Les 18 recommandations du Haut Conseil pour le Climat

Haut conseil pour le climat : Climat, santé: mieux prévenir, mieux guérir 

Commentaire de Jean-Marc Jancovici : “Alors que le pays vient de franchir la barre d’un salarié sur deux au chômage partiel dans les entreprises (ce qui signifie, en pratique, que le taux de chômage atteint actuellement 50%), le Haut conseil pour le climat rappelle lui aussi qu’il faudrait que la relance ne se fasse pas “à l’identique”, c’est à dire avec la même dépendance aux émissions de gaz à effet de serre.
Ce rapport correspond à une “autosaisine” du HCC : il ne nous a pas été demandé par le gouvernement. C’est peut-être sa conclusion la plus forte, quoi que non écrite…”

Le Haut conseil pour le climat publie un rapport spécial “CLIMAT, SANTE: MIEUX PREVENIR, MIEUX GUERIR – Accélérer la transition juste pour renforcer notre résilience aux risques sanitaires et climatiques” consacré aux enseignements à tirer de la crise sanitaire du COVID-19 et aux suites à donner pour atteindre nos objectifs vers la neutralité carbone.

La baisse radicale des émissions de gaz à effet de serre liée à la crise du COVID-19 reste marginale. Elle n’est ni durable, ni désirable, sans un changement structurel organisé mettant les enjeux climatiques au cœur des décisions post-crise sanitaire.

Pour renforcer notre résilience et nos capacités d’adaptation face aux risques sanitaires et climatiques, la réponse du Gouvernement à la crise du COVID-19 doit soutenir la transition bas-carbone juste.

Les 18 principales recommandations du Haut Conseil pour le Climat sont les suivantes :

 Des enseignements à tirer de la crise

  • Les systèmes d’alerte précoce doivent être renforcés au sein d’un cadre international fort, et la surveillance et la stratégie de gestion de crise doivent être basées sur des éléments scientifiques.
  • La résilience face aux crises multiples et simultanées doit être renforcée par des investissements cohérents avec les priorités définies dans le cadre de Sendaï 2015-2030 pour la réduction des risques de catastrophe.
  • L’indicateur de l’exposition aux risques climatiques doit être complété d’indicateurs de vulnérabilité spécifiques.
  • Ces vulnérabilités impliquent de réduire les inégalités sous-jacentes pour renforcer la résilience de l’ensemble de la population et ses capacités d’adaptation.

 Intégrer l’urgence climatique à la sortie de crise

  • Pour répondre au choc économique, social, et fi­nancier qui s’annonce, la sortie de crise et la relance doivent intégrer l’urgence climatique – diminution des émissions de gaz à e‑et de serre et adaptation aux changements inéluctables présents et à venir.
  • Il est important pour faire avancer le débat public de valoriser les avancées de la Convention citoyenne pour le climat.
  • Il faut inclure les mesures de sortie de crise dans la feuille de route climat de chaque ministre. La mise en œuvre des mesures doit être suivie et évaluée par le Conseil de défense écologique.
  • Le plan d’urgence doit incorporer les recommandations publiées par le HCC en 2019, notamment celles sur le Pacte productif, et celle sur l’évaluation, pour une gouvernance efficace et transparente.

 Les principes directeurs pour une « relance » verte

  • La « relance » devra intégrer les facteurs profonds de la situation actuelle, ce qui orientera vers des transformations profondes qui respectent les enjeux climatiques.
  • Cette « relance » doit être verte, pas grise, maximiser les co-bénéfi­ces pour le climat et les écosystèmes et ne pas verrouiller des trajectoires carbonées.
  • Les synergies entre climat, environnement et santé doivent être renforcées – lutte renforcée contre les pollutions, contre la déforestation importée, amélioration nutritionnelle des régimes alimentaires, évolution des modes de transport.

Les mesures budgétaires et fiscales à déployer

  • L’octroi de mesures budgétaires ou d’incitations ­sociales à des acteurs privés ou des collectivités devrait être clairement subordonné à l’adoption explicite de plans d’investissement et de perspectives compatibles avec la trajectoire bas-carbone et la programmation pluriannuelle de l’énergie.
  • Les investissements doivent être orientés vers l’innovation sociale comme technologique, l’efficacité énergétique, et les infrastructures résilientes favorisant les usages dé-carbonés et les solutions basées sur la santé des écosystèmes. Les secteurs structurants et porteurs des emplois de la transition à long-terme doivent être privilégiés.
  • Le faible prix du pétrole doit permettre de faciliter la reconversion des exemptions ­sociales et autres subventions aux énergies fossiles, dans les principes de la transition juste.
  • La dette doit être reconvertie vers des investissements destinés à la transition bas-carbone.
  • La réforme du système européen d’échange de quotas carbone doit être complétée par l’adoption d’un prix-plancher croissant.

La structure du rapport s’articule de la façon suivante :

1. Introduction

 2. Crise sanitaire et crise climatique, enseignements

2.1 – Ce que partagent les crises environnementales et sanitaires la science et le politique incertitude et inaction vulnérabilités et résilience le facteur aggravant des inégalités la cohésion internationale

 2.2 – Conséquences de la crise sanitaire sur le climat une baisse forcée des émissions n’est pas une baisse structurelle une crise ne chasse pas l’autre un retour de l’état et des solidarités

3. Quelles suites ?

3.1. – L’action post-crise neutralité carbone en 2050 : un cadre de référence obligatoire une relance verte, pas grise principes pour une transition

 3.2 – Rendre la reconstruction économique et sociale compatible avec la transition améliorer la résilience de la société et réduire ses vulnérabilités privilégier la dé-carbonation subordonner les mesures budgétaires et fiscales transformer plutôt que sauvegarder à tout prix et à n’importe quel coût engager dès maintenant des interventions massives dans des secteurs structurants orienter des grands travaux vers des infrastructures résilientes et bas-carbone consolider les puits de carbone enjeux de long-terme développer une recherche innovante

3.3. – Contexte financier les effets contra-cycliques : du pétrole au seqe repenser la fiscalité autour de la pollution valoriser les dettes

3.4. – Action extérieure maintenir le niveau d’ambition de la cop26, reportée en 2021 des gains rapides pour le long-terme

Découvrez le rapport complet ci-dessous :