d‘un pays à l’autre en fonction de la qualité du stock d’infrastructures publiques existantes et de la volonté de développer les infrastructures publiques.

Ainsi, la Suède dépense près de 5% de son PIB en 2019 pour des investissements publics tandis que l’Allemagne y consacre moins de 3%. Les pays moins développés d’Europe ont pu bénéficier de fonds européens à l’instar du Portugal où les investissements en infrastructures publiques ont culminé à plus de 5% du PIB en 2010 avant de revenir à 2% en moyenne avec la phase de consolidation budgétaire. La Roumanie a consacré à ses investissements en infrastructures plus de 6,5% de son PIB en 2008 et si cette proportion a baissé depuis, elle se situe néanmoins bien au-dessus de la moyenne européenne.

En parallèle de cette baisse de l’investissement public, les investissements privés ont également chuté en pourcentage du PIB, mais avec une plus faible ampleur, avant de se redresser ces dernières années. Cette baisse de l’investissement privé a pu résulter à la fois d’un manque de perspectives sur la demande, d’un manque de visibilité notamment en matière réglementaire dans certains secteurs où les investissements se font à très long terme (réseaux énergétiques ou de télécommunication par exemple) mais également de la difficulté à mobiliser des investisseurs privés pour des projets à profil de risque élevé.

Ces baisses conjointes des investissements public et privé qui sont passés de 22,4% du PIB en 2007 à 20,1% en 2017 pour l’Union européenne ont contribué à la constitution d’un « investment gap » qui représente l’écart entre les besoins d’investissements et ceux réellement réalisés. Dans certains cas, des investissements inférieurs à la dépréciation du capital observé sur la période ont même conduit à une baisse de la valeur des infrastructures publiques. Ce sous-investissement a également eu des effets négatifs sur la croissance potentielle et la productivité en Europe.

Quels besoins en infrastructures ?

La Banque européenne d’investissement évalue le besoin en investissement pour les infrastructures liées à l’énergie, le transport, l’eau et les télécommunications à 688 Mds € par an dans l’Union européenne. Les besoins d’investissements en infrastructures sociales (santé, éducation, logement social) sont estimés quant à eux à 142 Mds € par an. Au global, les besoins en infrastructures s’élèvent donc à environ 5% du PIB de l’Union européenne.

Selon une étude du FMI de 2014, il y a eu une priorité budgétaire donnée par les gouvernants au développement de nouvelles infrastructures sur la maintenance des anciennes au cours des 10 années précédentes. Or, il y a un réel besoin de dépenses pour la maintenance et le remplacement d’actifs anciens et devenus obsolètes mais également pour terminer des connexions inachevées que ce soit par exemple dans les réseaux de transports ou dans les réseaux électriques…