Des actionnaires de la Banque nationale suisse ont proposé une résolution pour une prise en compte plus efficace des enjeux environnementaux. Les banques centrales amorcent une réflexion sur le sujet, mais avec prudence.
Pression sur la BNS pour une politique éco-responsable
Lors des assemblées générales, une pratique de plus en plus courante est l’émission de résolutions par des actionnaires. Ces derniers visent à encourager les entreprises à mieux intégrer les enjeux climatiques dans leurs activités. Un exemple récent concerne la Banque nationale suisse (BNS). L’une des rares banques centrales cotées en Bourse, ouvrant ainsi son capital à des investisseurs souhaitant influencer ses orientations environnementales.
Point sur les enjeux climatiques
77 actionnaires, membres de l’Alliance Climatique Suisse, dont Greenpeace, le WWF et l’ONG locale Campax, ont déposé des résolutions. Certains d’entre eux ont acheté une seule action. Étant donné leur prix élevé, à 4 090 francs suisses (4 370 euros) vendredi dernier. Les résolutions demandent explicitement à la BNS de rendre compte de l’impact de sa politique monétaire et de placement sur le respect de la limite de 1,5 degré et la préservation de la biodiversité. Ainsi que de prendre en compte les risques financiers liés au climat. Ils réclament également la création d’un conseil scientifique et la nomination d’experts en climat et environnement au sein de son organe de surveillance, le Conseil de Banque.
Stratégie d’investissement des banques centrales
La stratégie d’investissement des banques centrales est particulièrement visée. En effet, 25 % de ses réserves en dollars sont constituées d’actions d’entreprises. Dont certaines sont actives dans des secteurs fortement polluants, tels que la fracturation hydraulique pour l’extraction du pétrole de schiste. Selon la “coalition BNS”, ces investissements dans ce secteur ont une empreinte carbone de 7 millions de tonnes d’équivalent carbone.
Soit autant que les émissions de toute l’agriculture suisse. Bien que le groupement d’ONG ait peu de chances de succès lors de l’assemblée générale à venir à Berne le 26 avril. C’est le Conseil de Banque qui fixera l’ordre du jour et décidera d’accepter ou non les propositions de résolutions. La “coalition BNS” maintient la pression sur la banque centrale suisse. Elle est en retard par rapport à ses homologues en matière de prise en compte des enjeux climatiques.
Banques centrales : la BCE en tête
Parmis les banques centrales, la Banque centrale européenne (BCE), on observe une avancée significative. Sous la présidence de Christine Lagarde, la protection de l’environnement est devenue une priorité. La BCE a mis en place une série d’indicateurs pour évaluer plus précisément l’impact des défis climatiques sur le secteur financier. Elle a entamé une démarche de verdissement de ses opérations.
L’institution basée à Francfort a nettement orienté ses portefeuilles de fonds propres et ses fonds de pension vers des investissements favorables au climat. Elle a même commencé à appliquer des critères environnementaux à sa politique monétaire. Pour les réinvestissements associés à son programme d’achat « urgence pandémie » (PEPP). Elle a donné la priorité aux obligations vertes et à celles émises par des entreprises respectueuses de l’environnement. De plus, elle a ajusté le traitement des obligations fournies en garantie par les banques. Accordant une décote moins sévère aux titres émis par des entreprises engagées dans des pratiques vertueuses.
Lors d’une conférence de presse tenue mardi dernier, Frank Elderson, membre du directoire de la BCE, a évoqué la possibilité de modifier les règles relatives au portefeuille de dette d’État de la banque centrale, sans entrer dans les détails. Cependant, il a rejeté l’idée, soutenue par plusieurs ONG telles que Reclaim Finance, de fixer des taux d’intérêt plus bas pour les investissements verts.
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