Le 27 janvier 2023 : Le futuriste Antoine Buéno, auteur de l’effondrement du monde, donne aux lecteurs de L’Express des raisons pour garder espoir.
L’effondrement ne pourra se produire
L’apocalypse écologique serait-elle inéluctable ? L’idée gagne les esprits. De Pablo Servigne et Raphaël Stevens à Yves Cochet, on ne compte plus les livres catastrophistes. Selon une étude internationale menée par l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès en 2020, 65% des Français, 56% des Britanniques et 52% des Américains croient que “la civilisation telle que nous la connaissons actuellement va s’effondrer dans les années à venir”.
Auteur notamment de Futur, notre avenir de A à Z et conseiller au Sénat où il suit les travaux de la commission du développement durable, Antoine Buéno se situe à mi-chemin entre collapsologues et techno-optimistes. Dans L’effondrement du monde n’aura probablement pas lieu (Flammarion), le prospectiviste examine les scénarios possibles d’une catastrophe : réchauffement climatique, raréfaction des ressources, crise alimentaire, stress hydrique… Il le fait sans déni ni militantisme. “Il faut sortir de l’idéologie et du manichéisme. D’un côté, vous avez des collapsologues et survivalistes pour qui l’effondrement relève presque d’une profession de foi. De l’autre côté, des personnes qui poussent des hurlements dès qu’on prononce même le mot d'”effondrement”, que ce soient des transhumanistes croyant en la technologie, ou des libéraux plus portés sur les forces du marché, et qu’on peut rassembler sous le label de “néo-positivistes” “, explique-t-il.
D’emblée, Antoine Buéno écarte la décroissance comme solution pérenne face à la crise environnementale. Rappelant que la croissance économique a été le meilleur outil pour augmenter le niveau de vie de l’humanité, il estime que décroître volontairement n’est pas une option crédible sur le plan économique. “Concrètement, si un pays comme la France optait pour la décroissance, cela voudrait dire qu’elle n’aurait plus de moyens de financement ou de raisons d’entreprendre et d’investir. Il y aurait une fuite immédiate des capitaux, ce qui aboutirait à l’autarcie et à une catastrophe sociale. Les décroissants nous expliquent qu’on peut s’appuyer sur la redistribution. Mais moins on produit de richesses, moins on peut redistribuer.”
Reste donc le pari inverse, celui d’une croissance durable. En évaluant les différents dangers qui pèsent sur l’humanité, Antoine Buéno montre dans son exercice de futurologie à quel point le chemin est étroit, et que notre espèce n’a aucune certitude d’y arriver, surtout face à l’urgence climatique. Mais pour L’Express, il donne dix raisons de garder espoir.