Décarbonation du transport de marchandises

Décarbonation du transport

Le secteur du transport de marchandises, responsable d’une part significative des émissions de gaz à effet de serre (GES), se trouve aujourd’hui face à un défi majeur : réduire son empreinte carbone tout en maintenant son efficacité. Selon une étude menée par Sightness, spécialiste de la data logistique, et PwC France et Maghreb, les acteurs du secteur sont de plus en plus optimistes quant à la décarbonation de leurs opérations. L’enquête met en lumière les leviers mis en place, les défis à relever et l’importance de la transition énergétique pour répondre aux exigences environnementales et aux nouvelles régulations.

Un secteur en pleine mutation : l’optimisme de la décarbonation

Une des conclusions majeures de l’étude est l’optimisme des professionnels du transport de marchandises. En effet, plus de 75 % des répondants estiment que leurs entreprises atteindront les objectifs de réduction des émissions de GES du transport routier pour l’année en cours. Ce chiffre témoigne de la montée en maturité des acteurs du secteur vis-à-vis de l’objectif de décarbonation. Toutefois, bien que cette dynamique soit positive, elle reste en partie liée aux réglementations renforcées, telles que la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), et à la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux à tous les niveaux de l’industrie.

Des plans d’action concrets pour atteindre les objectifs

L’un des points forts de l’enquête est la progression des entreprises vers des actions concrètes. En 2024, 86 % des professionnels du secteur ont mis en place des plans d’action pour réduire les GES, contre seulement 49 % l’année précédente. Cette évolution rapide illustre la volonté des acteurs de se conformer aux objectifs environnementaux en intégrant des mesures concrètes. Parmi ces actions, l’utilisation de données d’activité plus fiables, notamment modélisées et réelles, devient une priorité. En effet, une approche plus précise du calcul des émissions est essentielle pour mieux comprendre et gérer les leviers de réduction, tout en optimisant les stratégies d’achat et de transport.

Un budget pour la décarbonation : encore insuffisant ?

L’étude met également en lumière un aspect crucial de cette transition énergétique : l’allocation de budget pour la décarbonation. En 2024, 44 % des entreprises allouent une part de leur budget à la décarbonation de leurs activités de transport, contre 38 % en 2023. Toutefois, les montants restent modestes, se situant généralement entre 1 % et 5 % du budget global des entreprises. Si cette démarche est prometteuse, elle doit encore être renforcée pour permettre une transformation durable à long terme.

Une gestion des coûts optimisée par la transition énergétique

La décarbonation, loin d’être un frein financier, peut s’avérer être un levier économique à part entière. En effet, comme le souligne Xavier Villetard de PwC, décarboner les opérations peut souvent conduire à une réduction des coûts. Par exemple, la densification des transports et la réduction des kilomètres parcourus permettent de dégager des économies substantielles qui peuvent être réinvesties dans des technologies plus vertes, comme l’utilisation de biocarburants, de biogaz ou encore des véhicules électriques. Cette approche permet ainsi de concilier les enjeux environnementaux et économiques, à condition d’agir rapidement et d’adopter les bonnes pratiques.

Les moteurs de la transition : les alternatives technologiques et les critères environnementaux

Parmi les leviers identifiés pour réduire les émissions de GES, la motorisation alternative émerge comme une solution clé. Selon l’enquête, 20 % des professionnels estiment que l’adoption de technologies plus propres, telles que les véhicules électriques ou hybrides, représente la solution la plus prometteuse pour la décarbonation du transport. Cependant, ces technologies nécessitent un investissement initial important, et leur adoption doit être accompagnée d’une infrastructure adéquate, notamment pour la recharge des véhicules électriques ou l’approvisionnement en biogaz.

L’intégration des critères environnementaux dans les appels d’offres

Autre tendance marquante, les critères environnementaux prennent une place croissante dans les appels d’offres, avec 96 % des répondants indiquant qu’ils prennent désormais en compte ces aspects lors de la sélection de leurs partenaires logistiques. Ce changement dans les critères de sélection reflète une prise de conscience de l’importance de l’impact environnemental du transport. Les entreprises qui adoptent des pratiques durables se distinguent ainsi sur le marché et répondent aux attentes croissantes des consommateurs, mais également des investisseurs et des régulateurs.

Les défis de la décarbonation : disponibilité des données et complexité des chaînes logistiques

Si la transition énergétique du secteur avance, elle reste confrontée à plusieurs défis majeurs. En premier lieu, la disponibilité et la fiabilité des données constituent un obstacle de taille. Sans données précises et fiables, il est difficile d’optimiser les opérations de transport et de calculer les émissions de manière adéquate. En outre, les solutions technologiques disponibles à moyen et long terme demeurent insuffisantes ou encore trop coûteuses pour de nombreuses entreprises. La complexité des chaînes logistiques représente également un frein à la décarbonation, car il devient difficile d’avoir une vision globale et cohérente des opérations, ce qui complique la mise en place de stratégies efficaces de réduction des GES.

L’urgence d’un investissement renforcé pour réussir la décarbonation

Les résultats de l’étude révèlent un secteur qui prend conscience des enjeux environnementaux et de la nécessité de réduire ses émissions. L’optimisme est palpable, mais des efforts considérables restent nécessaires pour atteindre les objectifs de décarbonation. Florence Mazaud, de Sightness, souligne que pour réussir cette transition, les entreprises doivent être plus ambitieuses dans l’allocation de leurs budgets et dans l’adoption de technologies vertes. Le chemin reste semé d’embûches, mais les acteurs du secteur semblent de plus en plus conscients de la nécessité de se transformer, à la fois pour répondre aux exigences réglementaires et pour pérenniser leur modèle économique dans un monde en mutation.

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