- S’il faut écarter, à ce stade, le scénario d’une rupture récessionniste, l’environnement macroéconomique n’en reste pas moins exposé à l’intensification des tensions commerciales sino-américaines. Pour contrebalancer les risques à la baisse sur la croissance, les politiques économiques (singulièrement les politiques monétaires) devront être plus accommodantes.
- Entre incertitudes géopolitiques, révision baissière des perspectives de croissance économique et maintien de politiques monétaires ultra-accommodante, l’équipe de Groupama AM privilégie notamment les actions à « forte visibilité » et les actifs de portage, selon une approche hautement sélective et diversifiée.
Sur le plan des fondamentaux, le cycle économique reste soutenu par une consommation toujours aussi robuste et stable qui contribue à la croissance (en voie de décélération) du PIB mondial. « Nous ne constatons toujours pas de signaux pré-récessionnistes. La consommation des ménages est en avance sur la production et l’investissement, pour lesquels nous n’observons pas de situation d’excès, souvent annonciatrice de récession économique » analyse Christophe Morel, Chef économiste de Groupama Asset Management.
Sensibilité au conflit commercial sino-américain, vulnérabilité aux évolutions financières : vers une révision à la baisse des perspectives de croissance économique
En revanche, la persistance du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine constitue un puissant facteur d’incertitude et d’instabilité pour l’environnement macroéconomique. « Aujourd’hui, la conjoncture est encore bien orientée. Mais les incertitudes géopolitiques et commerciales à l’échelle internationale pourraient modifier les comportements économiques dans les trimestres à venir. Nous commençons d’ailleurs à percevoir un affaissement, sans rupture, de certains indicateurs dans les enquêtes conjoncturelles ».
L’érosion de la confiance des agents économiques est la traduction directe des inquiétudes relatives au conflit sino-américain, dont les ressorts sont éminemment structurels et de long terme. « La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine doit être analysée bien au-delà du mandat présidentiel de Donald Trump, dont le mode d’action politique se caractérise par la réversibilité des décisions et des signatures d’accords. La question commerciale entre les deux pays est l’expression d’un enjeu plus fondamental, celui du leadership économique mondial qui passe notamment par le transfert de l’intelligence économique et technologique » précisent Christophe Morel et Gaëlle Malléjac, Directrice des investissements – gestions actives.
Dans ces conditions, la probabilité d’une révision à la baisse des perspectives de croissance est renforcée. D’autant que l’activité économique est, par ailleurs, vulnérable aux évolutions financières. « Cela s’est vu notamment en début d’année, quand la consommation américaine a réagi négativement à la baisse des marchés actions de décembre 2018 » illustre Christophe Morel. La corrélation entre évolutions financières et risques macroéconomiques a conduit les banques centrales à un véritable virage dans leur politique monétaire, abandonnant l’idée d’un resserrement au profit du maintien de conditions monétaires ultra-accommodantes.
« En outre, les banques centrales cherchent à juguler la baisse des anticipations d’inflation, un risque majeur à leurs yeux pour la demande et l’activité économique »ajoute-t-il.
Stratégie d’investissement : la sélectivité des titres est cruciale, plus que jamais
La recrudescence des incertitudes associée à la décélération de la croissance et aux mesures des banques centrales, militent en faveur du maintien de taux d’intérêt extraordinairement bas. « Les banques centrales vont continuer à ‘pressuriser’ les taux d’intérêt. Nous anticipons deux baisses des taux directeurs de la Réserve fédérale, amenant les Fed Funds à 2% d’ici la fin de l’année » affirment Christophe Morel et Gaëlle Malléjac. De son côté, Mario Draghi a confirmé au mois de juin que la BCE n’hésiterait pas à assouplir davantage sa politique monétaire, si les conditions le nécessitaient.
Sur les marchés obligataires, l’équipe de Groupama AM favorise les stratégies de portage sur les segments des obligations souveraines libellées en devise forte, des obligations d’entreprises Investment-Grade et High Yield. « Nous identifions quelques émissions obligataires au couple rendement-risque attrayant, notamment sur les obligations souveraines européennes dites périphériques. Nous cherchons également à générer de la performance sur la partie longue des dettes crédit, des obligations subordonnées financières et corporate » explique Gaëlle Malléjac.
Concernant les marchés boursiers, les perspectives de valorisation resteront sensibles à deux catalyseurs opposés, les conséquences de la guerre commerciale d’une part, le soutien aux actifs risqués apporté par les banques centrales d’autre part. « Compte tenu de ces forces contradictoires à l’œuvre et alors que la croissance bénéficiaire des entreprises s’avère modeste, l’orientation des marchés actions devrait continuer à manquer de tendance. Un tel environnement, entre incertitudes, faible croissance économique et réactivité des banques centrales devrait être surtout favorable aux actifs de rendement » estime-t-elle.
L’équipe de Groupama AM privilégie ainsi les titres à forte visibilité (des résultats et du business-model) à long terme, identifiés dans l’univers des actions plus « défensives ».
Un autre thème est jugé attractif : les actions de sociétés orientées vers des tendances structurelles, capables de profiter de gains de productivité, d’innovations technologiques ou d’évolutions sociétales, notamment en matière de consommation.
« En conclusion, nous estimons qu’il faut rester prudent à l’égard de la re-corrélation entre les risques des marchés de taux et ceux des marchés actions, mais aussi à l’égard de la raréfaction de la liquidité de marché. Ces aspects justifient plus que jamais un haut degré de sélectivité et de diversification, quelles que soient les classes d’actifs » affirme Gaëlle Malléjac.