L’ Economie circulaire : Associé « développement durable » de Deloitte, cabinet à l’origine de la chaire Economie circulaire & business models durables de l’ESCP, Olivier Jan décrypte les enjeux, mais aussi les limites, des initiatives conjointes en faveur de l’économie circulaire, à l’heure où beaucoup restent à faire. Par Julie Le Bolzer
L’économie circulaire est-elle entrée dans les mœurs des entreprises ?
Avec la prise de conscience sur la nécessaire préservation de la ressource, nous voyons progressivement s’élargir les motivations en faveur de l’ économie circulaire . Dans le même temps, le nombre d’entreprises s’intéressant au sujet augmente. Cela est la suite d’un mouvement amorcé dans les années 1990. Avant cela, la gestion des déchets était surtout le sujet des pouvoirs publics et des éco-organismes. Les premières entreprises engagées en ce sens étaient essentiellement mues par les enjeux réputationnels. Celles qui affichaient une réelle volonté d’intégrer à leur stratégie leur responsabilité élargie ont commencé par chercher à comprendre ce qui se passait sur ce marché.
D’autant que, en dehors de l’Europe, cela n’était vraiment pas clair : quantité de pays n’ont pas l’équivalent européen de la responsabilité élargie des producteurs et de la connaissance que cela apporte sur le devenir des produits en fin de vie. La dynamique est partie des industries de la grande consommation, avec des coopérations sur toute la chaîne : depuis les fabricants, pour tester l’écoconception, jusqu’aux filières de collecte.
Ces coopérations s’opèrent-elles à d’autres niveaux aujourd’hui ?
Il existe de nombreux consortiums, à l’image de celui qui a été lancé par Carbios et L’Oréal, pour soutenir la première technologie enzymatique dédiée au recyclage des plastiques. Aujourd’hui, celui-ci regroupe des entreprises comme Nestlé, PepsiCo ou encore Suntory . A l’échelle internationale, nous pouvons également citer le Perfect Sorting Consortium, créé sous l’impulsion du centre néerlandais de test sur les plastiques circulaires (NTCP), où sont expérimentées des intelligences artificielles en vue d’optimiser les processus de tri. D’un consortium à l’autre, les ingrédients sont différents, mais ils ont souvent plusieurs leviers communs.
C’est un encouragement adressé au développeur de la technologie de rupture, ainsi qu’à ses potentiels investisseurs et les partenaires industriels.
L’apport de moyens en commun afin de cofinancer la R&D en fait partie. Mais leur premier impact est d’envoyer un signal fort à l’ensemble de l’écosystème. C’est un encouragement adressé au développeur de la technologie de rupture, ainsi qu’à ses potentiels investisseurs, mais surtout à tous les partenaires industriels : depuis le début de la chaîne de valeur, jusqu’à l’utilisateur final. Ensemble, les entreprises partagent, testent, mettent en œuvre, voire attestent que l’innovation est performante. L’enjeu étant d’engager ceux qui se trouvent au milieu.
Quels sont les besoins des entreprises pour accélérer en faveur de la circularité ?
Les entreprises qui nous sollicitent à ce sujet sont essentiellement des grands comptes qui questionnent leur chaîne de valeur future. Leur objectif est de pouvoir afficher demain que l’ensemble de leur circuit d’approvisionnement sera durable. Cela peut passer par la création de nouvelles filières, par de la recherche et du développement ou encore par l’identification de ces fameux consortiums.